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La lampe de ma vie
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chronique du 5 novembre 2004
 

L'après-vie selon la Bible
 

QuestionJ'aimerai bien un commentaire sur le sort de l'homme après la mort selon les textes bibliques. On parle du purgatoire, du ciel ou de l'enfer... c'est bien. Mais, il y a aussi la Jugement dernier rapporté par les Écritures. Qu'est-ce que nous devons penser sur la sort de l'homme chrétien à sa mort? Quand viendra le Jugement dernier? Y a-t-il un temps d'attente? Dans quel état? J'aimerai bien avoir une réponse avec des références à la Bible et aussi, s'il le faut, avec les interprétations des Pères de l'Église pour m'éclairer un peu. (Miryam)
 

RéponseLa question de l'après-vie terrestre est présente dans la majorité des religions et ne peut recevoir de réponse prouvée. Seules des réponses de foi, des réponses croyantes, disant l'espérance humaine, sont possibles. La question de l'au-delà pose de manière implicite la question du sens de la vie. Dans la Bible nous trouvons de nombreuses expressions croyantes sur l'après-vie terrestre. Je vous propose d'abord un petit tour d'horizon:

     Le mot hébreu shéol signifie tombeau. Dans les civilisations du Proche-Orient ancien, les âmes passaient du monde des vivants dans un royaume souterrain. C'est de cette représentation qu'est né le shéol juif. Ezéchiel, au chapitre 31, brosse une peinture de ce lieu-temps. C'est un lieu de silence et de ténèbres mais dans lequel Dieu est présent comme le dit le Psaume 139,8. L'idée du shéol a évoluée et à l'époque de Jésus, il est subdivisé en deux parties, le shéol des justes et celui des méchants. L'équivalent en grec de shéol est le hadès. Le hadès et la mort sont vaincus à tout jamais par le Christ (Apocalypse 6,9).

     Le mot « géhenne » qui désigne souvent l'enfer vient de Hinnon, nom de lieu près de Jérusalem où étaient offerts les sacrifices d'enfants (2 Chroniques 28,3). Ce lieu est devenu par la suite le lieu où étaient brûlées les ordures. Par extension et en référence à Jérémie 7,31, la géhenne désigne le lieu où les pécheurs sont punis par le feu.

     Les visions apocalyptiques de l'enfer, avec des descriptions épouvantables comme en Esaïe 66,24, repris en Marc 9,43, Matthieu 8,12 ou Apocalypse 20,14, sont issues de l'apocalytique juive. Les textes de la Bible sont beaucoup moins terribles que ceux qui n'ont pas été retenus dans le canon.

     Ces textes terrifiants et l'idée héritée du shéol, d'un lieu dont Dieu peut extraire l'humain, sont à l'origine de la notion de purgatoire qui n'est pas dans le texte biblique. Au départ l'idée de purgatoire a surtout servi à exprimé l'idée croyante que sans Dieu il n'y a pas de salut et qu'une vie éternelle sans Dieu était insupportable. Les réformateurs ont violemment combattu l'idée de  purgatoire, parce que petit à petit s'était mis en place un commerce de rachat des fautes, idée insupportable pour les réformateurs qui ont mis l'accent sur le don gratuit de la grâce.

     Les références du Nouveau Testament ne vont pas dans le sens d'une tendance moderne selon laquelle à la fin tous les humains seront sauvés. Même si les textes retenus dans le canon biblique sont moins épouvantables que les autres écrits apocalyptiques circulant au temps de Jésus et au début de notre ère, le Nouveau Testament dit clairement que Dieu veut le salut de tous les hommes mais que tous ne l'accueilleront pas, et pour ceux-ci c'est l'enfer perpétuel, l'enfer pouvant d'ailleurs être l'absence du Christ (Matthieu 7,23).

     Le jugement viendra « à la fin des temps » pour que vienne sur terre ce Royaume de Dieu que les croyants attendent et qui est déjà en route depuis avec la Résurrection et la Pentecôte

     Il est à peu près certain que Jésus pensait la fin du monde imminente et que les premières communautés ont dû apprendre à vivre avec l'idée d'un Royaume futur, en route mais non advenu. Nous sommes encore aujourd'hui en tension entre ce déjà-pas encore.

Et après...

     Il est impossible de dire ce qu'est la mort et l'après-mort. Il est impossible de dire quand viendra la fin des temps et il est impossible de dire ce qu'elle sera. Ce que disent les textes croyants est pourtant de l'ordre de l'essentiel :

1. En affirmant la Résurrection, les chrétiens affirment leur foi dans un "après la mort" individuel et collectif.

2. En affirmant un temps (trois jours pour Jésus) entre la mort et la Résurrection, les chrétiens affirment que le passage, quel qu'il soit ne se fait si simplement mais implique « une descente aux enfers » une confrontation au pire mais aussi la rencontre possible avec Dieu.

3. Indépendemment et du quand et du comment, il est demandé aux chrétiens de vivre comme si « ça » pouvait arriver ici et maintenant, le ça désignant aussi bien la vie et la mort individuelle que la fin des temps collective.

4. Aussi désespéré que soit l'état de notre monde, une nouvelle création, un Royaume de Dieu, est déjà en route.

     Ces affirmations qui sont dites dans toutes les descriptions imaginaires sur l'au-delà sont fondatrices d'une vie en pleine humanité, comme l'a vécue le Fils de l'Homme, et en pleine espérance pour le Royaume, nouvelle Création à venir.

Véronique Isenmann

Pour approfondir la question

Marie de Hennezel et Jean-Yves Leloup, L'art de mourir, traditions religieuses et spiritualités humanistes face à la mort aujourd'hui, Robert Laffont, 1998.

Peter B. Clarke, Le grand livre des religions du monde, Solar, 1995.

J. Delumeau, Le péché et la peur, Fayard, 1993

Georges Minois, Histoire des Enfers, Fayard, 1991 et Histoire de l'Enfer, P.U.F. (Que sais-je?), 1999.

Voltaire, Oeuvres complètes, article « Purgatoire ».

Jean-Yves Leloup, Les Livres des Morts Egyption, Thibétain, Chrétien, Albin Michel (La Bibliothèque spirituelle).

Ainsi que l'article qui présente les approches de Platon reprises par certains Pères de l'Église.

 

Chronique précédente :
L'origine de la prière de l'Angelus

 

 

 

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