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Justice sociale
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chronique du 18 décembre 2009
 

Copenhague : pouvons-nous encore sauver le monde?

Le Canada a reçu plusieurs prix fossiles au Sommet des Nations unies sur le climat en raison des positions du ministre de l’Environnement Jim Prentice, qui refuse de suivre la « vague Copenhague ». Steven Guilbeault, représentant d’Équiterre commente :

Jim Prentice a soutenu que le Canada n’allait pas se laisser influencer par la vague Copenhague. Pourtant, s’il y a bien un pays qui aurait besoin d’être emporté par cette vague, c’est bien le Canada. Le Canada a l’un des pires bilans en matière de lutte aux changements climatiques et une des pires positions de négociation. De rester campé ainsi sur ces positions, c’est extrêmement arrogant. Depuis des années, le Canada utilise l’excuse des pays émergents qui ne s’impliquent pas pour ne pas s’impliquer lui-même. Aujourd’hui, l’Afrique du Sud a annoncé ses cibles, après la Chine, le Brésil et l’Inde. Tous ces pays s’impliquent. Et pendant ce temps, le Canada reste assis à ne rien faire. C’est le seul pays qui est resté campé sur ses positions. Et il devient, ce faisant, de plus en plus isolé.

     Ignacio Ramonet, dans un texte publié dans le Monde Diplomatique, va dans le même sens :

Si des mesures urgentes ne sont pas adoptées, la température moyenne de la planète augmentera d’au moins 4°C, ce qui bouleversera la face de la Terre. Les pôles et les glaciers fondront, le niveau des océans s’élèvera, les mers inonderont les deltas et les villes côtières, des archipels entiers seront rayés de la carte, les sécheresses s’intensifieront, la désertification s’étendra, le nombre d’ouragans et de typhons dévastateurs explosera, des centaines d’espèces animales disparaîtront.

Les victimes principales de ces tragédies climatiques seront les populations déjà vulnérables de l’Afrique sub-saharienne, d’Asie du sud et du sud-est, d’Amérique latine et des pays insulaires équatoriaux. Dans certaines régions, les récoltes pourraient diminuer de plus de moitié et le déficit d’eau douce s’aggraver ce qui poussera des centaines de millions de « réfugiés climatiques » à rechercher à tout prix une terre d’accueil dans des zones moins touchées... Les « guerres climatiques » se multiplieront...

Les rois mages

Un mur qui sépare et isole les peuples.

Texte biblique : Évangile de Matthieu, chapitres 1 et 2

La naissance de Jésus eut lieu à Bethléem, en Judée, sous le règne d’Hérode. Un jour, des astrologues vinrent d’Orient jusqu’à Jérusalem. Ils demandèrent : Où est le nouveau-né, le roi des Juifs? À l’est, nous avons aperçu son étoile et nous venons nous prosterner devant lui.

Ces mots troublèrent le roi Hérode, et tout Jérusalem avec lui. Le roi réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple pour les interroger. Où le christ doit-il naître? demandait-il. Et on lui répondait : À Bethléem, en Judée…

Hérode fit venir en secret les astrologues pour se faire préciser le moment où l’étoile leur était apparue. Puis il les envoya a Bethléem. Partez, leur dit-il, tâchez de connaître l’endroit exact où se trouve l’enfant. Quand vous serez fixés, revenez me voir. Je veux moi aussi me prosterner devant lui.

Après avoir entendu les paroles du roi, les astrologues se mirent en route. L’étoile aperçue en Orient allait devant, ils la suivaient. Elle s’immobilisa : toute en bas se trouvait le petit enfant. La vue de l’étoile les transporte de joie. Ils entrent dans la maison, voient l’enfant, avec Marie, sa mère. Ils se prosternent, lui rendent hommage. Ils ouvrent les trésors apportés et lui en font cadeau. Or, encens et myrrhe : c’est pour lui…

Commentaire

     Dans la Genèse, l’Énergie divine, le Verbe, se déploie sur le chaos primitif en faisant apparaître la lumière, puis en organisant le monde jour après jour sur les deux piliers de la justice et de la droiture. Nous sommes ici dans le monde de la poésie  qui rêve de faire de la terre un paradis, un havre d’harmonie. Dans son récit de Noël, Matthieu décrit l’émergence d’une nouvelle création et commence ainsi  son évangile : Livre de la genèse de Jésus. L’espoir d’un nouveau monde apparaît.

Noël, ça arrive la nuit

     La nuit, c’est le chaos : « la terre était tohu-bohu, une ténèbre sur les faces de l’abîme » (Genèse 1,2) Les prophéties des savants nous préviennent qu’il reste peu de temps pour éviter une catastrophe écologique irréversible; loin d’être des sages, les dirigeants les plus puissants empêchent de couronner les discussions par des actions efficaces et énergiques. Ils tergiversent en refusant de renoncer à leurs intérêts mesquins immédiats.

