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Dimanche des Rameaux A - 28 mars 1999
 

Une passion pour le monde

La passion selon saint Matthieu (Mt 26,14-27,66)
Autres lectures : Mt 21,1-11; És 50,4-7; Ps 20 (21); Ph 2,6-11

 

Plus qu'un simple compte-rendu de faits du passé, les récits de la Passion transmettent une catéchèse sur le sens de la vie, de la mort et de la résurrection du Christ. Mais au-delà de ces enseignements théologiques, il s'en dégage un saisissant portrait des drames qui marquent l'existence humaine. Cet épisode des évangiles qui se déroule en quelques heures et dans un cadre spatial restreint, se répand dans l'espace et le temps. Il projette une lumière sur de multiples expériences de la vie. Évoquons-en quelques-unes.

L'appât du gain

     Pour les évangélistes Luc et Jean, l'emprise de Satan sur Juda conduit celui-ci à trahir Jésus (Lc 22,3-6; Jn 13,27). Pour Matthieu et Marc, seuls des motifs bassement matériels semblent animer le traître. Il livre son Maître pour la « modique somme » de « trente pièces d'argent », comme le précise Matthieu. Pris au piège de l'argent, Juda y entraîne Jésus. De nos jours, le même piège prend différents visages qui nous sont bien familiers: exploitation des plus faibles, épuisement des ressources naturelles, mised à pied aveugles, détournements de fonds... Autres temps... même moeurs?

L'abandon

     Une fois arrêté, Jésus se voit abandonné par ses disciples qui pourtant lui juraient fidélité un peu plus tôt (26, 35.56). Bien plus, Pierre va même jusqu'à nier le connaître (26, 69-75). Combien de personnes se retrouvent soudainement isolées quand survient le malheur? Les beaux engagements, les gestes de dévouement, les déclarations de fidélité s'envolent comme par enchantement! Perte d'emploi, aide sociale, incarcération, dépression, maladie (certaines plus que d'autres d'ailleurs!), autant d'épreuves qui se doublent souvent d'une rupture dans les relations. Au moment où nous aurions le plus besoin de soutien, nous voilà laissés pour compte! La situation inverse se présente aussi, bien sûr. Comme il est tentant d'éviter la personne qui risque de devenir casse-pieds avec ses « bobos »!

La violence

     Tout le récit de la Passion se déroule avec la violence comme toile de fond. Elle se présente d'abord au moment de l'arrestation de Jésus. Un de ses disciples tire l'épée et tranche l'oreille du serviteur du grand prêtre (26, 51). Réflexe de survie, légitime défense. Ne faut-il pas protéger le Maître innocent? S'il ne fait rien, le disciple ne sera-t-il pas accusé de l'abandonner? Ce coup d'épée offre plutôt l'occasion à Jésus de s'expliquer sur l'attitude qu'il adoptera jusqu'à sa mort (26,52). Il évite de recourir aux moyens de défense habituels car il met sa confiance ailleurs. Il se soumettra donc à la tortue, sans répliquer (27,26.29-30.35). Briser le cercle de la violence en évitant de contre-attaquer, n'est-ce pas une des lignes de force de l'Évangile? Après vingt siècles de christianisme, nous n'avons manifestement pas encore appris la leçon! Mais qu'en serait-il sans le Christ?

L'angoisse

     Marchant résolument vers sa mort, Jésus n'échappe pas à l'angoisse. Quelle intensité que cette scène au Jardin des Oliviers (26, 42)! Aussi pesante que ces moments où une épreuve nous assaille, où une inquiétude nous tenaille rendant notre âme triste à en mourir (26,38). Un poids que nous portons et qui fait surgir cette question de Gerry Boulet: « Qui me guérira? » Ou encore ce cri de détresse du crucifié, inspiré du Psaume 21 (22) : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné? »

Jean Grou

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1747. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Je suis la résurrection