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Justice sociale
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chronique du 16 octobre 2009
 

Le Canada se militarise dangereusement

Si les gouvernements dits démocratiques doivent travailler au bien commun, comment se fait-il que le Canada est, parmi les pays riches, celui qui s'occupe le moins bien de ses citoyens pauvres, d’après le rapport des Nations Unies? Les députés à Ottawa comme à Québec ont voté des lois pour éliminer la pauvreté, mais celle-ci a continué d’augmenter dramatiquement dans les récentes périodes de prospérité. Par contre on est entré en guerre en Afghanistan et augmenté le budget militaire en investissant des milliards. Les dépenses militaires constituent quatre fois plus que les sommes attribuées à l’aide internationale; et le pays qui a reçu l’aide la plus massive est l’Afghanistan et les résultats sont catastrophiques!

     Malgré le fait que le retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan soit prévu pour 2011, le gouvernement Harper, en pleine crise économique, proposait en juin 2009 d’augmenter les dépenses militaires automatiquement pendant 20 ans afin d’atteindre un niveau de plus de $30 milliards par année. Aucune menace extérieure ne justifie un tel investissement, seule l’industrie militaire canadienne trouve son intérêt à de tels plans. En 2007, les dépenses fédérales se répartissaient ainsi : pour la  Défense 71%, pour le Développement 20%, et pour la Diplomatie 9%. Le Canada se militarise dangereusement et hypothèque l’avenir en négligeant ses obligations sociales au profit des grands producteurs d’armes. Cela est aberrant. Nous nous devons de résister.

pdfStratégie de défense : le Canada d’abord (PDF ; 4,1 Mo)

« Au cours des 20 prochaines années, ces fonds additionnels feront passer le budget annuel du ministère de la Défense nationale de 18 milliards de dollars en 2008-2009 à plus de 30 milliards en 2027-2028. Au total, le gouvernement prévoit investir près de 490 milliards de dollars en défense au cours de cette période. » (document du ministère de la Défense nationale du Canada)

Texte biblique : Les Israélites demandent un roi

     Quand Samuel fut devenu vieux, il plaça ses fils à la tête du peuple d'Israël. Son fils aîné s'appelait Joël et le second Abia. Ils s'installèrent à Berchéba pour y rendre la justice. Mais ils ne suivirent pas l'exemple de leur père. Attirés par l'argent, ils acceptaient des cadeaux et prononçaient des jugements injustes. C'est pourquoi les anciens d'Israël se réunirent et se rendirent chez Samuel à Rama; ils lui déclarèrent : « Vois-tu, Samuel, tu es vieux, et tes fils ne suivent pas ton exemple. Désigne donc un roi pour nous gouverner, comme cela se fait chez tous les autres peuples. » Samuel fut très mécontent qu'ils aient demandé un roi et il se mit à prier le Seigneur. Le Seigneur lui répondit : « Écoute les Israélites, accepte leurs revendications. En effet, ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi! Ils ne veulent plus que je sois leur roi. Depuis le jour où je les ai fait sortir d'Égypte jusqu'à maintenant, ils n'ont pas cessé de m'abandonner pour adorer d'autres dieux ; ce qu'ils ont ainsi fait avec moi, ils vont maintenant le faire avec toi aussi. C'est pourquoi, accepte leurs revendications ; seulement, avertis-les solennellement et indique-leur quels seront les droits du roi qui régnera sur eux. Samuel rapporta les paroles du Seigneur à ceux qui lui avaient demandé un roi :

« Sachez quels seront les droits du roi qui régnera sur vous : Il prendra parmi vos fils des soldats pour conduire ses chars de guerre, pour monter ses chevaux, ou pour courir devant son propre char; certains auront à commander un régiment ou une compagnie. Il en prendra d'autres pour labourer ses champs et rentrer ses moissons, ou pour lui fabriquer des armes et des équipements de chars. Il prendra aussi vos filles comme parfumeuses, cuisinières ou boulangères. Il s'appropriera les meilleurs de vos champs, de vos vignes ou de vos plantations d'oliviers et les donnera à ses officiers ; il prélèvera sur les produits de vos champs et de vos vignes une redevance de dix pour cent, qu'il donnera à ses fonctionnaires et à ses officiers. Il réquisitionnera vos serviteurs et vos servantes, les plus forts de vos jeunes gens, et même vos ânes, pour travailler à son service. Il prélèvera une bête sur dix dans vos troupeaux de moutons et de chèvres. En un mot, vous serez ses esclaves. Alors vous vous plaindrez au Seigneur à cause du roi que vous vous serez choisi, mais il ne vous répondra pas. »

     Les Israélites refusèrent de tenir compte des paroles de Samuel et déclarèrent : « Tant pis, nous voulons quand même un roi, pour être comme tous les autres peuples. Nous voulons un roi qui rende la justice parmi nous, qui marche à la tête de notre armée et qui combatte avec nous. » Samuel écouta tout ce que disaient les Israélites et le rapporta au Seigneur. Le Seigneur lui répondit : « Accorde-leur ce qu'ils te demandent : donne-leur un roi. » Après cela, Samuel invita les Israélites à retourner chez eux.

Commentaire : La pauvreté est la plus grande menace à la sécurité dans le monde!

