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La lampe de ma vie
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chronique du 18 juin 1999
 

Le prêt à intérêt
dans l'Ancien Testament

 

Dans l'antiquité, le créancier détenait un pouvoir exorbitant sur le débiteur. Un des passages les plus anciens de la Bible à ce sujet se trouve dans le deuxième livre des Rois: à la mort du débiteur, le créancier s'empare de ses enfants pour les réduire en esclavage en remboursement de la dette de leur père (2 R 4,1). L'épisode ne comporte aucune condamnation de la manière d'agir d'un créancier qui paraît exercer là un droit reconnu. L'intervention d'Élisée en faveur de ces enfants et de leur mère repose sur son sentiment de pitié à l'égard des proches d'un homme qui appartenait à une confrérie de prophètes et qui craignait Yahvé.

     Le même genre de situation est supposé dans le premier livre de Samuel (1 S 22,2); David recrute ses premiers partisans parmi ceux qui risquent d'être réduits en esclavage à cause de leurs dettes (voir aussi, en un sens symbolique, Is 50,1). Ces quelques textes nous laissent supposer que l'esclavage pour dettes devient une pratique relativement courante, comme elle l'était d'ailleurs chez les peuples voisins. Si tant de débiteurs étaient incapables de faire face à leurs obligations, c'est que les taux d'intérêt étaient astronomiques (souvent plus de 50, 1), en proportion d'ailleurs des risques courus par les prêteurs.

     C'est afin de réagir contre cette situation que la législation intervient à plusieurs reprises pour interdire l'imposition d'intérêt dans les prêts entre Israélites. En fait l'interdiction de prêter à intérêt figure trois fois dans le Pentateuque: Ex 22,24; Lv 25,35-37; Dt 23,20-21. En dehors de ces sections spécifiquement législatives, la même question revient à quelques reprises, dans les écrits historiques (1 S 22,2; 2 R 4,1), dans la littérature d'inspiration sapientielle (Ps 15,5; 109,11; Pv 28,8) et chez les prophètes, surtout Ézéchiel (Ez 18,8; 13,17; 22,12).

     Les trois formes de la loi supposent que c'est un devoir de venir en aide à un compatriote tombé dans la misère; le créancier doit alors prendre son débiteur à son service et lui accorder le même statut qu'à l'étranger en résidence (Lv 25,35). Par contre, on ne doit jamais profiter de la misère d'un frère pour l'exploiter et s'enrichir à ses dépens. Quelque soit l'objet du prêt: argent, nourriture ou autre bien, le tout doit être fait gratuitement entre frères (Dt 23,2-21). Aux étrangers il est permis de prêter à intérêt, parce qu'on n'a pas envers eux les mêmes obligations de solidarité qu'envers des concitoyens. L'interdiction du prêt à intérêt dans l'Ancien Testament ne procède pas d'une conception défavorable à l'égard de l'argent et des biens matériels en général; ils sont, au contraire, des dons de Dieu. On ne doit donc pas les faire servir à l'exploitation des démunis, mais on doit les partager généreusement avec ceux qui sont dans le besoin.

Jérôme Longtin, ptre

Source: Le Feuillet biblique, no 1116. Toute reproduction de cet article, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

Chronique précédente :
La réponse de l'Évangile à la souffrance

 

 

 

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