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Justice sociale
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chronique du 21 février 2014

 

Un Dieu furieux contre la Bête

Les 7, 7, 7

Les 7, 7, 7, décembre 2012
Sr Jeanne Vanasse
Acrylique et feuille d’or 23 carats, 51 X 61 cm
(photo : Gilles Rioux)


J'entendis une voix forte qui venait du temple et qui disait aux sept messagers :
« Allez verser sur la terre les sept coupes de la fureur de Dieu ! »
Le premier messager partit et versa sa coupe sur la terre.
Alors, des ulcères malins et pernicieux se formèrent sur les hommes qui portaient la marque de la bête et qui se prosternaient devant son image.
Le deuxième messager versa sa coupe dans la mer. L'eau devint comme le sang d'un mort et tous les êtres vivants qui se trouvaient dans la mer moururent.
Le troisième messager versa sa coupe dans les fleuves et les sources d'eau, qui se changèrent en sang.

J'entendis alors le messager qui a autorité sur les eaux dire :
« Toi le Saint, qui es et qui étais, tu t'es montré un juste juge.
Les gens ont en effet répandu le sang de ceux qui t'appartiennent et celui des prophètes,
et maintenant tu leur as donné du sang à boire. Ils ont ce qu'ils méritent ! »
Puis j'entendis une voix qui venait de l'autel et disait :
« Oui, Seigneur Dieu tout-puissant, tes jugements sont vrais et justes ! »

Le quatrième messager versa sa coupe sur le soleil,
qui fut autorisé alors à brûler les hommes par son feu.
Et les hommes furent brûlés par une chaleur terrible ;
ils insultèrent le nom du Dieu qui détient de tels fléaux en son pouvoir,
mais ils refusèrent de changer de comportement pour lui rendre gloire.
Le cinquième messager versa sa coupe sur le trône de la bête
et son royaume fut plongé dans l'obscurité.
Les hommes se mordaient la langue de douleur ;
ils insultèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs plaies.
Mais ils ne se détournèrent pas de leurs mauvaises actions.
Le sixième messager versa sa coupe sur le grand fleuve, l'Euphrate.
Le fleuve se dessécha pour livrer passage aux rois qui viennent de l'est.

Puis je vis trois souffles immondes, semblables à des crapauds,
qui sortaient de la gueule du dragon, de la gueule de la bête et de la bouche du faux prophète.
Ce sont les souffles des démons qui font des prodiges.
Ils s'en vont auprès des rois de toute la terre,
afin de les rassembler pour la bataille du grand jour du Dieu tout-puissant.
« Écoute, dit le Seigneur, je viens comme un voleur !
Heureux celui qui reste éveillé et garde ses vêtements,
pour ne pas aller nu et n'avoir pas la honte d'être vu ainsi. »
Les esprits rassemblèrent les rois dans le lieu appelé en hébreu Har Meguido.

Le septième messager versa sa coupe dans l'air.
Une voix forte se fit entendre du temple ;
elle venait du trône et disait : « C'en est fait ! »
Il y eut alors des éclairs, des bruits de voix,
des coups de tonnerre et un violent tremblement de terre.
Celui-ci fut même si violent qu'il n'y en a jamais eu de pareil
depuis l'apparition de l'homme sur la terre !
La grande ville se brisa en trois parties et les villes de tous les pays s'écroulèrent.
Dieu n'oublia pas la grande Babylone ;
 il lui fit boire le vin de sa coupe, le vin de son ardente fureur.
Toutes les îles disparurent et l'on ne vit plus de montagnes.
Des grêlons d'un poids énorme tombèrent du ciel sur les hommes.
Et les hommes insultèrent Dieu à cause du fléau de la grêle,
car c'était un fléau d'une violence terrible.