     Au temps de Samuel, un peu avant l’an mille de l’ère préchrétienne, le petit territoire d’Israël avait fonctionné durant plus de deux siècles sur la base d’une confédération de tribus unies entre elles par un pacte renouvelé périodiquement. Dans ces tribus, la terre était possédée en commun et on la cultivait pour s’alimenter. Les paysans ne payaient d’impôts à aucun chef, ils n’étaient pas astreints au service militaire et prenaient les décisions les concernant en assemblée générale. En cas de menace extérieure, on forgeait les charrues que l’on transformait en épées et on faisait face à l’ennemi; puis après la victoire, on fabriquait des charrues avec les épées. Les tribus avaient une obligation de solidarité entre elles dans les périodes de disette ou de guerre.

     Quand, pour des raisons de nécessité historique David, puis Salomon organisèrent un État centralisateur pour défendre la sécurité du territoire menacée par les Philistins, les prophètes considérèrent cela comme une infidélité à l’Alliance. Car Dieu avait libéré son peuple de l’esclavage d’Égypte et maintenant, prétendaient-ils, ce même peuple voulait se soumettre à une nouvelle servitude. La période des tribus était perçue comme un âge d’or où le peuple n’avait pas vécu d’oppression. Aussi quand Samuel se voit forcé de nommer un roi, bien contre ses principes, il prévient le peuple des conséquences de son choix: service militaire obligatoire, expropriations, servage dans les champs, esclavage dans les fabriques d’armes, asservissement des femmes, prélèvements de taxes et d’impôts exorbitants au profit de la classe dominante.

     Les abus ne tarderont pas à se produire. Si Salomon fut un roi sage au début de son règne de 40 ans, sa prospérité économique, due aux alliances matrimoniales qu’il fit avec ses puissants voisins les Égyptiens et les Phéniciens entre autres, lui firent tourner la tête. Il se lança dans une politique de militarisation : « Salomon possédait quatre mille écuries pour ses chevaux et ses chars. Et douze mille chevaux, qu’il cantonna dans les villes de chars, ainsi qu’à Jérusalem, non loin du roi. Sa poigne s’étendait sur tous les monarques qui régnaient depuis le Fleuve jusqu’au territoire des Philistins et jusqu’à la frontière égyptienne. » (2 Chroniques 9, 25) Cette militarisation à outrance allait vider les campagnes des jeunes paysans recrutés, forces vives de la production agricole. Elle allait mettre une très grande pression sur le reste des forces paysannes qui devront travailler davantage pour payer en espèces et en travail forcé les prélèvements royaux démesurés exigés pour financer une puissante armée. Il en résulta une forte oppression et la marginalisation sociale des travailleurs de la terre.

« Alors Salomon n’est plus intègre avec Yhwh comme l’a été David, son père. Salomon agit mal aux yeux de Yhwh et n’est pas pleinement fidèle à Yhwh comme l’a été David son père. » (1 Rois 11, 4-6) En effet, lorsque le fils de Salomon prend la succession, les dix tribus d’Israël viennent lui présenter leurs doléances : « Ton père avait alourdi notre joug, disent-ils à Roboam. Toi, maintenant, allège le dur servage, le joug pesant de ton père nous a imposé, et nous te servirons. » (1 Rois, 12, 4)

     Ces histoires anciennes ont pour but d’éclairer notre chemin collectif. Elles recèlent une sagesse de gouvernement dont on ne peut s’éloigner sans risquer la catastrophe. Le roi d’Israël a toujours prétendu être le défenseur de la veuve et de l’orphelin, mais dans la pratique presque tous se sont éloignés de leur rôle de protection sociale et ont pris le chemin des autres peuples, celui de la militarisation.

     Aujourd’hui, nous prétendons exporter notre système démocratique dans des pays sous occupation militaire et en pleine guerre civile en leur imposant des élections, tout en exigeant que les dirigeants élus seront favorables aux intérêts de l’Occident. La course aux armements est reprise de plus belle pour assurer aux pays riches un libre accès aux ressources fossiles et minières indispensables à l’économie de marché.

     Comme le grand Salomon,  aurions-nous perdu la sagesse?  Qu’en est-il de notre idéal démocratique défini par Lincoln comme « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple »? Ne serions-nous pas en droit d’attendre d’un gouvernement démocratique qu’il prenne des décisions pour le bien commun de tout un peuple? Ce n’est pourtant pas le cas.

     Lors du Congrès constitutionnel de Philadelphie présidé par George Washington en 1787, James Madison, l’un des principaux idéologues, écrivait sans ambigüité que le pouvoir de l’État devait servir à « protéger la minorité des opulents contre la majorité ». Depuis lors, on n’a jamais dévié de cette consigne. Le vice-président Dick Cheney à qui l’on demandait pourquoi il supportait le prolongement de la guerre en Irak alors que la population y était fortement opposée, répliqua simplement : « And so? Et après? »

     Aujourd’hui la pauvreté et l’exclusion sociale sont les plus grandes menaces à notre sécurité et à la paix mondiale. La lutte à la pauvreté doit être la première priorité du gouvernement du Canada. Éliminons le gaspillage de ces dépenses militaires exorbitantes!

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Crise sociale : pour qui fonctionne l’économie ?

 

 

 

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