La vie!
La vie!
La
venue des Grecs vers Jésus indique l'arrivée de
l'heure
(Jean 12, 24-28)
Autres lectures : Isaïe
25, 6a.7-9; Ps 23 (24); Romains
8, 14-17
Arrêtons-nous un instant pour y penser : il faut de l'audace
et du courage, avec une bonne dose de confiance en l'avenir, pour
mettre en terre des grains qui pourraient être utilisés
comme nourriture et espérer qu'ils vont produire du fruit
alors qu'on sait bien qu'ils vont commencer par disparaître
au point de se confondre avec le sol. Pour les Anciens, qui ignoraient
une bonne partie des choses que nous savons aujourd'hui concernant
la botanique et la génétique, le phénomène
de la germination d'une plante et de sa croissance devait apparaître
encore plus mystérieux qu'à nous.
Jésus utilise cette image
pour parler de sa propre mort. Il sait bien que le moment des choix
décisifs est arrivé : ou bien il essaie de trouver
un compromis avec les autorités juives pour sauver sa propre
vie - cela impliquerait sans doute qu'il accepte de se taire et
de ne plus annoncer le message dont il se sait porteur -, ou bien
il va jusqu'au bout dans la fidélité à sa mission-
et cela le conduit tout droit à la condamnation à
mort. Même si son choix est clair, Jésus continue à
voir venir sa mort avec angoisse : Père, sauve-moi de
cette heure! (v. 27). Mais il sait bien que sa mort est la condition
nécessaire à une fécondité plus grande
: Qui aime sa vie la perd; qui hait sa vie en ce monde la conservera
en vie éternelle (v. 25).
Jésus accepte de perdre sa
vie, de l'offrir en toute liberté, pour répondre à
l'appel de son Père, pour révéler le vrai visage
de Dieu, un Dieu capable d'aimer jusqu'à se donner lui-même
pour ceux et celles qu'il aime (cf. Jn
15, 13). En même temps, il offre à toute personne
la possibilité de le suive sur le chemin qu'il choisit. Si
quelqu'un me sert, qu'il me suive, et où je suis, là
aussi sera mon serviteur (v. 26). Suivre Jésus, marcher
à sa suite, ces expressions sont devenues techniques pour
signifier: être son disciple. La marche à la suite
de Jésus implique d'avoir à faire face, comme lui,
à la passion et à la croix; elle implique qu'on accepte
aussi de mettre en Dieu toute sa confiance, comme le semeur qui
confie à la terre la semence, sûr que, malgré
les apparences contraires, la moisson sera abondante.
Lu, dans le contexte de la célébration
du 2 novembre, ce texte invite les croyants et croyantes à
regarder la mort avec les yeux de Jésus. On ne peut nier
le caractère tragique de la mort; Jésus lui-même
a été troublé par son approche. Mais il a fait
confiance à Dieu, envers et contre tout. Ceux qui suivent
Jésus et le servent sont associés à lui, non
seulement dans sa souffrance, mais aussi dans sa glorification :
où je suis, là aussi sera mon serviteur (v.
26). En Jésus, la mort n'est pas un échec, mais la
porte d'entrée d'une vie nouvelle, transfigurée. Comme
celle du grain semé en terre qui vit en surabondance dans
la moisson.
Jérôme Longtin, ptre, bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 1943. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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