Une tente de sudation

Une tente de sudation

Le feu des pierres

silouhetteGérard Laverdure | 14 mai 2018

La Pentecôte me rappelle une expérience personnelle survenue le 6 novembre 1993 à Racine dans les Cantons de l’Est. J’y ai vécu un rituel amérindien dans une tente de sudation [1].

Il faisait froid et il neigeait à plein temps. Cela m’inquiétait.
Une tente basse, faite de branches et de couvertures de laine, nous attendait.
Nous avions fait un grand feu dans une petite clairière pour chauffer les pierres.
J’eus la responsabilité et le privilège d’être l’un des deux gardiens du feu,
Un homme et une femme pour entretenir le feu.

Le feu mit du temps à prendre sa vigueur.
À cause de l’humidité dans le bois mais aussi parce qu’il prend son temps.
Certaines bûches s’enflammaient bien mais d’autres devaient être chauffées.
Tout près du feu pour se préparer à leur mission.
Puis nous avons installé les pierres sur leurs supports de bois enflammés.

On peut brûler des pierres me suis-je demandé?
Le feu du cœur de la Terre Mère transforme bien des montagnes de roches
En fleuves de feu depuis des milliards d’années…
Certaines pierres se sauvaient hors du feu lorsqu’une section du support s’effondrait.
Je devais les replacer au centre du feu, avec une fourche, malgré la chaleur intense.

Les pierres ont pris couleur de feu, jusqu’à blanchir car elles avaient chauffé plus de six heures.
Certaines ont éclaté sous la chaleur. Elles étaient remplies du feu de la Terre Mère.
La dernière à émerger des braises était ouverte sur toute la longueur de son ventre,
Ses entrailles frémissaient envahies par le feu.
Elles allaient servir à nous ouvrir le cœur et le corps une fois sous la tente.

À garder puis contempler ainsi le feu pendant des heures,
Il est devenu le centre de ma conscience. J’existais pour ce feu.
Par moment, il m’a enfumé puis brûlé de ses rafales d’étincelles inattendues.
Il m’a entraîné dans ses flammes vives et ses braises intenses.
Il m’a fasciné et s’est emparé de moi.
Je n’étais plus seulement le gardien du feu,
J’étais devenu le feu, UN avec lui.

Bien sûr je me suis rappelé un certain Abraham et son alliance de feu avec Yahvé.
Un certain Moïse et sa rencontre de feu au buisson ardent dans le désert.
Un certain Jérémie, prophète, et son feu intérieur dévorant, incontrôlable.
Et Jésus, au cœur de feu et aux paroles brûlantes, venu allumer un grand feu sur la terre.
D’ailleurs, nos vieilles images les représentaient, lui et sa mère, le cœur en feu.

Après son départ, le Souffle de son feu s’est répandu sur toute la terre.
Son Feu embrase et transforme les cœurs de pierre en cœurs de chair, si on l’approche.
Son Feu, son Souffle s’installent à demeure en nous. Jusqu’à faire UN avec nous.
Alors je vous souhaite ardemment de passer au feu, de vous approcher de Lui,
De vous laisser brûler par son Feu bouleversant.

Gérard Joseph Ismaël brûlant – 16 janvier 1994

Caravane

La lampe de ma vie

Les événements de la vie nous confrontent et suscitent des questions. Si la Bible n’a pas la réponse à toutes nos questions, telle une lampe, elle éclaire nos existences et nous offre un certain nombre de repères.

Inipi

[1] La hutte de sudation, sweat lodge, ou encore inipi (en langage sioux) est une cérémonie amérindienne de soins et de purification. Utilisée par les indiens d’Amérique du Nord, elle leur permet de se connecter avec les quatre éléments que sont la terre, l’eau, l’air et le feu. La vapeur (produite par l’eau versée sur des pierres chauffées à blanc) unissant chaque participant aux éléments du monde à l’intérieur du ventre que représente la hutte. On peut comparer l’intérieur de la hutte à la matrice, le ventre de la Terre Mère. Elle purifie ainsi le corps et l’esprit. Elle est couramment utilisée de nos jours à des fins thérapeutiques (relaxation, guérison) comme à des fins spirituelles.