Les sanctuaires, les basiliques, les cathédrales sont des hauts lieux de culte fréquentés avec attachement par les croyants. Si les touristes visitent les temples chrétiens pour admirer ces espaces de beauté, les personnes croyantes s'y présentent pour prier et rencontrer leur Seigneur. Lieux de prière et d'intériorité, les églises-communautés sont superbes et resplendissantes de gloire lorsque les fidèles unis entre eux et avec Dieu conjuguent ferveur et silence, louange et intercession. Cette ambiance priante cependant est toujours à créer et à conquérir, liée qu'elle est à la foi et aux dispositions intérieures de tous et de toutes.

     La scène évangélique relate l'indignation et la colère de Jésus face à la profanation du Temple par les vendeurs. Rappelons que Jésus a été imprégné de la liturgie juive, qu'il a tenté vraisemblablement de prêcher dans la ville sainte. Aussi lorsqu'il franchit les portiques du Temple, à la fête de la Dédicace ou à l'approche de Pâque (2, 13; 11, 53), peu de temps avant son arrestation, lui, l'Envoyé et le Consacré du Père, ne peut que se dresser contre des pratiques aussi déshonorantes. En cela, il s'inscrit dans la grande tradition prophétique.

     Le trafic s'est installé au Temple, et le mensonge aussi, comme autant de ténèbres dissimulés dans le cours normal des choses. Jésus passe par là. Il prend possession du sanctuaire. Chez lui, la rigueur de sa conduite est en parfait accord avec ses paroles. Il est une présence, un chemin de vérité qui irrite et indispose les Juifs calculateurs, soucieux de leur pouvoir. Aussi, disent-ils : Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là? (v. 18). Quel signe?

     Un signe, c'est la splendeur de la vérité, qui se manifeste dans le visible. La purification du Temple prend ici valeur de signe. Le sanctuaire de Jérusalem, gardien de la Loi et des observances religieuses, sera détruit et réédifié, avait prévu Ézéchiel (chapitres 40 à 46). Jésus vient accomplir les annonces prophétiques. Il sera le serviteur souffrant qui passera par la condamnation et la mort, et fera passer de l'ancien Temple à un ordre nouveau. Le nouveau culte sera centré sur le corps ressuscité de Jésus, devenant ainsi la présence de Dieu dans le monde, digne de notre louange et de notre adoration. C'est grâce à l'Esprit que Jean, les premiers disciples et nous-mêmes percevons ce passage de la croix à la résurrection, du Temple ancien au Fils, maison de son Père.

Julienne Côté, CND
Bibliste et professeure au Collège Résina Assumpta

Source: Le Feuillet biblique, no 1944. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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