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Troisième dimanche de Carême A - 3 mars 2002
 
Des églises de pierres ou
des pierres vivantes?

L'eau vive et le culte nouveau (Jean 4, 5-42)
Autres lectures: Ex 17, 3-7 ; Ps 94 (95) ; Rm 5, 1-2.5-8

 

De nombreuses églises catholiques risquent d'être mises en vente, transformées ou carrément démolies, particulièrement à Montréal. Des catholiques et des citoyens de toutes allégeances s'inquiètent de ce qui adviendra du patrimoine religieux du Québec. Et que dire de l'héritage spirituel du christianisme! Comment a-t-il été transmis et accueilli? Quel héritage ou absence d'héritage transmettons-nous à la génération qui nous suit?

     Ici, je me rappelle une conversation téléphonique, au début de l'année, avec un ami palestinien qui me disait: « Je crains le temps où nos Églises deviendront des églises de pierres ». Et c'est d'autant plus vrai pour lui, qu'il appartient à la minorité chrétienne perdue au milieu de deux majorités, la musulmane et la juive. Des églises de pierres ou des pierres vivantes? Je pense qu'il affirmait ainsi le primat des personnes et des communautés sur les temples de pierres.

     On retrouve une affirmation semblable dans la première lettre de Pierre (2,4-5): « Approchez-vous de lui, la pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie, précieuse auprès de Dieu. Vous-mêmes comme pierres vivantes, prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ. »

     Il faudra bien en venir à la question fondamentale. Parce qu'il n'existe pas de religion parfaite, faut-il renoncer à toute forme de religion? Mais qu'est-ce donc que la religion? La religion est devenue le nouveau tabou moderne, celui qu'on ne brise pas facilement, sauf pour dénoncer les scandales et les aberrations. Les lieux et les occasions de faire un véritable partage de son expérience et de ses questions sont devenus rares. La vraie religion n'est pas à cantonner dans les églises ni à reléguer dans la sphère du privé. Il ne s'agit pas de faire de l'école publique, du collège ou de l'université un lieu de culte, mais de reconnaître que la question religieuse y a aussi une certaine place, non pas seulement pour la dénigrer, la critiquer (ce qui peut être sain), mais aussi pour en reconnaître la pertinence et surtout accueillir les personnes dans leur intégralité.

     La religion réfère d'abord à une expérience de foi (celle des autres et la sienne), à un second regard sur l'univers et le monde, à une certaine écoute de ses aspirations proprement humaines et à une recherche pour mettre un visage sur cette intelligence qu'on devine au moins obscurément dans ses oeuvres. Comment ne pas chercher à entrer en relation avec le mystère qu'on pressent à la source du nôtre? Comment en arriver à la véritable religion qui n'est pas emprisonnée dans des lieux ni des rites, mais celle qui se vit dans une société et un temps donnés et qui rejoint l'humain dans la profondeur de son mystère, la religion en esprit et en vérité? (Jean 4,23-24) Voilà la question toujours actuelle que Jésus de Nazareth abordait avec la Samaritaine et sa réponse est toujours éclairante: « Femme, crois-moi: l'heure vient - et c'est maintenant - où vous n'irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père... Dieu est esprit et ceux qui l'adorent, c'est en esprit et en vérité qu'ils doivent l'adorer ».

Laurent Lafontaine, ptre

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1873. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Avoir un regard juste sur Jésus