Moi, Paul!
François Vouga
Paris, Bayard; Genève, Labor et Fides, 2005, 311 p.

La personne et la pensée de l’apôtre Paul ont sans cesse suscité, au cours de deux mille ans, la réflexion et la méditation des exégètes, des théologiens et du peuple chrétien. Face à une nouvelle publication, on se demande ce que celle-ci peut apporter de nouveau. Et pourtant l’approche et le genre de l’étude que nous présentons ici sont d’une fraîcheur qui fascine le lecteur et provoque sa réflexion. L’auteur, professeur de Nouveau Testament en Allemagne, est bien connu par de nombreux ouvrages, dont une Théologie du N.T.

     Le titre, Moi , Paul! annonce une autobiographie, soi-disant rédigée par l’apôtre. L’ouvrage vise à nous introduire dans sa conscience, à nous mettre au cœur de sa réflexion sur son passé. En contraste avec les études ordinaires sur Paul, qui scrutent de l’extérieur sa personne et sa pensée à travers ses lettres et son milieu, cette méditation surgit de l’intérieur. Ce genre de mémoire s’apparente à des « confessions ». Celles-ci cependant ne font pas appel à l’imagination, elles s’inspirent uniquement des sept lettres reconnues pauliniennes par tous les exégètes. Le but n’est pas de répéter textuellement les paroles de Paul. La fidélité vivante est, par nature, créatrice.

     Au lieu d’une froide introduction, le lecteur découvre un « Prélude » vivant, qui, déjà, caractérise le genre de ces « confessions ». Leur seul but est de décrire une recherche de la vérité. Quelle en est l’origine, quel est son sens ? Quel est, enfin, l’objectif ultime de la vie humaine ? Après ses rencontres avec d’autres chercheurs de la vérité - sceptiques, épicuriens et stoïciens - Paul conclut, au terme de sa propre recherche que « tout est grâce ».

     Le missionnaire Paul se trouve au point d’arrivée d’une longue expérience - vingt années d’évangélisation - et au point de départ d’une nouvelle période. Ce séjour à Corinthe marque pour Paul une césure entre les deux étapes majeures de sa carrière.

     Une « Postface de Timothée, l’éditeur », rappelle le genre de cette autobiographie, que Paul aurait laissé à son disciple Timothée. Celui-ci, vers l’an 95, ignore ce qu’il est advenu de Paul. Il aurait quitté Rome pour l’Espagne, mais la suite demeure complètement obscure?

     Des dialogues avec des interlocuteurs fictifs font revivre les confrontations de Paul avec son entourage, mais toujours dans une sérénité, qui contraste avec le ton polémique de ses épîtres. La disposition typographique met souvent en relief les thèmes majeurs de cette méditation. Une « Table des matières » très détaillée énumère clairement les sujets traités dans chacun des chapitres. Ce guide facilite la lecture et la consultation de ces « confessions », qui reproduisent fidèlement, mais librement, la pensée de Paul, selon le principe de l’apôtre : « La lettre tue, mais l’esprit fait vivre. (2 Co 3,6)

Jean-Louis D’Aragon, SJ
Bibliste, Montréal