Apocalypse 16

     L’Apocalypse est un livre d’espérance. L’Empire romain s’y voit confronté au Règne de Dieu; ce sont deux réalités antagoniques. C’est la grande bataille du grand jour du Dieu tout-puissant, une guerre à finir entre le Dieu de la Vie et le Dragon, Puissance du mal; entre Jésus crucifié et ressuscité, l’Agneau égorgé, et la Bête qui s’appelle César; entre les faux prophètes et le prophète Jean. Mais attention, il ne s’agit pas de la fin du monde dans un cataclysme cosmique comme les fondamentalistes le prétendent; il s’agit de la fin du règne de César et du commencement d’un monde nouveau sous le règne de Dieu dans l’histoire humaine.

Un nouvel exode

     Ce chapitre 16 présente, dans le temps présent, les préludes d’un nouvel Exode. Lorsque Dieu voulut faire sortir son peuple de l’esclavage en Égypte, il commença par affronter le pharaon en lui envoyant des « plaies » Au chapitre 9 et 10 de l’Exode, Dieu brave le monarque en lui imposant des mesures de force. La contamination de l’eau, l’invasion de crapauds, de moustiques, la panzootie qui frappe tout le cheptel, la peste, la grêle, les nuées de sauterelles et la tempête de sable qui laisse l’Égypte dans la plus complète obscurité, toutes ces catastrophes n’altèrent pas l’opposition du roi à l’abolition de l’esclavage et à la libération des Hébreux. C’est tout son système économique, déjà ébranlé par ces catastrophes, qui s’effondrerait. Les chefs de ce monde ont la tête dure ; ils ont besoin d’esclaves dociles pour faire fructifier leurs intérêts.

     Je ne peux m’empêcher de penser ici à l’obstination de nos chefs d’États qui refusent de croire aux effets destructeurs des changements climatiques, qui repoussent sine die la réduction des gaz à effet de serre pour préserver les profits des sables bitumineux, qui laissent libre cours aux pillage des ressources naturelles au grand dam de la protection de l’environnement et de l’intérêt national. Les quatre premières coupes de la colère sont versées sur la terre, l’océan, les fleuves et le soleil. La terre meurtrie par les minières et les pétrolières, l’océan déséquilibré où la mort se propage, les fleuves contaminés par les pesticides, les changements climatiques qui créent sécheresses et inondations… autant d’avertissements devant lesquels les pharaons modernes ferment opiniâtrement les yeux.

Les ténèbres de la crise économique

     Le cinquième messager versa sa coupe sur le trône de la bête et son royaume fut plongé dans l'obscurité. Dans ce système mondialisé où l’argent est maître absolu, les chargés de pouvoir sont les grands financiers et banquiers et leur bourse des valeurs; c’est à eux que les gouvernements obéissent. La « plaie » qui s’abat sur la tête de ce système prédateur est celle des ténèbres. On ne sait plus où l’on va. C’est le retour au chaos primitif. « … la terre était tohubohu, ténèbres sur les faces de l’abime. » (Genèse 1,1) La crise économique de 2008 ne fut qu’un prélude à une situation qui ne s’est en aucun cas résorbée depuis. Les grands de Davos, chefs d’entreprises et chefs d’États, ont beau multiplier les sommets d’urgence et se concerter, ils ne savent comment repousser la catastrophe d’une économie qui s’effondre.

Une communauté prophétique

     « Je viens comme un voleur », dit Jésus du milieu de sa communauté de prophètes. Jean et sa communauté exercent la prophétie sous l’ordre de Jésus : le prophète doit manger le livre ouvert. « Prends-le et dévore-le. Il rendra ton ventre amer, mais dans ta bouche il sera doux comme le miel. » (Apocalypse 10,9) Ce livre est ouvert, il ne contient pas de secret. Il annonce la victoire de Jésus sur la bête. Un autre monde est maintenant possible. Quel doux espoir! Manger le livre, c’est assimiler ce message d’espoir, s’en nourrir, l’intérioriser. Puis l’ordre est donné de « Prophétiser sur nombre de peuples, de nations, de langues et de rois », (Apocalypse 10,11), c’est vivre dangereusement dans l’amertume et la persécution. Comme le prophète Jérémie, le disciple de Jésus s’entend dire : « Ne dis pas, je ne suis pas en âge, parce que partout où tu iras, tout ce que je te commanderai, tu le diras. Ne les crains pas, car je suis avec toi pour te délivrer… Je t’établis sur les nations et les royaumes pour arracher et démolir, pour détruire et pour briser, pour bâtir et pour planter. » (Jérémie 1,7-10)

