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La lampe de ma vie
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chronique du 21 janvier 2011

 

Distinguer le vrai du faux prophète

QuestionSi les prophètes de la Bible étaient des envoyés de Dieu transmettant son message, est-ce qu'il faut croire ceux qui disent porter le message de Dieu aujourd'hui? Est-ce une simple imagination de leur part? Comment distinguer un vrai prophète d'un faux? (Taoubai Jonas, Yaoundé, Cameroun)

RéponseDe nombreuses questions sont soulevées ici. Le mot « prophète » est chargé de multiples significations. On évoque volontiers les prophètes de la Bible, dont ont peut lire, aujourd’hui encore, les paroles dans des livres qui portent généralement leurs noms, comme Amos, Osée, Isaïe ou Jérémie. Mais dans ces mêmes livres, on trouve déjà des oracles qui dénoncent les « faux prophètes ». On peut en lire un exemple en Jérémie 23,9-40. D’où la question : Comment distinguer le vrai du faux prophète? Je vous propose de commencer par éclairer les deux points suivants : comprendre ce qu’est un « prophète » et ensuite distinguer le vrai du faux prophète.

Comprendre ce qu’est un prophète

     Pour comprendre ce qui amène un homme à proférer une parole en la présentant comme « parole de Dieu », il faut généralement remonter à une expérience spirituelle forte comme celle que fait Isaïe dans le Temple de Jérusalem. Il y rencontre le Seigneur lui-même (Is 6,1-17) qui lui parle : « Alors j’entendis la voix du Seigneur disant : "Qui enverrai-je? Qui ira pour nous?" Et je dis : "Me voici, envoie-moi!" Il me dit : "Va et tu diras à ce peuple..." » (Is 6,8-9a). Écoutons également comment un autre prophète, Amos, se justifie devant Amasias qui cherche à le faire taire : « Je ne suis pas prophète, je ne suis pas frère prophète : je suis bouvier et pinceur de sycomore. Mais le Seigneur m’a pris de derrière le troupeau et il m’a dit : “Va prophétiser à mon peuple Israël!” » (Am 7,14-15).

     Le cas de ces deux hommes est pour moi très intéressant et révélateur de deux choses. Le prophète est un homme habité par une parole qu’il ne peut pas taire. Cette parole s’enracine dans la situation concrète de son temps. Ce sera, par exemple, une aristocratie et un pouvoir entièrement corrompus, une royauté qui a perdu le sens du bien du peuple et qui s’égare dans des alliances suicidaires ou encore un peuple qui se « prostitue » avec les idoles, les dieux cananéens... La parole que va proférer le prophète est étroitement liée à ce qu’il voit autour de lui. Elle va dans trois directions : elle dénonce avec force tout ce qui conduit Israël à sa perte, tout particulièrement la corruption et l’injustice; elle explique les malheurs qui surviennent par l’oubli de l’alliance conclue avec un Dieu qui l’avait pourtant libéré de l’esclavage; mais elle finit toujours par rendre l’espoir en assurant que Dieu ne peut pas oublier son peuple.

     Les prophètes sont généralement, tel un Jérémie, tout particulièrement, des hommes mal compris, mal-aimés. Ils dérangent les pouvoirs en place par une parole qui stigmatise la corruption, le culte vain rendu aux idoles, l’incapacité à répondre à Dieu en vérité, l’inanité de tel choix politique. On comprend que certains d’entre eux subiront fortement l’opposition d’un peuple ou d’une classe sociale pas préparée à voir ses propres agissements dénoncés avec force. Tels Jean le Baptiste, mais également Jésus de Nazareth, le prophète par excellence, certains paient de leur vie leur liberté de parole. Et dans le même temps, la parole qu’ils prononcent suscite un écho profond dans le cœur de certains qui deviennent des disciples et continuent à la prendre en charge pour la proférer à leur tour dans le concert des nations. Si nous continuons à lire aujourd’hui les écrits des prophètes d’Israël, ainsi que la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, c’est précisément parce que leur parole continue à nous réveiller et à nous inspirer.

Distinguer le vrai du faux prophète

     Je ne peux pas d’emblée distinguer à coup sûr entre le vrai et le faux prophète. Je dois parfois accepter de prendre du recul pour voir les effets que produit telle ou telle parole, telle ou telle vie. Comme pour toute chose, je dois commencer par un regard critique. Je rappelle une parole de Jésus : «  C’est à ses bons ou mauvais fruits que l’on reconnaît un bon ou un mauvais arbre. » De son côté, Paul parle aux Galates du fruit de l’Esprit : « Mais le fruit de l’Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi... » (Ga 5,22-23) Ces deux critères fournissent de quoi effectuer une distinction. Le tout est de ne pas avoir peur de la faire. Trop de personnes se laissent séduire par les apparences, par le succès de tel ou tel homme qui se présente comme un prophète. Un peu d’esprit critique est indispensable pour juger de la validité d’une parole ou d’un courant de pensée. Il ne faut en tous cas jamais oublier que la parole prophétique remet en question, dénonce, appelle à la conversion, sans se soucier de l’air du temps; et cette parole vient réveiller en nos cœurs le désir et la volonté de vivre en conformité avec elle.

Des prophètes aujourd’hui?

     Il est vrai que le mot « prophète » s’emploie d’abord dans un contexte religieux, mais on aurait tort de vouloir le cantonner au cercle restreint des prophètes de la Bible. L’histoire nous rappelle que chaque siècle en a connu. Le XXe siècle nous en a laissé plusieurs, hommes ou femmes, qui ont marqué leur époque par leur pensée et leur comportement. Je pense aux plus connus : Martin Luther King, l’abbé Pierre, Mère Térésa ou Sœur Emmanuelle et tant d’autres. Cela ne doit pas pour autant nous faire oublier que ce terme peut être appliqué à toute personne, croyante ou incroyante que ses propres convictions intérieures poussent à lutter contre la pauvreté, la violence, la barbarie, l’injustice, la corruption. Beaucoup ont payé des années de prison ou de leurs vies, les convictions pour lesquelles ils se sont battus. Aujourd’hui comme hier, le monde a besoin de prophètes.

Roland Bugnon

Chronique précédente :
Prier avec les psaumes

 

 

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