ISBN : 978-2873243609
Dans ce petit livre, Pierre Mourlon Beernaert (PMB) se penche sur la christologie de l’Apocalypse. En fait, il s’emploie à retrouver le mouvement par lequel une communauté judéo-chrétienne au monothéisme strict en est venue à « inclure (...) la personne de Jésus-Christ dans l’être éternel de Dieu » (p. 58).
Agneau et Berger, le Christ de l’Apocalypse
Pierre Mourlon Beernaert
Bruxelles, Lumen vitae (Connaître la Bible 54), 2009, 80 p.
PMB commence par s’intéresser brièvement à une douzaine de titres qui sont appliqués à Jésus dans l’Apocalypse. Outre celui d’ »Agneau », qui est sans doute le plus le plus significatif, il se penche sur des titres comme « le Premier-né d’entre les morts », « l’Amen », « l’Alpha et l’Oméga ». Cette première démarche permet déjà au lecteur d’entrer dans la perspective christologique propre à l’Apocalypse.
Par la suite, PMB se demande comment les judéo-chrétiens sont parvenus en moins d’un siècle à une christologie aussi élaborée. En scrutant le vocabulaire et les expressions utilisées dans l’Apocalypse, PMB croit pouvoir identifier un processus de développement christologique qui s’est fait en six étapes. C’est ainsi qu’il consacre un chapitre de son ouvrage à chacune d’entre elles. Selon lui, la première étape se situe dans la confession de la résurrection de Jésus. De là, la communauté serait passée à l’étape de l’adoration du Seigneur Jésus en gloire, puis à celle d’attendre son retour en tant que Fils de l’homme des temps eschatologiques. La quatrième étape aurait consisté à reconnaître au Christ un rôle dans la Création. Le Seigneur serait alors devenu « le Premier et le Dernier, le Principe et la Fin » (Ap 22, 13). De là, il ne restait qu’un pas à faire pour intégrer la personne de Jésus dans l’être même de Dieu. C’est ainsi « qu’on en est déjà arrivé, à la fin du 1er siècle, à une telle perspective de la divinité ‘ontologique’ de Jésus Christ (...) La qualité divine du Christ est alors reconnue et affirmée » (pp 60-61). PMB illustre cela par le fait qu’un certain nombre de titres et d’attributs sont appliqués pareillement à Dieu et au Seigneur Jésus. Des exemples: « l’Alpha et l’Omega », « Celui qui scrute les reins et les coeurs ». Finalement, PMB identifie une 6e étape dans le fait que l’Apocalypse situe Jésus Christ aux côtés de Dieu et de l’Esprit. Bien sûr, il ne s’agit pas encore de la Trinité telle qu’elle sera définie dans les siècles suivants, mais déjà l’Apocalypse parle de Dieu en utilisant « une expression triadique (...) en termes triples » (p. 60). PMB note d’ailleurs que l’Apocalypse s’ouvre en affirmant d’emblée que la grâce et la paix proviennent « de la part du Dieu vivant, et de la part de Jésus Christ, et de la part de l’Esprit dans sa plénitude (ou l’Esprit septiforme) » (p. 64).
Bien que cette approche en six étapes paraisse un peu artificielle ou un peu forcée lorsqu’appliquée à l’Apocalypse, i l reste que le livre de PMB est fort éclairant. Il se lit aisément et on ne peut qu’en apprécier la clarté. L’angle christologique qu’il propose permet d’entrer dans l’Apocalypse et d’en faire une fructueuse lecture sans que l’on ait nécessairement besoin de savoir en décoder toute l’imagerie. En ce sens, le livre de PMB pourrait aider plusieurs de nos contemporains à s’apprivoiser à un livre biblique qui peut paraître bien rébarbatif. Guidés par PMB ils découvriront en l’Apocalypse tellement plus que l’annonce de fléaux effrayants. L’ouvrage de PMB est une étude exégétique, mais elle conduit presque naturellement à une lecture priante du texte biblique et elle ouvre une fenêtre sur la contemplation du mystère du Christ.
Michel Proulx
Chanoine Régulier de Prémontré
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