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Deuxième dimanche de Carême B - 16 mars 2003
 
Changer son regard

La Transfiguration (Marc 9, 2-10)
Autres lectures : Genèse 22,1-2.9a.10-13.15-18; Ps 115 (116);
Romains 8, 31b-43

 

En ce deuxième dimanche de Carême, le récit de l'évangile fait partie de ceux où il se passe quelque chose d'assez inusité, pour ne pas dire spectaculaire. Jésus apparaît transfiguré à trois de ses disciples et ses vêtements sont resplendissants de lumière. Bien sûr, comme pour tous les écrits bibliques, il ne s'agit pas d'un reportage en direct des événements. La mise en scène élaborée par les rédacteurs sur la base de traditions est au service d'un message. Faut-il n'y voir cependant qu'une construction littéraire de Marc? Un épisode purement fictif formé d'un tissus de symboles? Peut-être bien. Peut-être pas. Difficile de trancher avec certitude, de retracer l'événement à la base de l'épisode...

     Quoi qu'il en soit, l'intérêt du récit se trouve surtout dans ce qu'il enseigne à propos de Jésus. Les parallèles avec l'épisode du don de la Loi au Sinaï abondent. La scène se déroule sur une montagne (Exode 24, 12-28), les vêtements de Jésus deviennent resplendissants, comme la figure de Moïse après qu'il eut rencontré le Seigneur (Exode 34, 29-35). Moïse lui-même apparaît et une voix proclame une nouvelle Loi : écouter le Fils bien-aimé. Par ailleurs, la présence de Moïse et d'Élie aux côtés de Jésus est significative. Le premier est le grand législateur d'Israël, le second est la figure prophétique dominante de la tradition juive. L'auteur indique ainsi que le Christ accomplit les deux volets essentiels des Écritures : la Loi et les prophètes.

     De façon naturelle, notre regard se pose sur Jésus. Or, il vaut la peine aussi de se situer du côté des témoins, les trois apôtres. S'il est impossible de vérifier l'événement en tant que tel, l'épisode de la transfiguration signifie néanmoins pour les trois disciples un changement radical dans leur façon de voir Jésus. L'instant de présence intime en compagnie du Maître leur a ouvert les yeux sur son Mystère à la fois bien réel et insaisissable.

     En ce début de Carême, retenons de cette page d'évangile que nous pouvons vivre ce temps fort comme un moment d'intimité destiné à renouveler notre regard sur le Christ? Retrouver la profondeur du mystère de sa personne, de sa vie, de sa mort et de sa résurrection. Nous laisser transformer par sa présence dans nos vies. Écouter sa parole. Celle-ci, comme le laisse entendre le récit avec la mention de Moïse et d'Élie, est à la fois Loi et voix prophétique. Loi évangélique, loi d'amour, de compassion et de charité attentive. Parole prophétique qui nous bouscule dans nos certitudes et nous interpelle comme individu et comme Église.

Jean Grou

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1919. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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