Une mort
féconde
La venue
des Grecs vers Jésus indique l'arrivée de l'heure
(Jean 12, 20-33)
Autres lectures : Jérémie
31, 31-34; Ps 50 (51); Hébreux
5, 7-9
On chercherait en vain dans l'Évangile selon saint Jean
des annonces de la passion équivalentes à celles des
évangiles synoptiques. Pourtant on en trouve, notamment dans
le passage que nous lisons aujourd'hui. Devant des Grecs venus à
Jérusalem pour la Pâque, Jésus évoque
sa mort de deux façons différentes mais complémentaires.
Dans un premier temps, Jésus
emprunte à la nature une comparaison, celle du grain de blé
semé en terre, par laquelle il livre le sens qu'il donne
à sa mort. Un petit grain de blé semé dans
les profondeurs de la terre, comme lui-même est le Fils de
Dieu semé sur la terre des hommes. Un petit grain de blé
qui renferme une telle puissance de vie que sa transformation en
terre va produire un fruit abondant qui servira la vie d'une multitude,
comme lui-même s'est mis au service des hommes et des femmes
pour leur révéler l'amour de Dieu. Cet amour a la
puissance de faire vivre, de nous donner des raisons de vivre et
de nous guider dans la recherche du sens à donner à
notre vie. Celle-ci est essentiellement une croissance dans l'amour
et le service, à la suite du Christ.
Jésus a connu la transformation
de la mort, comme c'est le cas pour le grain de blé, quand
Dieu l'a relevé d'entre les morts. La vie de Jésus
a été féconde; sa mort le sera également,
car elle fait naître en nous la foi en Dieu, elle stimule
notre espérance en la vie qui trouvera son plein accomplissement
dans une communion d'amour avec Dieu, elle nous encourage à
faire de l'amour un chemin de communion avec Dieu et de service
pour les autres, vers la plénitude de la vie. Nous sommes
tous appelés à nous considérer comme un grain
de blé qui croit tellement à l'amour et à la
vie, qui croit tellement au type d'homme voulu par Dieu et révélé
en Jésus, qu'il est prêt à s'oublier lui-même
pour servir Dieu et les autres, pour servir Dieu en servant les
autres.
Dans un second temps, Jésus
annonce sa mort comme une élévation de terre qui attirera
à lui tous les hommes. Encore une fois ce sera une mort féconde.
L'évangéliste joue ici sur le double sens du verbe
grec hypsoô qui signifie soit «élever»,
soit «exalter». Élevé sur la croix à
la vue de tous, Jésus sera exalté ou glorifié
par le Père. Pour Jean, la croix n'est pas un instrument
de supplice, mais le lieu de la manifestation de la gloire de Dieu
qui habite Jésus. C'est à ce moment que la plénitude
de la vie divine sera répandue sur tous ceux qui élèveront
les yeux de la foi vers le Christ glorieux pour naître à
la vie d'enfants de Dieu.
Yves Guillemette, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1922. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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