À propos du baptême des enfants

chronique du 8 octobre 2004

À propos du baptême des enfants

Pourquoi baptiser les petits enfants? Pourquoi a-t-on institué le baptême d'enfant? N'est-ce pas une contradiction avec ce qu'est le baptême? (David) Dans la Bible, on baptise les adultes à la suite d'une conversion. Comment garder le même esprit pour des enfants? (Mario)

Le baptême de Clovis
Le Maître de Saint-Gilles
peinture sur bois, vers1500
National Gallery of Art, Washington

L'habitude de baptiser aussi les enfants est très ancienne. Il faut comprendre qu'au début du christianisme, la notion de liberté individuelle n'était pas la même qu'aujourd'hui. Le consensus social en tous domaines était la norme. Le baptême des enfants s'explique dans ce contexte. Quand le père de famille se convertissait au christianisme, toute la famille se convertissait avec lui. Il y a des exemples dans les Actes des Apôtres: voir 10,44-48; 16,15.31.34; 18,8; 1 Co 1,16. De même plus tard, quand un prince ou un roi se convertissait, tous ses sujets aussi (cf. Constantin pour l'Empire romain ou Clovis pour les Francs). On concevait mal à l'époque que des membres d'une même famille appartiennent à des religions différentes (d'où les avertissements de Jésus dans l'évangile, cf. Mt 10,35-37; Lc 12,51-53).

Cela dit, l'avantage de cette situation était la certitude que la foi soit transmise aux enfants. On baptisait les enfants parce qu'on s'engageait à leur transmettre la foi. L'habitude s'est ensuite conservée dans une société de chrétienté, sans qu'on s'interroge trop sur les motifs. Ce n'est que tout dernièrement, alors que la société n'est plus chrétienne ou que les droits individuels ont été mis en relief que des questions sont nées au sujet de l'habitude de baptiser les enfants. En effet, l'habitude est tellement ancrée dans les mentalités que la baptême n'est plus qu'un rite d'entrée dans la vie qui a plus ou moins conservé sa valeur religieuse. C'est pourquoi plusieurs pasteurs et théologiens remettent en question aujourd'hui l'habitude de baptiser systématiquement les enfants. Seul le contexte d'une famille véritablement croyante et désirant transmettre cette foi à l'enfant justifierait encore la pratique.

Hervé Tremblay, o.p.
Collège dominicains de philosophie et de théologie, Ottawa

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