Quand
Dieu cherche...
Les ouvriers de la onzième
heure (Mt 20,1-16a)
Autres lectures : És
55,6-9; Ps 144; Ph 1,20c-24.27a
La parabole des ouvriers de la dernière
heure peut paraître scandaleuse. On y donne en exemple un
patron qui paie des ouvriers, qui n'ont travaillé qu'une
heure, au même tarif que ceux qui ont peiné tout le
jour. Pour mieux comprendre cette page d'évangile, il faut
savoir qu'une parabole est composée pour attirer l'attention
sur une réalité qui n'est pas évidente. L'objet
de la comparaison est choisi pour surprendre, et voire choquer.
Dans le cas présent, la comparaison n'est pas là pour
nous enseigner la justice sociale, que nous connaissons bien et
que nous ne pratiquons pas toujours, mais pour nous enseigner d'autres
valeurs, une autre réalité, celle du Royaume «
des cieux », c'est-à-dire de Dieu.
Dans la Vigne
qui est le Royaume de Dieu, nous sommes tous invités à
travailler. On pourrait dire que c'est le plein emploi. C'est même
Dieu qui prend l'initiative de nous appeler. Il est patient et il
attend l'heure favorable. Nous sommes tous appelés au même
salaire et nos normes de concurrence « de premiers et de derniers
» sont complètement renversées.
Qui sont
ces derniers? Qui sont ces premiers?
Les premiers sont
d'abord les auditeurs de Jésus, pharisiens, docteurs de la
Loi et scribes qui se considèrent comme des justes. Ils protestent
contre l'attitude de Jésus, -- qui traduit celle du Maître
(le Père) --, qui fait bon accueil aux pécheurs, aux
impurs, aux marginaux de la société et de la religion
d'alors, les derniers en somme. Les premiers appelés sont
aussi le peuple de la première alliance, les derniers sont
tous ces non-juifs, grecs, romains, chypriotes, crétois,
arabes, etc., qui accueillent l'Évangile.
Le tort des premiers
ouvriers, c'est de faire de la justice de Dieu une question mathématique
de pure justice distributive. Pour eux le salut et la rétribution
sont une question de droit et de privilège qu'ils ne veulent
pas partager avec les autres qui ne l'auraient pas gagné,
comme eux, en observant la Loi. Les rapports de Dieu avec nous sont
d'un autre ordre, non pas quantitatif, mais qualitatif. Nous sommes
son oeuvre et l'objet de sa tendresse, de sa compassion et de sa
miséricorde.
Pour lui, il n'y
a ni premiers, ni derniers. Nous sommes tous l'objet de sa sollicitude
et sa bonté, même si nous sommes très différents
les uns des autres. Pour lui n'y a pas de frontières, ni
de races supérieures. Pour lui personne n'est exclu de son
Royaume; mais, il appelle chacun à son heure à travailler
à Son projet: faire de cette terre, une seule maison de justice,
de paix, de fraternité et de pardon. C'est le Royaume de
Dieu, déjà commencé ici et maintenant, qui
trouvera sa plénitude et son achèvement, lorsque les
temps seront accomplis.
Laurent Lafontaine, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1763. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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