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Justice sociale
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chronique du 19 février 2010
 

Appui à la souveraineté alimentaire
Un appel à l’action de Développement et Paix

Souveraineté alimentaire

Image © Courtoisie de Développement et Paix

Comme le Canada se prépare à accueillir la rencontre du G8 en juin 2010, c’est l’occasion pour les Canadiens et les Canadiennes de demander à leur gouvernement d’appuyer la souveraineté alimentaire et les petits agriculteurs dans les pays du Sud.

     Dans les années 60, le surplus du commerce des produits agricoles des pays du Sud se chiffrait à sept milliards de dollars américains par an. Aujourd’hui, 75% de ces pays sont des importateurs nets de produits alimentaires. Ce changement peut être attribué en grande partie aux politiques de prêts et de commerce des pays du G8.
           
     Le G8 regroupe actuellement les dirigeants des pays les plus riches, les plus développés et les plus puissants du monde (États-Unis, Royaume-Uni, France, Allemagne, Canada, Japon, Italie et Russie. Ces pays doivent reconnaître le tort que leurs cibles et leurs subventions pour les agrocarburants causent aux populations des pays du Sud. Selon l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production d’agrocarburants menace le droit à l’alimentation d’au moins trois façons :

  • en faisant augmenter le prix des aliments,
  • en augmentant la concentration de la terre et donc en privant les petits agriculteurs et les paysans sans terre des moyens d’existence dont ils ont besoin.
  • en causant des problèmes environnementaux.

     Les populations locales sont chassées de leurs terres pour faire place aux cultures pour les agrocarburants qui occupent de plus en plus d’espace dans le monde entier, qui menacent de détruire leurs cultures en les obligeant à vivre dans des grandes villes. En Indonésie, selon l’ONU, cinq millions de personnes risquent d’être déplacées à cause de l’expansion des cultures pour les agrocarburants.

     Une façon simple pour le Canada et les pays du G8 d’appuyer les petits agriculteurs dans les pays du Sud consiste à réduire, voire à éliminer, tout appui et toute subvention des gouvernements pour les agrocarburants.

Développement et Paix

Agissez contre la faim dans le monde
woeijfwoeijfEnvoyez une carte au premier ministre Harper qui recevra le G8 en juin.

Texte biblique : Lévitique 25 ou l'année de la libération

Vous laisserez s'écouler sept périodes de sept ans, soit quarante-neuf ans. Ensuite, le dixième jour du septième mois, le grand jour du pardon des péchés, vous ferez retentir dans tout le pays une sonnerie de trompette accompagnée d'une ovation. De cette manière vous manifesterez que la cinquantième année est consacrée à Dieu, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays. Cette année portera le nom de Jubilé. À cette occasion, chacun d'entre vous pourra rentrer en possession de ses terres et regagner sa famille. C'est ainsi que vous célébrerez tous les cinquante ans l'année du Jubilé…

Lors de l'année du « Jubilé », chacun de vous pourra rentrer en possession de ses terres. Si vous achetez ou vendez du terrain à un compatriote, ne lui causez pas du tort…

Manifestez votre respect envers moi, le Seigneur votre Dieu, en ne causant aucun tort à votre compatriote. Mettez en pratique mes lois et prenez bien soin d'observer les règles qui viennent de moi ; alors vous habiterez en sécurité dans ce pays. La terre donnera des récoltes assez abondantes pour vous nourrir, et vous pourrez y vivre sans soucis.

Une terre ne pourra jamais être vendue de manière définitive, car la terre m'appartient, à moi, le Seigneur, et vous serez comme des étrangers ou des hôtes résidant dans mon pays. C'est pourquoi, dans tout le pays que je vous donnerai, vous fixerez les règles permettant à quelqu'un de racheter une de ses terres.

(Lire le chapitre)

La terre est un don pour la vie des peuples, non pas une marchandise

souveraineté alimentaire

Image © Courtoisie de Développement et Paix

     La terre est le thème central de la foi biblique; elle est promesse pour les sans-terres comme Abraham et ses gens, promesse pour les esclaves en Égypte qui mangent un pain d’amertume fournissant des efforts considérables pour faire vivre leurs maîtres. La terre est un don de Dieu et nous n’en sommes que des hôtes résidants. Le lien qui relie un paysan à sa terre ne devrait jamais être rompu définitivement; il doit pouvoir récupérer son lopin pour y vivre en paix avec sa famille.

     Moïse a donné à son peuple une législation d’une grande sagesse pour s’assurer que les paysans de son peuple ne soient pas dépouillés de la terre définitivement et qu’ils puissent voir leurs dettes pardonnées et leur terre récupérée.

