INTERBIBLE
Une source d'eau vive
la lampe de ma vie bible et culture coups de coeurau fémininjustice socialeRencontres de foi
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
La lampe de ma vie
  image
Imprimer

chronique du 6 février 2015

 

Mon interprétation est-elle la bonne?

QuestionMon interprétation de la Bible est-elle la bonne? (une catéchète du diocèse de Mont-Laurier, Québec)

RéponseNous lisons la Bible en espérant y comprendre quelque chose. Nous ne voulons surtout pas déformer le texte ou en tordre le sens. D’où la question très légitime de la valeur de nos interprétations.

     Pouvoir dire « mon interprétation » témoigne déjà d’une prise de conscience très importante : oui, lire c’est interpréter. Il n’y a pas moyen d’avoir accès directement au sens d’un texte. On ne peut faire l’économie de la médiation de l’acte d’interprétation ni oublier le rôle primordial du lecteur ou de la lectrice qui s’engage dans cet acte d’interprétation.

« Ma photo du rocher Percé est-elle la bonne? »

     Les choses se compliquent un peu quand on cherche la bonne interprétation d’un texte. Cela supposerait qu’il y a une seule interprétation possible. Ce n’est pas le cas! Les textes sont polysémiques, c’est-à-dire porteurs de multiple sens, et donc impossibles à épuiser. L’expérience d’innombrables lecteurs et lectrices, chevronnés ou novices, spécialistes ou simples lecteurs « ordinaires », en témoigne. Ce qu’on y trouve dépend de ce qu’on y cherche et de la méthode utilisée. Le résultat varie autant que nos photos de voyage peuvent différer de celles de nos compagnons parce que nous avons adopté un point de vue différent pour les prendre!

Toutes de bonnes interprétations?

     Si de multiples interprétations sont possibles pour un même texte, cela veut-il dire que toutes les interprétations sont bonnes? Certainement pas! On ne peut le penser sans succomber à un relativisme qui dévalue l’acte même de lire et d’interpréter et qui fait injure au texte lui-même.

     Mais non, la valeur d’une interprétation donnée se pose encore et toujours, autant pour les spécialistes que pour les simples lecteurs et lectrices. Comment juger, alors, de la valeur d’une interprétation? C’est une question délicate.

     Les exégètes, ces spécialistes de l’explication des textes, s’emploient à appliquer rigoureusement les méthodes qu’ils ont développées, expérimentées et raffinées. Leurs interprétations, qui demeurent des hypothèses et des propositions, sont publiées dans des revues spécialisées et des ouvrages où elles sont soumises à l’appréciation de leurs pairs. Ceux-ci ne se gênent pas pour leur faire subir le feu de leur critique. Ils évaluent la rigueur avec laquelle la méthode a été appliquée, voire même la solidité des fondements de cette méthode, la cohérence des propos, etc. Bref, ils appliquent des critères pour évaluer les interprétations.

Le texte

     Monsieur et Madame Tout-le-Monde qui lisent la Bible ont aussi à trouver des critères de validation de leur lecture. Le critère le plus simple et le plus pertinent, me semble-t-il, est celui du respect du texte lui-même. Ce critère demande de lire, de relire, de lire encore le texte, de lire plus loin, avant, après, pour vérifier à quel point l’interprétation s’y ajuste. C’est fou, parfois, ce que nous pouvons ajouter à un texte en puisant à notre bagage personnel de croyances et de connaissances! Ou à l’inverse, comment nous pouvons faire l’impasse sur des éléments importants qui ne cadrent pas avec notre vision personnelle!

La communauté

     Je proposerais aussi une boussole ou un GPS pour à la fois interpréter avec justesse un texte et juger de la justesse d’une lecture : partager l’expérience avec un groupe ou une communauté de lecteurs ou de lectrices. Un groupe observe beaucoup mieux un texte qu’une personne seule. La vigilance collective réduit le risque de dévier vers une interprétation fantaisiste. Quelqu’un devrait bien se rendre compte que le cliché du rocher Percé montre une mer vide!

Les méthodes

     Enfin, je recommanderais, pour établir les meilleures conditions de lecture et d’interprétation, de s’appuyer sur une méthode éprouvée de lecture. L’étymologie du mot méthode, « avec un chemin », suggère une route à parcourir pour aboutir quelque part. Plusieurs méthodes simples sont disponibles pour les non-spécialistes. Il vaut la peine d’expérimenter pour trouver celle qui convient le mieux.

     Je termine en cédant la parole à un vieux sage, saint Éphrem [1] :

[Celui qui est] enrichi par la parole […] ne doit pas croire que celle-ci est appauvrie; incapable de l’épuiser, qu’il rende grâce pour sa richesse. Réjouis-toi parce que tu es rassasié, mais ne t’attriste pas de ce qui te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s’attriste pas de ne pouvoir épuiser la source. Que la source apaise ta soif, sans que ta soif épuise la source. Si ta soif est étanchée, sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si, au contraire, en te rassasiant, tu épuisais la source, ta victoire deviendrait ton malheur.

     Bonne lecture et bonnes interprétations!

[1] Saint Éphrem. « (v, 306-373). Diacre et docteur de l’Église. Né à Nisibe (actuellement Nusaybin en Syrie), ce théologien et poète, resté diacre par modestie, fonda à Édesse (actuellement Urfa en Turquie), une célèbre école de théologie, très fréquentée par les chrétiens perses alors persécutés dans leur pays. On a conservé de lui, écrits en syriaque, des commentaires de la Bible, des homélies, des hymnes » (Théo [encyclopédie catholique pour tous], 1992  p. 68.

Anne-Marie Chapleau

Lire aussi :
Des exemples de méthodes ou d’outils simples pour lire la Bible en groupe

Article précédent :
L’interprétation catholique de la Bible

 

 

| Accueil | SOURCE (index) | La lampe de ma vie (index) | Vous avez des questions? |

www.interbible.org