couvertureD’un amour brûlant
Michel-Marie Zanotti-Sorkine
Paris, Artège, 2019, 148 p.
ISBN  : 9791033608929

Bien connu de l’auditoire de l’émission La Victoire de l’amour par ses chroniques hebdomadaires, le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine publie un livre tentant de traduire en termes contemporains ce que l’homme de Nazareth aurait pu formuler pour les gens d’aujourd’hui.

Le père Marie-Michel met l’accent sur l’importance de la « (toute)-puissance » de Jésus se dévoilant par ses miracles comme le laisse entendre cet extrait : « Au récit de ces miracles, ne sois pas surpris de mes pouvoirs surnaturels » (p. 85). Le personnage de « Jésus » se raconte à partir de cette perspective divine comme le laisse présager le récit de la nativité (un mélange des textes de Matthieu et de Luc) (pp. 13-19) ou celui de la transfiguration (p. 108). Un des seuls passages où son humanité transparait, se retrouve dans l’épisode de Gethsémani (p. 126). Cette insistance tant sur les miracles que la divinité de Jésus fait parfois oublier le message central de l’amour même si cette thématique se décline tout au long du parcours narratif.

Ce livre nous offre les « pensées » de Jésus qui, de par sa condition divine et de ressuscité, s’exprime sans retenue sur l’état actuel de nos sociétés. Pour le père Marie-Michel Zanotti-Sorkine, le monde offre peu d’aspects positifs tant la déliquescence et la décrépitude modernes alimentent ce qu’il juge comme des dérives civilisationnelles. Certes, son approche peut être considérée comme légitime sur un plan pastoral, mais n’existe-t-il vraiment rien de valable dans notre monde comme la lutte pour une transition écologique, par exemple? La conviction chrétienne ne proclame-t-elle pas que Dieu est au cœur de celui-ci? De plus, il laisse dans l’ombre les considérations exégétiques [1] comme si cela entravait toute démarche spirituelle.

Cet ouvrage met l’accent sur l’affect. Il s’agit là l’une des grandes forces de ce livre : la dimension affective de la spiritualité. En cela, l’auteur s’inscrit dans une approche très en vogue actuellement : la relation personnelle à Jésus-Christ. Ce qui y manque est peut-être l’aspect communautaire de la foi chrétienne. Rappelons que l’objectif de l’auteur consiste avant tout à convaincre un lectorat, éloigné du christianisme, de se convertir.

D’une qualité de langue exceptionnelle, la lecture est agréable et les chapitres sont émaillés d’humour. Cet essai spirituel se lit aisément, même si le contexte est davantage français que nord-américain. D’une certaine façon, l’auteur nous livre sa foi et ses croyances bien davantage qu’une épître moderne de Jésus nous étant adressée.

Le père Michel-Marie Zonotti-Sorkine, par son regard parfois amusé, parfois triste, nous révèle toute sa fragilité et sa vulnérabilité. Même si l’humanité des personnages bibliques est à peine effleurée, l’auteur nous y livre paradoxalement sa propre humanité désarmée en quête de sens.

Diplômé en études bibliques (Université de Montréal), Patrice Perreault a travaillé pendant longtemps en milieu paroissial. Il est maintenant impliqué dans divers groupes communautaires à Granby.

[1] L’auteur s’inspire très librement des textes bibliques présentés sans une mise en contexte. Certains de ses propos reprennent des lieux communs du christianisme. Par exemple, il confond Marie-Madeleine avec la pécheresse dans l’évangile de Luc (7,36-50) (p. 73). Dans cet évangile, il s’agit de deux personnages distincts. Autre exemple : l’auteur fait sienne une lecture répandue de Lc 8,2 : la guérison de Marie-Madeleine est associée à une conduite éthique jugée douteuse en matière de sexualité plutôt qu’à un état de problèmes physiques entraînant des séquelles fâcheuses (p. 72). Rien, dans les évangiles, ne permet de corroborer cette affirmation.

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