Philippe et Thomas! Leurs propos font voir le questionnement et l'angoisse des premiers chrétiens, dévoilant une méconnaissance de Jésus (v. 9), une ignorance de son identité (v. 5), voire une certaine cécité (v. 11). Mais au-delà de cela, que manque-t-il vraiment aux disciples, avant la mort de leur maître et après sa résurrection? Ne serait-ce pas un regard inspiré par la foi? Il leur faudra un certain temps pour en arriver à une interprétation renouvelée de leur foi. Comme aujourd'hui, la réflexion s'impose sans cesse pour passer d'une foi-savoir à une foi vivante en Quelqu'un. À une foi qui n'est pas reçue une fois pour toutes, mais qui est continuellement reçue parce qu'elle est continuellement donnée et qui se déploie dans des situations culturelles et historiques précises.

Jésus et le Père

     À l'heure du départ de Jésus, les disciples mesurent leur faiblesse. Jésus veut les rassurer et il s'auto-révèle. Il ne s'en va pas dans un lieu géographique. Sa présence n'est pas à concevoir dans l'espace; elle est d'ordre mystique, personnel.

     Jésus, par sa parole, ses actions et sa vie concrète, exprime humainement le Père. Le Père parle en lui et par lui: « Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même; mais c'est le Père qui demeure en moi et qui accomplit ses propres oeuvres. » (v. 10) Jésus est le visage du Père. Il ne faut pas attendre d'autre expression du Père que celle que le Fils a dévoilée. C'est par Jésus que les croyants découvrent l'amour du Père. Jésus est, non pas un chemin, mais le chemin qui conduit au Père en le révélant. Telle est la réponse donnée à la requête pressante de Philippe: « Montre-nous le Père. » (v. 8)

La foi et ses oeuvres

     Ce dialogue de Jésus avec les disciples nous apprend beaucoup sur la foi. Croire, c'est donc aller au Père par le Fils, c'est voir le Père à travers le Fils. Mais un autre volet est aussi présenté, étonnant, presque incompréhensible. Croire, c'est faire les oeuvres du Fils, et des plus grandes; c'est laisser agir le Fils qui se continue en nous. Jésus vivant, le Fils à qui nous appartenons, est avec nous pour affronter les difficultés et les impasses, pour vaincre les limites, les doutes et les angoisses.

     Il est bon d'entendre cette affirmation que les disciples sont assimilés à Jésus et qu'ils feront comme lui les oeuvres du Père. Ainsi, nous sommes mis en situation de service sur les chemins du monde. La parole annoncée et les activités accomplies manifestent la présence du Père et l'action de Jésus.

Julienne Côté, CND

Source: Le Feuillet biblique, no 1752. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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