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Justice sociale
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chronique du 27 mai 2011

 

« Indigne-toi ! »
Le printemps arabe débarque en Europe

Développement et Paix

(photo @ AFP)

Les places espagnoles se sont à nouveau remplies hier par des milliers de personnes indignées contre le système politique, la crise économique et l'attitude de banquiers et dirigeants des grandes multinationales qui continuent de gagner de l'argent à flots tandis qu'autour d'eux grandit le chômage et se détériore l'état-providence… Tandis que la place madrilène de la Puerta del Sol a recommencé à déborder de monde, c'est dans les villes moyennes, comme Valence, Séville ou Bilbao, où l'a le plus vu la croissance exponentielle de la protestation.

Source : « Le printemps espagnol éclate » par Oscar Guisoni (25 mai 2011).

Jésus entre à Jérusalem : Marc 11

Ils arrivèrent ensuite à Jérusalem. Jésus entra dans le temple et se mit à chasser ceux qui vendaient ou qui achetaient à cet endroit; il renversa les tables des changeurs d'argent et les sièges des vendeurs de pigeons, et il ne laissait personne transporter un objet à travers le temple. Puis il leur enseigna ceci : « Dans les Écritures, Dieu déclare : "On appellera ma maison maison de prière pour tous les peuples." Mais vous, ajouta-t-il, vous en avez fait une caverne de voleurs! » Les chefs des prêtres et les maîtres de la loi apprirent cela et ils cherchaient un moyen de faire mourir Jésus; en effet, ils avaient peur de lui, parce que toute la foule était impressionnée par son enseignement. Le soir venu, Jésus et ses disciples sortirent de la ville.

Tôt le lendemain, tandis qu'ils passaient le long du chemin, ils virent le figuier : il était complètement sec jusqu'aux racines.  Pierre se rappela ce qui était arrivé et dit à Jésus : « Maître, regarde, le figuier que tu as maudit est devenu tout sec. » Jésus dit alors à ses disciples : « Je vous le déclare, c'est la vérité : Ayez foi en Dieu ! Si quelqu'un dit à cette montagne : « Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer », et s'il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela arrivera pour lui. Et quand vous êtes debout pour prier, si vous avez quelque chose contre quelqu'un, pardonnez-lui, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi le mal que vous avez fait.

Réflexion

     Le mouvement de Jésus était constitué de personnes indignées par l’oppression fiscale, la tyrannie politique et l’exclusion sociale des grandes majorités. De son vivant, il n’était pas question pour Jésus de fonder une religion ou une Église. Jésus attirait la foule des pauvres, des laissés-pour-compte et éveillait leur conscience aux causes véritables de leur oppression. Ces gens mettaient en lui leur confiance et espéraient qu’il puisse les libérer des Hérodes et des Césars qui les écrasaient à force d’impôts et de violences de toutes sortes. 

     Regardons-le agir lors de son entrée à Jérusalem. Il s’en prend à l’État-Temple et à ses collaborateurs, l’establishment politique constitué par les grands prêtres et leur parti saducéen. Jésus marche sur Jérusalem accompagné d’une armée de paysans qui scandent un chant révolutionnaire : « Hosanna! Sauve donc! Béni celui qui vient au nom de YHWH et béni le royaume qui vient, de David, notre père! » Il s’agit d’une parade symbolique qui évoque une libération politique. Deux siècles auparavant, Simon Macchabée entrait triomphalement à Jérusalem : « Ils portaient des palmes, chantaient des hymnes et des cantiques au son des harpes, des cymbales et des lyres : un grand ennemi avait été vaincu et chassé d'Israël. » (1 M 13,51)

     Mais Jésus veut subvertir ce rêve messianique populaire. Il n’entre pas en triomphe, mais sur le petit d’une ânesse. Une image antimilitariste s’il en est, celle d’un paysan avec son âne, sans comparaison avec un conquérant armé monté sur un cheval étincelant. « Éclate de joie, Jérusalem! Crie de bonheur, ville de Sion! Regarde, ton roi vient à toi, juste et victorieux, humble et monté sur un âne, sur un ânon, le petit d'une ânesse. À Éfraïm, il supprimera les chars de combat et les chevaux, à Jérusalem; il brisera les arcs de guerre. Il établira la paix parmi les nations. » (Za 9,9-10)

     L’évangéliste Marc a inséré en sandwich dans le récit de l’entrée de Jésus à Jérusalem et son occupation du Sanctuaire, la parabole du figuier, symbole par excellence de la prospérité, de la sécurité et de la paix en Israël, métaphore de la bénédiction de Dieu. Osée avait prophétisé contre cet arbre qui s’est desséché jusqu’à la racine pour n’avoir pas produit les fruits attendus. Jésus maudit ainsi le Temple, siège du pouvoir politique, qui ne profite qu’à une bande de voleurs. Sans fruits pour alimenter la faim du peuple, il est destiné à disparaître. Le Temple devra être détruit, la montagne du Temple sera jetée à la mer.

