L'infatigable
Esprit
La
glorification mutuelle du Père et du Fils (Jn 17,1-11a)
Autres
lectures : Ac 1,12-14; Ps 27 (26); 1 Pi 4,13-16
Pour parler de l'Esprit de Dieu, la Bible s'exprime
en terme de déplacement d'air. Parfois, il s'agit
du vent, une force un peu mystérieuse, que l'on ne voit pas
mais dont on voit les effets. Il gonfle les voiles des navires pour
les amener vers de nouveaux horizons. Il transporte les graines
des fleurs et des plantes pour que la vie s'étende au loin.
Bref, son action fait bouger les choses. L'autre image importante
et apparentée à la première, c'est le souffle.
Le souffle caractérise l'être vivant animé.
Le souffle, c'est la vie. On peut se passer de nourriture pour quelques
jours, de boire pour une ou deux journées, mais de respirer,
pas même cinq minutes!
Déplacement
et vitalité, deux mots qui décrivent l'action de l'Esprit
au sein de la communauté chrétienne. Bien sûr,
le visage actuel de l'Église ne reflète pas toujours
ces réalités. On a parfois l'impression qu'elle se
laisse davantage porter par les dernières énergies
de ses institutions que par le souffle du Seigneur. L'heure de la
mission semble révolue; voici celle de la dé-mission!
Propos pessimistes
ou réalistes? Peu importe, l'intérêt se situe
davantage sur ce que réserve l'avenir. La prudence s'impose
quant aux prédictions. Pourquoi alors ne pas plutôt
examiner le passé et les traces que Dieu y a laissées?
Prenons le récit de l'évangile d'aujourd'hui. Les
disciples se trouvent dans un cul-de-sac. Non seulement ont-ils
perdu leur Maître, mais un groupe d'opposants cherche à
leur nuire. Pas de quoi voir l'avenir en rose! C'est alors que survient
l'inattendu, l'inespéré: Jésus est là,
au milieu d'eux.
Le récit
ne mentionne pas les conséquences de cette rencontre. Mais
elles sont bien connues. Sans tarder, le groupe des disciples se
remet de l'épreuve et s'engage avec une ferveur inouïe
à prolonger la mission de Jésus. Une telle issue peut
sembler relever de la « pensée magique » si on
cherche à la transposer exactement à la situation
actuelle. Mais si on élargit la perspective, il faut bien
constater que l'Église n'en est pas à ses premières
embûches et pannes. D'âge en âge, elle est parvenue
à s'en tirer. Chaque fois, cependant, la question se pose:
est-ce simplement un sursis?
Peut-être
aussi que les soubresauts qui frappent l'Église depuis quelques
générations sont des poussées de l'Esprit.
Peut-être lance-t-il un appel à tourner la page et
à quitter les sentiers battus pour explorer de nouveaux terrains.
C'est le message qu'envoie l'évangéliste Luc dans
la première lecture, tirée des Actes. L'Esprit intervient
pour qu'éclatent les frontières et que la Bonne Nouvelle
retentisse aux quatre coins du monde, portée par de nouvelles
jambes et de nouvelles voix.
Jean Grou
Source: Le Feuillet biblique,
no 1755. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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