     C’est la nuit en Afghanistan, en Irak, en Tchétchénie, en Colombie, en Haïti, à Gaza et dans la terre occupée et violée de Palestine, au Kivu du Congo où multinationales minières, empires économiques et groupes délinquants violent les femmes, tuent les paysans, rasent des villages. C’est la nuit des gaz à effet de serre, de la pollution des océans, de la famine généralisée, du manque d’eau potable et du chômage endémique. Oui, vraiment, notre terre est tohu-bohu! Aujourd’hui encore Hérode continue de massacrer des innocents pour sauver sa couronne. Éric Fromm sur son lit de mort demandait à un ami : « Pourquoi la race humaine préfère-t-elle la nécrophilie à la biophilie? Autrement dit, pourquoi préférons-nous l’amour de la mort à l’amour de la vie? »

     Le chaos du monde est décrit par Matthieu à travers une liste de quarante-deux générations qui vont d’Abraham à Joseph, l’époux de Marie, une histoire humaine remplie de vie et de grâce aussi bien que de mort et d’égarements, d’errements et d’exils. Une histoire patriarcale que des femmes attachées à la vie ont perpétuées avec ruse et intelligence par fidélité au Dieu vivant : Thamar, l’incestuée, Rahab, la prostituée, la femme d’Urie que David avait ravie en tuant son mari, et la dernière, Marie de Nazareth, enceinte hors mariage, elles ont toutes permis à l’humanité de continuer à avancer en dehors des normes dominantes. Grâce à ces femmes, l’arrivée du messie est rendue possible.

Sainte nuit !

     Sainte nuit que cette nuit chaotique, parce qu’un monde nouveau apparaît avec un premier couple, comme dans la Genèse. Mais cette fois-ci l’homme et la femme, contrairement à Adam et Ève, obéissent à Dieu; Matthieu souligne que Joseph est un homme juste. La nouvelle humanité sera assoiffée et affamée de justice. Des Joseph et des Marie, le monde en est plein : des personnes qui rêvent d’un monde autre et qui consacrent leur vie à la compassion, à la justice sociale, à la protection de la vie et de notre planète. Ces gens croient que l’on peut rebâtir un monde nouveau après un génocide, une guerre destructrice, une famine, une crise économique. Selon les mots du poète Miron, « et d’avoir pris en haine toutes les servitudes, nous serons devenus des bêtes féroces de l’espoir ».

     Sainte nuit où Dieu nous parle au plus intime de nos rêves, un Dieu enfoui dans les profondeurs du psychisme, plus intime à nous que nous-mêmes. Dans son sommeil, Joseph rêve de voir cet enfant libérer son peuple par le souffle de Dieu. « Il faut fondamentalement considérer l’homme autrement que comme seulement « né de la terre… Nous sommes les enfants de la lumière et du vent, nés libres, traversés par le souffle de l’Esprit, êtres illuminés par la conscience sans limites, proches du mystère invisible du ciel, l’être le plus sublime en ‘substance’ qui ait pu apparaître sur terre. »

Le miracle de Noël

     Sainte nuit où une étoile apparaît dans ce ciel nouveau pour guider les pas des chercheurs d’une terre nouvelle. Ces riches astrologues venus du bout du monde entreprennent un long cheminement en marchant à l’étoile, en s’immobilisant parfois longtemps lorsque cette lumière disparait, des chercheurs de Dieu, qui avancent à la recherche de la lumière, de la sagesse.

     Où l’étoile les mène-t-elle? À la maison d’une mère et son tout-petit, où, grands de ce monde, les hommes entrent, s’agenouillent devant le petit né de la femme, s’inclinant devant cette vie nouvelle et ouvrant leurs trésors : tout est pour lui! Voilà le grand miracle de Noël; dans la maison de Jésus, les grands s’abaissent et se mettent au service du plus petit en se dépouillant de la richesse de leur or, en renonçant à l’encens de leur pouvoir et aux parfums de leur réputation.

     Les puissants de ce monde devraient se laisser inspirer par ces textes quand ils se réunissent pour décider du sort de la planète; aurons-nous la chance d’avoir des sages s’incliner devant les enfants pauvres et reconnaître en ces tout-petits les rois du monde futur. Pouvons-nous encore sauver le monde? Bien sûr que oui.

« Le peuple qui traîne dans les ténèbres a vu une grande lumière, elle a resplendi sur lui, il s’est baigné dans la lumière » (Isaïe, 9,1) Joyeux Noël !

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Les murs qu’il reste à abattre

 

 

 

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