Notre passage d'évangile, tiré du discours d'adieu de Jésus prononcé lors de la Cène, nous fait assister à un va-et-vient entre la présence physique de Jésus au milieu des siens et son départ prochain, entre la venue de l'Esprit et la présence post-pascale de Jésus, le tout sur un fond de continuité dans la réalisation du projet de salut du Père. Il en résulte que le don de l'Esprit aura un double effet : une communion intime entre le disciple et le Fils : Vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi et moi en vous (v. 20); et l'expérience par le disciple de l'amour du Père à son égard : Celui qui m'aime sera aimé de mon Père (v. 21).

     L'Esprit est promis comme un don permanent : il sera pour toujours avec les disciples, il demeure déjà auprès d'eux car il est descendu et repose sur Jésus depuis son baptême, enfin il est en eux. L'Esprit jouera un rôle fondamental dans l'union des disciples avec le Fils, tel que Jésus le demande au Père : Il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous (v. 16). Mais une condition est cependant requise de la part des disciples : aimer Jésus et garder ses commandements. Cette double condition encadre notre passage (vv.15.21) et revêt donc une grande importance.

     Le couple aimer/garder qui a pour objet Jésus et ses commandements se trouve aussi dans le Deutéronome et a pu inspirer l'évangéliste. Dans le contexte de l'Alliance, il s'agit d'aimer Yahvé et de garder ses commandements. Une récompense est là aussi rattachée à cette double fidélité : l'amour indéfectible de Yahvé : Tu sauras que Yahvé ton Dieu… garde son alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l'aiment et gardent ses commandements (Dt 7, 9). Malgré les apparences, la substitution de Dieu par Jésus ne place pas ceux-ci en situation de concurrence car, dans l'esprit de l'évangéliste, le Père est à l'origine des paroles de Jésus.

     Que signifie donc «garder mes commandements», ou son parallèle «garder ma parole» ? L'objet de cette observance concerne toujours la révélation du mystère personnel et de la mission de Jésus, mis en rapport avec sa fidélité à accomplir l'œuvre du Père : donner la vie au monde. Il en ressort que le don de l'Esprit, promis à ceux qui aiment Jésus et gardent ses commandements ou sa parole, leur permettra de se maintenir dans la foi en celui que le Père a envoyé pour le salut du monde, et même d'entrer plus profondément dans l'intelligence du mystère et de la mission de Jésus.

Yves Guillemette, ptre

Source: Le Feuillet biblique, no 1882. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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« Personne ne va vers le Père sans passer par moi »