Le bon Samaritain
Yves Saoût
Paris, Bayard (Évangiles), 2007, 198 p.

Cette parabole de Jésus a toujours suscité, au cours de vingt siècles, une multitude de réflexions, inspiré de nombreux artistes et poètes, appelé des hommes et des femmes au don total d'eux-mêmes pour secourir les miséreux. Mais, le meilleur pouvant devenir le pire, des esprits critiques ont déformé et dénigré la charité que le Christ enseigne dans ce récit.

     Au début de cette vue panoramique d'exégètes, de théologiens, de saints(tes)..., inspirée par cet enseignement de Jésus,  il est normal de scruter d'abord le texte évangélique pour préciser sa portée originelle et sa signification pour la communauté de l'évangéliste Luc. À l'encontre de la haine et du mépris des Juifs envers les Samaritains, Jésus et Luc ont exprimé à leur égard une sympathie bien marquée.

     Une parabole met en scène des personnages typiques. Qui donc représente le "Bon Samaritain"? Clément d'Alexandrie et Origène, déjà au IIIe siècle, y découvraient le Christ, tandis que l'homme à demi mort figurait l'humanité en voie de perdition. L'Église, par ailleurs, qui a incarné ce personnage dans plusieurs saints(tes), pourrait aussi se retrouver en lui.

     La liste est longue des artistes inspirés par cette parabole dans des vitraux, des peintures, des sculptures, en littérature et en musique. Ces artistes n'appartiennent pas seulement à un passé chrétien, mais également à notre époque. Les interprétation modernes de cette parabole sont nombreuses, originales et parfois...déconcertantes.

     Au terme de ce déroulement séculaire, éblouissant de richesse variée, l'auteur pose six questions qui découle de cette parabole. « La compassion est-elle naturelle », innée dans notre nature? Quelle est l'essence même de l'amour? Peut-il être totalement désintéressé, comme celui du Samaritain? S'il est commandé, est-il vrai? Trois exemples dans le contexte international et trois autres dans le contexte national concluent cet ouvrage modeste et instructif, mais en même temps suggestif.

Jean-Louis d'Aragon, SJ
Bibliste, Montréal