     J’aimerais partager ici un fait vécu par une religieuse étasunienne de 84 ans, Megan Rice; le 18 février 2014, elle écopait d’une peine de prison de 35 mois à Knoxville au Tennessee. Le 28 juillet 2012, en compagnie de deux autres militants pacifistes, elle était parvenue à franchir plusieurs barrières de sécurité et à pénétrer dans un bunker où l’on conserve les réserves d’uranium enrichi destiné à la défense nucléaire des États-Unis. Les trois militants ont déjoué les services de sécurité et passé deux heures à faire des graffitis de paix dans le complexe militaire Y12 de la Sécurité nationale. Les deux hommes, âgés respectivement de 58 et 64 ans, ont été pour leur part condamnés à cinq ans à cause de leur passé criminel, ayant plusieurs actions pacifistes de désobéissance civile à leur actif. À leur sortie, les trois prophètes devront rester trois ans en maison de transition et payer une amende de 53 000$. Le juge s’est montré sévère parce qu’il ne constatait aucun remords chez les accusés! Les activistes ont déclaré au juge que c’est en obéissant à leur conscience comme disciples du Christ qu’ils voulaient dénoncer le danger que constituent les armes nucléaires pour l’humanité. Sœur Rice déclara qu’elle s’opposait à ce que les États-Unis dépensent des sommes aussi énormes pour des armements destinés à tuer surtout des civils et qu’elle avait reçu l’appui de très nombreuses personnes. « Je vous en prie, n’ayez aucune indulgence pour moi, monsieur le juge. Être en prison pour le restant de mes jours est le plus grand honneur que vous puissiez me faire ».

     Les prophètes d’un monde nouveau se retrouvent dans tous les pays : ils militent pour le respect de l’environnement, pour une agriculture paysanne de proximité, pour la défense des victimes de violence, contre la militarisation, pour l’éradication de la pauvreté, pour les droits du peuple palestinien, contre l'hégémonie de la finance et la marchandisation du monde, etc. L’Église de Jésus, selon l’Apocalypse, est constituée de témoins qui sont prêts à souffrir et même à mourir pour qu’un monde nouveau advienne; c’est ce qu’ils appellent le Règne de Dieu sur terre.  Ils ont à affronter quotidiennement ces souffles immondes de la bête qui, tels une invasion de crapauds galeux, envahissent les consciences. Ces souffles immondes qui sortent de la gueule de la bête nous empoisonnent l’existence et visent à nous marquer du signe de la bête sans lequel on ne peut ni vendre ni acheter. C’est ainsi que par la propagande politique, par la publicité, par les médias, par l’hégémonie de la finance, on cherche à nous convaincre que beaucoup d’argent fait le bonheur, qu’il faut s’en mettre plein les poches et s’en remettre à la main invisible du marché… et que les pauvres sont des perdants. C’est la septième coupe, versée dans l’air. Nous respirons à pleins poumons l’idéologie polluante qui aliène les habitants de la terre et les incite à se prosterner devant la bête.

     Croire en Jésus, c’est résister à cette bête, c’est se tenir debout jusqu’au bout. Une église qui s’accommode aux diktats d’un tel système de mort n’a rien de l’Église que nous retrouvons dans ce magnifique livre prophétique, l’Apocalypse de Jean. On ne peut servir deux maîtres, Dieu et l’Argent et on ne peut prétendre les réconcilier.

Claude Lacaille

Source: Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Qui peut combattre la Bête?

 

 

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