Bien au-delà
de la Loi!
Le pur et l'impur (Marc
7,1-8.15-15.21-23)
Autres lectures: Dt
4,1-2.6-8; Ps 14 (15); Jc
1,17-18.21b-22.27
Jésus, rapporte l'évangéliste Matthieu, avait
dit un jour: « Je ne suis pas venu abolir la Loi, mais
la conduire à sa perfection. » (Mt 5,17) Ces paroles
révèlent un malaise à propos de la compréhension
de la Loi. Mal interprétée, elle risque d'être
vidée de sa moelle au lieu de nourrir ceux qui doivent l'accomplir.
En effet, si la Loi de Dieu paralyse les croyants au lieu de les
stimuler dans leur recherche spirituelle, c'est qu'elle est dénaturée.
Voilà ce dont Jésus veut préserver ses auditeurs
et ses disciples. Aussi, veut-il s'assurer d'être bien saisi:
« Écoutez-moi tous, et comprenez bien. »
(Mc 7,14)
Les commandements du Seigneur sont
un don précieux car ils nous protègent de notre faiblesse
naturelle. Par contre, laissés à eux-mêmes,
ils ne suffisent pas. Pour faire de nous des amoureux de sa Loi
à la manière du psalmiste qui chantait: « Ta
Loi fait mes délices. » (Ps 119, 47), pour vraiment
en goûter toute la saveur il faut les saisir par le « dedans
du coeur » (Mc 7, 21). Les pharisiens commettaient une
grave erreur en se glorifiant d'observer scrupuleusement la Loi.
De plus, ils épiaient les autres pour les prendre en défaut:
« Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition? »
(Mc 7, 5). Aussi, la Loi de Dieu s'était refermée
comme un piège sur leur propre vie au point d'en faire des
« hypocrites » (v. 6) et des observateurs de
leurs propres lois, tatillonnes et stérilisantes. Jésus
stigmatise cette attitude, et il ne trouve rien de mieux que de
leur servir, en guise de réponse, les paroles du prophète
Isaïe: « Vous laissez de côté les commandements
de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »
(Mc 7, 8)
Le piège dans lequel
sont tombés les pharisiens et les scribes, guette encore
tous « les honnêtes gens » de notre époque
car, pour pasticher Claudel, « ils ne mouillent pas à
la grâce ». Ils se font une cuirasse qui les empêche
de se laisser imprégner par les visites de Dieu. Dieu ne
peut les gratifier de son pardon: ils sont sans reproche. Dieu ne
peut les soutenir: ils sont forts; Dieu n'a pas à leur rappeler
sa Loi: ils ont la leur. Alors Dieu s'éloigne car sa Loi
d'amour a été pervertie. Elle a été
réduite à un édifice bâti sur des rites
extérieurs, sur des traditions anciennes mais que l'on a
vidées de leur âme. Cela était vrai au Temps
de Jésus comme au temps de Paul: « La lettre tue,
seul l'Esprit donne vie. » (2 Co 3, 6) Cela demeure vrai
au temps du poète comme au temps d'aujourd'hui. Bien sûr,
l'observance d'une Loi peut souvent nous contrarier, nous heurter
et même nous blesser. Mais elle peut devenir aussi une blessure
salutaire en creusant en nous un désir secret, celui de nous
libérer de notre esclavage. Cette libération nous
conduira au-delà de la Loi et nous fera « danser
de joie » (Ps 68,4).
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1804. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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