THESSALONIQUE 5/6

La condition chrétienne

Saint Jason

Thessalonique, octobre de l'an 60. Constatant l'hospitalité avec laquelle Jason m'avait accueilli chez lui à Thessalonique, je compris que c'était là une qualité qui coulait comme de source de sa foi en Jésus. Il me confia qu'une parole de Jésus était à l'origine de ce comportement qui lui était devenu si naturel. Cette parole avait fait l'objet d'une catéchèse, lors d'une assemblée de la communauté réunie le jour du Seigneur pour la fraction du pain. Il me la répéta avec dévotion : « J'étais étranger et vous m'avez accueilli... Tout ce que vous faites aux plus petits de mes frères, c'est à moi que vous le faites. » Tel était donc le secret de Jason : en m'accueillant, il donnait hospitalité au Christ Jésus. Il produisait des œuvres qui étaient vraiment en cohérence avec sa foi. C'était probablement pour cette raison que la renommée de la foi des Thessaloniciens avait fait le tour de toute la Macédoine et s'était même étendu dans les provinces voisines. Sans se déplacer, ils étaient devenus des missionnaires, des porteurs eux aussi de la Parole de Dieu.

L'amour fraternel apparaît donc comme le signe le plus expressif de la transformation qu'opère la foi au Christ dans la vie du chrétien. Cet amour a d'autant plus d'impact, me confia Jason, qu'il ne laisse personne indifférent dans la société grecque où l'on pense que l'amitié n'est possible qu'entre personnes de même niveau social. Que dire alors lorsque des maîtres et des esclaves se retrouvent ensemble au sein de la communauté chrétienne : leur relation ne peut plus être la même. C'est le Christ que chacun voit dans l'autre et, alors là! il n'est plus question de faire peser le joug d'une domination inhumaine. Mais, faut-il le dire, la conversion à l'amour fraternel n'est pas facile, elle exige des efforts tant les modèles culturels sont tenaces. Mais de telles transformations donnent de la crédibilité à la foi au Christ. Le caractère universel de l'amour vécu et exigé de ses disciples par Jésus venait à la rencontre du désir de fraternité universelle des Grecs. C'était, pour ces gens de tempérament plutôt rationnel, une autre raison de croire en Jésus.

Jason ne tarissait pas en me parlant de sa foi qui avait opéré de telles transformations dans sa vie. Tout en discutant, il aborda la question de l'espérance. Avant de devenir chrétien, Jason, comme ses compatriotes, attendait quelque chose de l'avenir, telle la paix de la cité. Tout en continuant de vivre en bon citoyen, il mettait maintenant son espérance en Jésus qui, au moment de quitter ses apôtres, avait promis de revenir revêtu de la gloire de Dieu. Le Ressuscité avait assuré ses disciples de leur faire partager sa propre vie au terme de leur existence terrestre. Tous ceux qui ont mis leur foi en lui goûteraient alors à la joie du Royaume. Les propos de Jason était empreint d'une certaine impatience. Je me promis de le questionner là-dessus.

Pour aller plus loin :

Sur la condition chrétienne, lire le chapitre 1 de la Première lettre aux Thessaloniciens. Sur l'amour fraternel, lire les versets 9 à 12 du chapitre 4 de la même lettre, ainsi que le billet de Paul à Philémon.

Yves Guillemette

Début de la série :
Thessalonique, capitale de la Macédoine

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La Parole, créatrice de la foi