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La lampe de ma vie
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chronique du 30 avril 1999
 

Le mal et le péché en nous

Il est toujours difficile de répondre à cette question puiqu'elle mériterait un long développement et beaucoup de doigté dans la clarification des éléments qui la composent. Voyons seulement quelques points de repère.

     Le monde créé est fondammentalement voulu par Dieu et bon à ses yeux. Le premier récit de la Bible en témoigne abondamment. Dieu crée la lumière, le ciel et la terre, les plantes et les animaux, bref, tout ce qui existe et il constate que « cela était bon » (Gn 1,4.10.12...). Quand apparaît l'être humain, homme et femme, il vit que « c'était très bon » (v. 31). On apprend au v. 27, que l'humanité est « créée à son image », capable de relation avec Dieu. Il y a, en l'être humain, quelqu'il soit, aussi éloigné de Dieu qu'il puisse paraître à première vue, une dignité inouïe que rien ne peut altérer. « Tu aimes tous les êtres et ne détestes aucune de tes œuvres: aurais-tu haï l'une d'elles, tu ne l'aurais pas créée. » (Sg 11,24) Toutes les oeuvres, incluant chaque personne, existent par l'amour de Dieu.

     Or, nous constatons qu'il existe du mal: des catastrophes naturelles, des guerres, de l'exploitation de l'être humain par son semblable, etc. Et, tout comme nous, les auteurs de la Bible se sont posé la question: pourquoi les rapports humains sont-ils si marqués par le mal?     

     La réponse de la Bible est à la fois simple et complexe: l'être humain est fondammentalement bon et voulu par Dieu, mais on constate aussi en lui une tendance naturelle à pécher. Qu'est-ce que ça veut dire? De par les premiers chapitres de la Genèse (2-3), on apprend que l'être humain est un être de relation: relation avec Dieu, relation avec la nature, relation homme-femme, etc. Or, l'être humain est aussi limité. Ce n'est pas une faute, ce n'est pas une tare. C'est un constat. Dans la mesure où il voudra masquer cette réalité, la nier ou la contourner, il tend à vouloir se positionner comme l'unique point de référence, à faire sa propre loi, ses propres règles. Il se place au centre du monde. Il se fait dieu (Gn 3,5). Il brise la relation avec Dieu. Voilà ce que nous avons appelé le péché: vivre et agir sans Dieu, se couper de Lui. Le mal en l'être humain est une des possibilités de sa liberté. Dieu laisse libre même si celui-là prend une voie qui, à la longue, le détruit et le rend misérable. Car la réponse qu'il attend de l'humanité en est une d'amour. Or, l'amour ne s'impose pas.

     La personne humaine est donc libre devant Dieu. Libre de faire le bien; libre de faire le mal. Mais, aucun doute, la voie de son bonheur s'ouvre quand elle utilise sa liberté pour faire le bien. C'est d'ailleurs le sens de l'expression liberté chrétienne: la créativité du chrétien qui s'engage à aimer de tout son être, dans l'Esprit. Une telle manière de faire, comme le dit saint Jacques, nous oriente en vérité vers le « bonheur » (Jc 1,25; 2,12, voir aussi 1 P 2,16; Ga 5,13).

     Est-il juste de dire que « tout bien vient de Dieu »? Oui si on entend par là que Dieu inspire l'être humain à faire le bien, suscite en lui le bien. La personne demeure l'auteur du bien qu'elle accomplit; Dieu y est mystérieusement agissant: « Là où est l'amour, là aussi est Dieu » (1 Jn 4,7-21). On a parfois eu tendance à simplifier: « Le bien que je fais, c'est Dieu qui le fait. La mal, c'est moi! » Dans une telle vision, quel serait la part de notre liberté? Seulement celle de faire le mal? Heureusement non! Comme le dit si bien saint Paul, je ne fais pas tout le bien que j'aimerais faire, et je fais plus de mal que je le souhaiterais (Rm 7,19). Je suis bien l'auteur du bien et du mal que j'accomplis. Notre tort, bien souvent, réside dans le fait de vouloir s'approprier le bien que nous faisons, comme s'il nous autorisait à nous situer au-dessus des autres, à nous considérer meilleurs que les autres. Le conseil évangélique ne peut pas être plus clair: « Pour toi, quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite,... » (Mt  6,3). Nous sommes l'auteur du bien (et du mal!) que nous accomplissons. Quand nous aimons de tout notre être, Dieu, par son Esprit, nous inspire et agit en nous... mystérieusement, sans rien soustraire à notre liberté.

     L'être humain, créé libre par Dieu, capable de relation, est doté d'une dignité exceptionnelle, inaltérable devant Lui. Mais en même temps, nous constatons qu'il existe en nous une tendance naturelle à nous constituer comme le centre, à nous éloigner de Dieu, à agir sans Lui. Voilà ce qu'on a appelé le « péché orginel ». Malgré nos forces et nos misères, Dieu continue d'inspirer des hommes et des femmes à construire son Royaume. Par sa Parole, il nous fait créatures; par son Esprit, il nous rend créateurs.

Guylain Prince

 

Chronique précédente :
La Bible peut-elle nous éclairer sur une question comme l'euthanasie?

 

 

 

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