     Dans ce geste de protestation symbolique, Jésus s’attaque à une économie qui opprime le peuple. Il chasse les changeurs qui perçoivent le tribut des quelques six millions de Juifs de la Dispersion et qui a permis aux grands prêtres d’accumuler l’un des plus grands trésors de l’empire romain. Il renverse la banque (Marc parle de la catastropher, la mettre sans dessus dessous). Il s’attaque aux vendeurs de pigeons, offerts en sacrifice par les pauvres, les femmes et les lépreux pour leur purification. La religion ne doit pas s’enrichir sur le dos de ces personnes marginalisées. Enfin, il suspend les sacrifices en empêchant d’apporter des animaux, du vin, du blé, de l’huile pour les offrandes. Il s’agit d’une occupation illégale symbolique comme on en voit actuellement en Espagne sur les places publiques.

     À la fin de cette action contre le Temple devenu caverne de bandits, Jésus rappelle l’importance de la foi en Dieu. Ayez foi en Dieu!  Si quelqu'un dit à cette montagne : « Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer », et s'il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela arrivera pour lui.  

     Une vague de soulèvements traverse depuis quelques mois les pays arabes et aussi la Grèce, le Portugal et l’Espagne. Michel Chossudovsky analyse ainsi la situation particulière de la Tunisie, mais cette réflexion s’applique ailleurs aussi : « Les médias occidentaux proclament, en chœur, que le général Zine el-Abidine Ben Ali, ancien président déchu de la Tunisie, est un dictateur. Le mouvement de protestation tunisien est simplement décrit comme la conséquence d’un régime antidémocratique et autoritaire défiant les normes de la « communauté internationale ». Toutefois, Ben Ali n’était pas un « dictateur ». Les dictateurs décident et dictent. Ben Ali était un serviteur des intérêts économiques occidentaux, un pantin fidèle qui obéissait aux ordres, avec l’appui soutenu de la communauté internationale. » L’Espagne est dirigée par un parti socialiste légitimement élu et la Grèce a aussi un gouvernement dit démocratique, ce qui ne les empêche pas d’être aussi des marionnettes au service des intérêts économiques des grandes multinationales et des institutions financières occidentales.

     Ces mouvements de protestations qui se répandent comme une marée noire sur les eaux de la mondialisation, manifestent un ras-le-bol face à un système ultralibéral. Ce ne sont pas seulement les politiciens locaux qui sont remis en cause, mais aussi le Fonds monétaire international et autres institutions financières qui imposent leurs politiques économiques drastiques aux États et causent ainsi des catastrophes sociales chez les peuples.

     Ces jeunes se réveillent, se mettent debout, affrontent la peur, la répression et la mort car ils ont compris qu’un autre monde est possible. Amoncelée à force de vols, de tromperies et de violences, la montagne d’or est secouée sur ses fondations. Si quelqu'un dit à cette montagne : « Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer », et s'il ne doute pas dans son cœur, mais croit que ce qu'il dit arrivera, cela arrivera pour lui. 

     Suivre Jésus aujourd’hui, c’est faire corps avec ces peuples qui occupent les places et protestent contre l’empire de l’argent; c’est être opposé au système globalisé mis en place et qui engendre la faim, le chômage, la misère et le désespoir. Jésus termine sa parabole en remplaçant le temple prédateur par une communauté où règne le pardon. La prière doit partir d’un peuple fraternel où personne n’est en dette avec personne. Il en fera le fondement de toute prière : « Remets-nous nos dettes comme nous remettons leurs dettes à ceux qui nous doivent. » Autrement dit, il ne suffit pas de détrôner les puissants, mais il faut construire une société sans exploiteurs. N’en doutez pas, cela arrivera!

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Aurions-nous renié le Christ ?

 

 

 

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