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Rencontres de foi
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La foi et la rencontre du Christ (13/32)

 

La foi du lépreux
(Marc 1, 40-45)

Alors que Jésus parcourt la Galilée, un lépreux accourt vers lui, en transgressant des règles strictes lui interdisant tout contact avec les autres. En effet, la législation sur la lèpre était très sévère comme l’atteste le Lévitique qui consacre deux chapitres à cette maladie.

     L’un énumère les différents types de lèpre (chapitre 13), tandis que l’autre détaille les rites de purification en cas de guérison (chapitre 14). La plupart des maladies cutanées, allant de la simple gerçure à d’autres plus sérieuses comme le psoriasis ou l’eczéma, sont classées dans la catégorie de la lèpre. La lèpre en tant que telle existait bel et bien. On connaît le cas des Égyptiens (Exode 9, 8-12), de Myriam la sœur de Moïse (Nombres 12, 10-15), de Naaman le Syrien (2 Rois 5), du roi Ozias (2 Chroniques 26, 19-32), et des lépreux dont parlent les évangiles. La vraie lèpre, causée par le bacille de Hansen, est la plus redoutable des maladies infectieuses et contagieuses. Cela explique l’exclusion du malade pour éviter la contagion. Le vocabulaire utilisé en dit long sur la gravité de la maladie. Le mot hébreu nèga’ que l’on utilise pour désigner la lèpre signifie d’abord un « coup »; et le verbe naga’ se traduit par « frapper, donner un coup ». On dira donc qu’une personne est « frappée » de lèpre. On fera même le lien entre le péché et la lèpre, celle-ci étant le châtiment divin par excellence.

40 Un lépreux vient auprès de lui ; il le supplie et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » 41 Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »
42À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. 43 Avec rudesse, Jésus le renvoya aussitôt 44 et lui dit : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour tous un témoignage. »
45 Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

     Le récit ne fait aucune mention de la foi du lépreux, mais on ne saurait la nier. Son audace en témoigne hors de tout doute. On ne peut transgresser les règles d’exclusion sans être mu par une foi que Jésus compare ailleurs à une graine de moutarde qui, malgré qu’elle soit minuscule, a le potentiel de transporter et jeter les montagnes dans la mer. Le lépreux exprime sa foi en se prosternant devant Jésus, comme on le fait devant Dieu, et en le suppliant de le guérir. Jésus ne se dérobe pas, il est ému de compassion et touche celui que la Loi interdit de toucher. Lui aussi transgresse les règles, devenant impur à son tour, inapte à rendre un culte à Dieu.

     La compassion de Jésus, c’est la miséricorde divine qui envahit tout son être jusque dans les profondeurs de ses entrailles. La supplication du lépreux laisse place à la liberté de Jésus. Si tu le veux, tu peux… La miséricorde oriente la liberté de Jésus, comme elle est la disposition intérieure qui pousse Dieu à se tourner vers l’homme pour le libérer de ses esclavages. Voici que Jésus rétablit le lépreux dans sa dignité et son intégrité physique, lui qui était exclu de toute relation avec les hommes et inapte à rendre un culte à Dieu, car il était considéré comme un pécheur.

     Comme les autres guérisons, celle du lépreux témoigne de l’irruption des temps messianiques. Mais pourquoi Jésus, avec une certaine rudesse, interdit-il au lépreux de faire connaître la nouvelle de sa guérison? L’évangéliste a un message important à communiquer à ses lecteurs. Le lépreux a lui aussi touché l’intouchable, c’est-à-dire le mystère de la divinité de Jésus. Il ne lui appartient pas de s’en faire le héraut alors que Jésus exerce la mission reçue du Père avec humilité comme un serviteur obéissant. Jésus ne veut pas que la révélation de son identité lui échappe avant l’ultime témoignage du don de sa vie et de la victoire sur la mort. Même si une force puissante émane de lui, manifestation de sa communion avec le Père, Jésus ne veut pas être réduit à un rôle de thaumaturge. Il veut plutôt qu’on le suive à cause de l’Évangile, qui seul est capable de transformer et renouveler en profondeur l’être humain.

Yves Guillemette, ptre

Source : Le Feuillet biblique, no 2359. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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La foi et la rencontre du Christ
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