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La lampe de ma vie
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chronique du 13 février 2004
 

Joseph en terre égyptienne :
un modèle d'exilé

 

QuestionPas facile d'être exilé... Je me pose vraiment des questions… Auriez-vous un texte ou un récit biblique pour m'éclairer dans ma situation d'mmigrant ou dans la condition de toute personne qui s'installe dans un pays étranger au sien?

RéponseCela dépend beaucoup de genre de questions que vous vous posez… Mais il reste que toute situation d'immigrant, dont la votre, me fait spontanément penser aux déportations et autres conditions d'exilés rapportées dans la Bible, notamment à celles des Patriarches et à celles du peuple de l'Alliance en Babylonie (2 R 24,14; 25,11; Jr 52,28ss). Plus précisément encore, elle fait penser à un récit très ancien, celui de Joseph en terre égyptienne (Gn 37-50). Ce récit est particulièrement bien connu, à cause de sa beauté littéraire et de son contenu plein de rebondissements. Vendu par ses frères, Joseph arrive en Égypte où il connaît d'abord les pires épreuves de sa vie de réfugié et de déraciné (l'esclavage dans la maison de Potiphar et la prison). Plus tard, dès que, par la grâce du Seigneur, il est reconnu et réhabilité par la société d'accueil, il va très vite en épouser la vie et la culture et s'y intégrer pleinement. Non seulement il se marie à une égyptienne avec laquelle il va avoir deux fils, mais il brigue aussi une très respectable carrière politique en devenant premier ministre sous le nom égyptien de Saphat-Panéah. Il apprend la langue du pays. Et puisqu'il aime sa nouvelle patrie, il procède au regroupement familial. Ainsi, il y enterre son père Jacob suivant les pratiques funéraires égyptiennes.

     À travers sa capacité d'intégration, Joseph se présente comme le modèle de l'exilé qui, tout en gardant son identité culturelle et religieuse la plus profonde, s'intègre harmonieusement à celle de son pays d'accueil. C'est en s'intégrant pleinement que Joseph, l'exilé, goûte au bonheur d'être égyptien parmi les égyptiens et, en même temps, d'être utile à son pays d'origine, à sa famille.

     Une invitation à être des exilés responsables! L'exemple de Joseph devrait permettre à tout exilé de se poser la question essentielle : quel genre d'exilé je veux être? Cette question trouvera une réponse significative et porteuse d'avenir lorsque, dans le nouveau contexte de sa vie, tout exilé se dira : « Je suis disposé à m'intégrer à mon peuple d'adoption! » Le déporté ne peut pas espérer mettre fin au cycle infini d'exil et à ses manifestations multiformes, s'il n'essaie pas de prendre la responsabilité de ses décisions et de ses choix, s'il n'assume pas son identité profonde et s'il ne décide pas de s'intégrer à la mentalit é et à la culture de son pays d'accueil. Le malheur d'un déporté c'est qu'il soit éternellement exilé mental : esquivant la situation présente et les choix qui s'offrent à lui ici et maintenant; incapable de s'adapter à la nouvelle situation; incapable de s'enraciner dans une vie, de faire des projets durables; vivant toujours dans le passé. Un passé souvent idéalisé et embelli. Le pire des malheurs qui surviendraient à un déporté, c'est qu'il devienne un exilé dangereux et irresponsable. Dangereux, parce qu'il serait nuisible et parasite. Dangereux, parce qu'il ne serait jamais sincère avec lui-même, avec sa destiné... Irresponsable, parce qu'il ne serait utile, ni à son pays d'accueil ni à son pays d'origine. Irresponsable, parce qu'il ne réfléchirait jamais sur sa mission et ne la prendrait même jamais au sérieux.

     L'histoire de Joseph et les récits des déportations et des exils rapportés bibliques permettent de penser que dans le plan de Dieu, l'exilé a toujours eu une mission. Bien plus, lorsqu'on porte un regard attentif sur les migrations des peuples, on se rend très vite compte qu'elles ont été la base d'un développement durable des nations d'origine et/ou de celles d'accueil. N'est-ce pas là un élément de réflexion qui doit alimenter le questionnement de tout exilé et en tout temps : Quelle est ma mission? Pourquoi suis-je en exil? Est-ce pour me purifier l'esprit et le cœur, pour renouveler ma mentalité et celle de mon peuple?

Jean-Chrysostome Zoloshi, ptre

 

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Ils n'ont pas de vin!

 

 

 

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