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La lampe de ma vie
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chronique du 19 février 2016

 

Découvrir le visage d’un Dieu différent avec Élie

Élie au désert

Le prophète Élie au désert
Daniele Ricciarelli dit Daniele da Volterra (1509-1566)
Huile sur toile, 81 x 115 cm
Circa 1545-1547
(collection privée ; Wikipedia)

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Le chemin suivi par Élie le fait passer d’une foi ardente pour défendre la cause de Yahvé à la découverte d’un Dieu manifesté par le souffle d’une brise légère. Il part d’une conception archaïque du divin, exprimée dans la violence de sa réaction face aux prophètes de Baal et la fureur de la tempête avec les éclairs, le tonnerre et le tremblement de terre, à la conception d’un Dieu différent que l’on ne peut rencontrer qu’au terme d’une longue route et d’un dépouillement suffisant pour devenir capable d’écouter la présence qui parle au plus profond de soi.

     Élie croyait bien connaître Dieu et pouvoir se présenter comme son champion. Sur la montagne, dans la caverne, il découvre le visage d’un Dieu différent qui n’a rien de commun avec la violence que lui, son prophète, a cru pouvoir exercer en son nom. Voilà bien le parcours type que la Bible présente à toute personne désireuse de parvenir à une authentique connaissance de Dieu. Il symbolise pour nous, hommes et femmes d’aujourd’hui, le cheminement que nous pouvons faire pour approfondir notre propre foi en Dieu et notre vie spirituelle.

Élie, un prophète différent

     Les prophètes qui jouaient un rôle de « devins » et de conseillers, sont chargés d’interpréter le désir ou la volonté des dieux ou de choisir le jour favorable pour engager la guerre. On les trouve dans les temples royaux et à la cour des rois. Or, dans le royaume d’Israël et de Juda, un autre type de prophète va se lever. Habités par une parole intérieure, ils s’opposent souvent au roi, au nom de Yahvé, le Dieu d’Israël qui a libéré son peuple de l’esclavage, lui reprochant, en termes très forts, l’oubli de l’alliance du Sinaï. Élie fait partie de ces prophètes nouveaux et prend, dans le récit biblique, une place très importante. Il est considéré comme le prophète par excellence, celui qui ouvrira les chemins du Messie de Dieu. Son combat pour le retour du peuple d’Israël à Yahvé son Dieu, le conduit à s’opposer au roi Acab à qui il reproche violemment de suivre le culte de Baal et d’entraîner tout le peuple dans cette direction (1 R 18,17-18). Élie est présenté comme le « champion de Yahvé » dans son combat contre le dieu Baal, la divinité la plus communément adorée en Canaan, dont il voudrait éradiquer le culte. Regardons les étapes principales de la saga d’Élie (1 R 17-19).

Une violence au service de Yahvé

     Le prophète lance un véritable défi au roi et au peuple d’Israël, une sorte de tournoi dans lequel les divinités en présence sont priées de montrer leur efficacité. Élie désire que le peuple sache clairement de quel côté est le vrai Dieu vers lequel il doit se tourner. La scène ressemble à ces tournois du Moyen-Age où l’un des protagonistes en appelle au jugement de Dieu. La prière faite à Baal et Ashéra par leurs 450 prophètes n’aboutit à rien alors que celle d’Élie s’avère efficace. La suite est moins glorieuse. Profitant d’une situation favorable, Élie invite le peuple à un véritable massacre : « Saisissez les prophètes de Baal : que pas un seul ne s’échappe! Ils les saisirent. Élie les fit descendre au ravin du Qishone, et là il les égorgea. » (1 R 19,40).

     Au départ, Élie manifeste une foi sans faille pour le Yahvé, le Dieu libérateur d’Israël; pourtant sa connaissance de Dieu reste parcellaire. L’image qu’il se donne de lui est encore proche des divinités païennes, mais en plus fort et en plus grand. Il croit pouvoir s’autoriser de ce qu’il sait de lui pour faire massacrer les prophètes de Baal. Cette image parcellaire de Dieu est souvent celle qui traîne dans nos esprits. Chacun de nous croit connaître ce dont il parle, lorsqu’il évoque Dieu ou le prie. Mais est-ce bien le cas?

L’étape du doute

     La réaction de la reine Jézabel au massacre de ses prophètes est immédiate. Elle cherche à tuer Élie qui doit s’enfuir (1 R 18,2-4).Élie s’est comporté comme un homme de son temps. Il était sûr d’avoir Dieu de son côté et croit désormais pouvoir utiliser la violence pour éradiquer le culte de Baal et d’Ashéra. Il découvre que sa violence a déclenché celle de Jézabel contre lui. Imaginez sa déconvenue et les questions qui se bousculent en lui à propos de Yahvé dont il s’est fait le champion. N’est-il pas le prophète qui a le soutien de Yahvé? Pourquoi l’abandonne-t-il en ce moment? Ne s’est-il pas montré plus fort que Baal et Ashéra? Menacé de mort à son tour, Élie a peur et prend la fuite pour sauver sa vie. Il connaît alors le découragement et le sentiment d’échec sans parvenir à comprendre les raisons de l’absence de Dieu.

     Dans ce deuxième temps, Élie connaît une énorme déconvenue. Dieu n’intervient pas directement pour le protéger contre la colère et le désir de vengeance de Jézabel. Il est obligé de fuir et commence un long parcours qui passe par le doute et le découragement. C’est l’étape que connaissent de nombreux contemporains qui découvrent que le catéchisme de leur petite enfance ne suffit plus pour répondre aux questions qu’ils se posent. Ils s’interrogent, essayent différentes routes, se sentent perdus jusqu’à ce qu’une parole les réveille et leur donne la force de reprendre la route et de gravir la montagne.

Rencontrer Dieu dans la brise légère

     La suite du récit mérite d’être reprise dans son intégralité pour pouvoir en goûter la saveur.

Élie s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange! » Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Là, il entra dans une caverne et y passa la nuit. Et voici que la parole du Seigneur lui fut adressée. Il lui dit : « Que fais-tu là, Élie? » Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » Le Seigneur dit : « Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur, car il va passer. » À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : « Que fais-tu là, Élie? » Il répondit : « J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers. Les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis le seul à être resté et ils cherchent à prendre ma vie. » Le Seigneur lui dit : « Repars vers Damas, par le chemin du désert… » 1 R 19,5-15

     Lorsque le dépouillement est fait et qu’Élie a perdu toutes les illusions qu’il avait encore, il parvient au terme de son voyage. Alors seulement, il comprend son erreur. Les signes grandioses de la présence divine, tels qu’ils se manifestent sur le Sinaï, ne sont rien. Il n’est possible à l’humain de le rencontrer que dans le silence profond de son être, là où il peut parler à son cœur. Il se révèle, dans ce récit, comme le Dieu différent que l’humain ne parvient jamais à saisir et bien connaître. Non plus le dieu lointain qui parle par la voix du voyant, mais comme le tout-autre qui parle au cœur de l’humain et cherche à entrer en relation avec lui.

     Ce qui fut possible pour Élie l’est peut-être aussi pour toi qui le cherches sans trop le savoir et sans plus le connaître. Un chemin s’ouvre pour toi, une route qui peut être longue et ardue. Il n’y a là aucune raison de se décourager. Comme Élie, tu peux recevoir de l’aide pour la traversée du désert. Laisse-toi aider et tu seras en mesure de gravir la montagne. Bonne route!

Roland Bugnon

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Chercher Dieu en tâtonnant

 

 

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