En
toute fidélité
Jésus tenté
au désert (Mt 4,1-11)
Autres lectures : Gn 2,7-9.
3,1-7a; Ps 50; Rm 5,12-19
Ah! les tentations! Elles nous guettent à chaque coin de rue. Les truffes au chocolat de la pâtisserie, les boucles
d'oreilles de la bijouterie, le p'tit verre avant de prendre le
volant et même... la serveuse au restaurant! Oui, dans le
langage courant, une tentation prend bien souvent une connotation
morale. Cela relève du domaine des plaisirs de la vie. Ce
qui n'est pas essentiel et qui risque d'éveiller nos sens
n'est sans doute « pas très catholique ».
Il en va bien autrement dans le récit des tentations de Jésus.
Si le démon l'invite à changer les pierres en pain,
ce n'est pas dans le but de le faire pécher par gourmandise!
Dans le récit de Matthieu,
les tentations tournent plutôt autour de l'idée de
trahison, comme dans la première lecture d'ailleurs. Jésus
refuse les avances du démon pour ne pas trahir la confiance
de son Père qui vient de l'appeler « mon Fils bien-aimé ».
Il montre donc qu'il est ce que le peuple d'Israël n'a jamais
réussi a être parfaitement: le vrai Fils de Dieu. Il
réussit à se montrer parfaitement digne de ce titre.
Comment cet épisode de la
vie de Jésus peut-il éclairer notre propre vie, notre
expérience quotidienne? À moins d'être quelque
peu perturbés psychologiquement, nous ne saurions prétendre
que le démon se présente à nous comme dans
le récit évangélique. Et d'ailleurs, qui pourrait
affirmer que le texte rapporte fidèlement les faits, tels
qu'ils sont survenus? Il s'agit probablement plutôt d'une
représentation symbolique et imagée de l'ensemble
des tentations qui guettèrent Jésus tout au long de
sa vie. Cela n'empêche pas qu'elles se soient manifestées
de façon bien réelle, par le truchement des gens ou
des événements. Ce qui importe d'examiner, c'est bien
plutôt la nature des tentations dont il est question. La tentation
de transformer les pierres en pain équivaut à réduire
le réel, la création, la nature à un garde-manger
pour satisfaire son estomac. Ou encore à tenter d'avoir la
mainmise sur notre monde, sans égard pour son caractère
sacré. C'est aussi le refus de sentir en son corps les limites
de la condition humaine. En résistant à cette tentation,
Jésus montre que la force de l'être humain c'est d'être
plus qu'une bête qui se contente d'assouvir son appétit.
Jésus est ensuite tenté
de mettre le Seigneur à l'épreuve, d'exiger quelque
chose de Dieu, en vertu de son titre de Fils. Jésus montre
que le fait d'être baptisé ne donne aucune protection
magique qui permettrait à quelqu'un de se conduire en irresponsable.
La troisième tentation est
celle de l'idolâtrie. L'idée ne nous viendrait peut-être
pas aujourd'hui de nous prosterner devant des représentations
de divinités païennes. Mais l'idolâtrie existe,
quand une valeur absolue est accordée à quelqu'un
ou quelque chose qui ne le mérite pas. Les exemples ne manquent
pas. Le fanatisme, qu'il soit de type religieux, politique ou tout
autre en constitue la manifestation la plus évidente.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique
no 1742. Toute reproduction de ce commentaire, à des
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du Centre
biblique de Montréal.
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