Guide des nouvelles lectures de la Bible
sous la direction d’André Lacocque
traduction de Jean-Pierre Prévost
Paris, Bayard, 2005, 370 p.

Tout lecteur devient un interprète. Il assimile le texte à travers ses intérêts, ses préjugés et, en somme, à travers son identité. Pour s’aider dans cette intégration du message, il recourt à une méthode de lecture. Celle que les exégètes ont précisé et explicité pendant les deux derniers siècles est l’historico-critique, qui a pour but de cerner le plus objectivement possible la pensée de l’auteur biblique dans son milieu historique vivant, dans son contexte unique. Cette méthode s’est progressivement imposée au cours des deux derniers siècles, au point d’orienter la recherche de presque tous les exégètes.

     Une réaction contre, ou plutôt en marge de cette domination absolue, s’amorça vers les années 1960, afin d’élargir et de compléter les angles d’accès aux textes bibliques. Des chercheurs proposèrent plusieurs méthodes, dont il était souvent difficile d’évaluer la valeur respective. La meilleure manière de comprendre l’une ou l’autre de ces méthodes, c’était évidemment de suivre un maître qui en exposait les principes et qui l’appliquait à un texte.

     La multiplication de ces nouvelles approches donnait l’impression d’un foisonnement, dans lequel il était difficile de se retrouver. Aussi une sorte de panorama de ces méthodes, clairement rassemblées, permet de se faire une idée précise de ces nouveaux chantiers dans le domaine de l’exégèse biblique. L’excellent ouvrage que nous présentons ici répond parfaitement à ce besoin de clarification. Il décrit un large paysage, dans lequel sont groupées quinze nouvelles lectures de la Bible (voir ci-contre).

     L’exposé de chaque méthode ou « lecture » provient naturellement d’un spécialiste, qui en donne d’abord un exposé théorique, avec ses diverses ramifications. Ces explicitations se rattachent soit à un livre, à un personnage, à un texte biblique, ou même à une collection de livres (le canon). Les auteurs ne s’en tiennent donc pas à des principes, mais à des applications concrètes de la lecture que chacun privilégie. Chaque nouvelle lecture permet de découvrir des richesses ignorées jusqu’ici.

     Cette vue d’ensemble des nouvelles lectures de la Bible, relativement exhaustive et clairement classifiée, s’imposait depuis quelque temps. La manière de présenter chacune d’elles, avec ses principes et une application concrète, suscite l’attrait du lecteur, qui peut l’estimer et évaluer sa valeur. Il paraît étonnant, cependant, que la lecture sémiotique, pratiquée par plusieurs exégètes depuis une trentaine d’années, n’ait pas trouvé place dans cette revue.

Jean-Louis d’Aragon, SJ
Bibliste, Montréal