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Commémoration des fidèles défunts - 2 novembre 2003
 
La vie! La vie!

La venue des Grecs vers Jésus indique l'arrivée de l'heure
(Jean 12, 24-28)
Autres lectures : Isaïe 25, 6a.7-9; Ps 23 (24); Romains 8, 14-17

 

Arrêtons-nous un instant pour y penser : il faut de l'audace et du courage, avec une bonne dose de confiance en l'avenir, pour mettre en terre des grains qui pourraient être utilisés comme nourriture et espérer qu'ils vont produire du fruit alors qu'on sait bien qu'ils vont commencer par disparaître au point de se confondre avec le sol. Pour les Anciens, qui ignoraient une bonne partie des choses que nous savons aujourd'hui concernant la botanique et la génétique, le phénomène de la germination d'une plante et de sa croissance devait apparaître encore plus mystérieux qu'à nous.

     Jésus utilise cette image pour parler de sa propre mort. Il sait bien que le moment des choix décisifs est arrivé : ou bien il essaie de trouver un compromis avec les autorités juives pour sauver sa propre vie - cela impliquerait sans doute qu'il accepte de se taire et de ne plus annoncer le message dont il se sait porteur -, ou bien il va jusqu'au bout dans la fidélité à sa mission- et cela le conduit tout droit à la condamnation à mort. Même si son choix est clair, Jésus continue à voir venir sa mort avec angoisse : Père, sauve-moi de cette heure! (v. 27). Mais il sait bien que sa mort est la condition nécessaire à une fécondité plus grande : Qui aime sa vie la perd; qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle (v. 25).

     Jésus accepte de perdre sa vie, de l'offrir en toute liberté, pour répondre à l'appel de son Père, pour révéler le vrai visage de Dieu, un Dieu capable d'aimer jusqu'à se donner lui-même pour ceux et celles qu'il aime (cf. Jn 15, 13). En même temps, il offre à toute personne la possibilité de le suive sur le chemin qu'il choisit. Si quelqu'un me sert, qu'il me suive, et où je suis, là aussi sera mon serviteur (v. 26). Suivre Jésus, marcher à sa suite, ces expressions sont devenues techniques pour signifier: être son disciple. La marche à la suite de Jésus implique d'avoir à faire face, comme lui, à la passion et à la croix; elle implique qu'on accepte aussi de mettre en Dieu toute sa confiance, comme le semeur qui confie à la terre la semence, sûr que, malgré les apparences contraires, la moisson sera abondante.

     Lu, dans le contexte de la célébration du 2 novembre, ce texte invite les croyants et croyantes à regarder la mort avec les yeux de Jésus. On ne peut nier le caractère tragique de la mort; Jésus lui-même a été troublé par son approche. Mais il a fait confiance à Dieu, envers et contre tout. Ceux qui suivent Jésus et le servent sont associés à lui, non seulement dans sa souffrance, mais aussi dans sa glorification : où je suis, là aussi sera mon serviteur (v. 26). En Jésus, la mort n'est pas un échec, mais la porte d'entrée d'une vie nouvelle, transfigurée. Comme celle du grain semé en terre qui vit en surabondance dans la moisson.

Jérôme Longtin, ptre, bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1943. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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La dignité retrouvée