     Développement et Paix nous rappelle en ce carême que la crise alimentaire actuelle touche un habitant de la planète sur six. Les politiques agricoles internationales ont favorisé durant des années le développement, dans les pays du Sud, d’une agriculture d’exportation aux dépens d’une agriculture vivrière pouvant assurer la souveraineté alimentaire des populations. Le résultat est que les pays qui vivaient d’agriculture doivent maintenant importer la majeure partie de leur nourriture achetée à grand frais sur les marchés mondiaux. Par exemple, la palme africaine occupe déjà plus de dix millions d’hectares en Indonésie, superficie développée en rasant les forêts dont la biodiversité est perdue à jamais, et cela pour produire du diésel pour les moteurs.

     La terre doit être cultivée pour la vie des peuples, non pas pour produire du carburant. La souveraineté alimentaire, qui privilégie l’agriculture communautaire à petite échelle et les produits cultivés pour les marchés locaux, est une approche élaborée par les petits exploitants agricoles des pays du Sud. Elle vise notamment à combler les besoins locaux d’une manière écologiquement viable et appuie les petits exploitants.

     Dans un monde qui produit assez de nourriture pour que chaque homme, chaque femme et chaque enfant puisse obtenir tous les jours une alimentation saine, 860 millions de personnes n’ont pas assez à manger pour mener une vie productive. Cent millions d’autres pourraient bientôt s’ajouter à ce nombre. C’est scandaleux!

     Il faut prioriser partout la production locale et la mise en avant d’une agriculture paysanne et familiale et donner à ceux et celles qui produisent les aliments l’usage et la gestion des terres, territoires, eaux, semences, bétail et biodiversité. Sur tous les continents surgissent des mouvements paysans qui revendiquent ces droits.

     Nous sommes ici au cœur même de la foi biblique. Dans le texte programmatique de Jésus en Matthieu, il se réfère à tous ceux et celles qui sont bafoués dans leur droit à la terre. L’auteur juif André Chouraqui traduit ainsi les béatitudes :

« En marche, les humiliés du souffle! Oui, le royaume des ciels est à eux!
En marche les endeuillés! Oui, ils seront réconfortés!
En marche les humbles! Oui, ils HÉRITERONT LA TERRE!
En marche les affamés et assoiffés de justice! Oui, ils seront rassasiés! » Mt 5,1-6

     C’est ainsi que Jésus proclame l’année de libération, le Jubilé, l’année de grâce. Les gens qui sont invités à se mettre en marche, ce sont les paysans pauvres, à bout de souffle, dépossédés de leurs terres en Galilée, que l’on retrouve dans les paraboles attendant qu’un maître avare les engage pour un travail de journalier en plein soleil, sans même valoriser leurs efforts. Et malheur à celui qui ose élever la voix pour dénoncer l’injustice!

     Quand, dans la synagogue de Nazareth, Jésus proclame l’année du jubilé en commentant le texte d’Isaïe « pour renvoyer libres les opprimés et proclamer une année de grâce par Yahvé » en ajoutant « aujourd’hui, cet écrit s’est accompli » (Lc 4,21), sa parole a le même effet que lorsqu’il entre en catastrophe dans le sanctuaire en culbutant les banquiers et les changeurs. Il annonce ses couleurs : « Il fait descendre les puissants des trônes, mais relève les humbles; il remplit de biens les affamés, et les riches, il les renvoie, vides. » (Lc 1,52) Il sera exécuté.

     Tout dans le message de Jésus est centré sur la libération de la paysannerie, sur le droit à la terre et à la nourriture. C’est la volonté de Dieu de donner la terre à ses pauvres qui en sont spoliés. D’ailleurs la prière que Jésus nous enseigne consiste à demander pour tous le pain de chaque jour, la remise des dettes prescrite par le Lévitique tous les sept ans et de nous délivrer du criminel. Nous avons préféré une traduction moins dérangeante et plus abstraite parlant de péchés et de mal. Écoutons Amos, un prophète paysan comme Jésus nous parler des criminels : « Écoutez donc ceci, vous qui piétinez le pauvre, vous faites chômer les humiliés de la terre. Vous diminuez la mesure, vous falsifiez les poids, vous faussez la balance. Vous vendez à vos clients jusqu'aux déchets de votre blé. Vous récupérez comme esclaves des malheureux pour un peu d'argent qu'ils n'ont pu rembourser, des pauvres pour une paire de sandales ».

     Disciples de Jésus, nous sommes aujourd’hui interpellés par ces paroles prophétiques très concrètes. Les problèmes dénoncés par Jésus, les rêves qu’il a rêvé avec les siens sont d’une actualité criante. À l’œuvre et vite, ça presse!

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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Haïti va s’en sortir…

 

 

 

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