Pardonne-nous
nos offenses !
Parabole du débiteur impitoyable
(Mt 18,21-35)
Autres lectures : Si 27,30-28,7;
Ps 102; Rm 14,7-9
« Remets-nous nos dettes comme nous-mêmes
avons remis à nos débiteurs (...) Oui, si vous remettez
aux hommes leurs manquements, votre Père céleste vous
remettra aussi; mais si vous ne remettez pas, votre Père
non plus ne vous remettra pas vos manquements » (Mt 6,12.14-15).
La parabole du débiteur impitoyable (Mt 18, 23-35) illustre
la demande exprimée dans la prière du Seigneur, la
seule d'ailleurs à comporter une condition de réalisation:
miséricorde divine et pardon humain sont intimement liés.
C'est d'ailleurs ce qu'exprime aussi la béatitude Heureux
les miséricordieux, ils obtiendront miséricorde (sous
entendre: de la part de Dieu) (Mt 5,7).
Qu'est-ce
qui vient en premier?
Aussi bien le
texte du Notre Père et le commentaire qui le suit que la
parabole du débiteur affirment clairement que le pardon de
Dieu est conditionnel au pardon des humains. Cette prise de position
heurte la sensibilité des chrétiens car ceux-ci savent
bien qu'ils seront toujours en déficit par rapport à
la miséricorde divine. Cependant il ne faut pas oublier le
début de la parabole (Mt l8,23- 27). Le roi prend l'initiative
de remettre, sans condition, une dette énorme à son
serviteur insolvable qui le suppliait. À cause de cette remise
de dette dont il a bénéficié, on pouvait attendre
de lui qu'il fasse preuve de la même générosité
envers son compagnon de service.
La parabole --
comme d'ailleurs la prière du Seigneur (Mt 6, 9 13) -- s'adresse
à des chrétiens qui ont déjà été
pardonnés par le Père. La reconnaissance de cette
situation doit amener le croyant à exercer à son tour
la miséricorde; il y va de la vérité de son
engagement de disciple.
Le pardon ne présuppose
même pas le repentir. Lorsque Pierre demande à Jésus
s'il doit pardonner jusqu'à sept fois (Mt 18, 21), il n'est
pas mentionné que l'offenseur regrette son péché
et demande pardon. Le disciple de Jésus, comme Dieu lui-même,
doit être prêt à pardonner indéfiniment
et sans condition.
La venue
du Règne
L'introduction
de la parabole nous avertit qu'il ne s'agit pas seulement de règles
de conduite privées. Les rapports entre les personnes, à
l'intérieur d'une communauté qui se veut chrétienne,
concernent le Royaume. La manière dont les disciples de Jésus
exercent la miséricorde se répercutera sur le jugement
de Dieu, lors de la venue définitive du Royaume. Prier en
disant « Que ton Règne vienne » implique
qu'on puisse aussi dire, en toute vérité : « Remets-nous
nos dettes comme nous-mêmes avons remis à nos débiteurs. »
Jérôme Longtin, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1762. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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