De quel
roi s'agit-il?
La
visite des mages (Matthieu 2, 1-12)
Autres lectures:Isaïe
60, 1-6; Ps 71 (72); Éphésiens
3, 2-3a.5-6
La visite des Mages à Jérusalem n'a laissé
aucune trace dans l'histoire profane. Il est vrai que le passage
d'une caravane de marchands ou d'une délégation d'ambassadeurs
étrangers ne devait pas être un événement
exceptionnel dans la capitale qu'était Jérusalem au
temps d'Hérode. L'évangéliste note pourtant
qu'à l'occasion de cette visite, non seulement le roi, mais
aussi toute la ville sont pris d'inquiétude (v.
3).
Ce n'est pas la présence des
mages dans la ville qui cause ce tumulte, mais la question qu'ils
posent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître?
(v. 2). Ce titre de Roi des Juifs n'apparaît ailleurs
que dans les récits de la Passion, et c'est ce titre qui
sera affiché sur la croix comme motif de la condamnation
de Jésus (voir Matthieu
27, 11.29.37 et parrallèles). Matthieu établit
ainsi un lien entre la naissance de Jésus et sa mort, entre
l'Incarnation et le mystère pascal.
Cherchant un roi, les mages se rendent
naturellement dans la capitale: selon la logique politique, le roi
nouveau-né devrait être le fils du roi actuel. Or,
il n'en est rien; aucune naissance récente dans la famille
d'Hérode ne pourrait donner sens à l'étrange
question des visiteurs. Plutôt que de renvoyer chez eux ces
étrangers quelque peu inquiétants, Hérode décide
de pousser plus loin son enquête. Il fait appel aux spécialistes
des Écritures pour essayer de trouver un sens à cette
situation qui le dépasse et par laquelle il se sent menacé.
C'est d'ailleurs lui, Hérode, qui est le premier à
faire un lien entre le roi nouveau-né dont on parle et le
Christ, ou Messie, objet de l'attente d'Israël (v.
4).
Selon les Écritures
En introduisant la figure du Messie
et en faisant appel aux Écritures pour comprendre mieux la
situation, Hérode fait passer le problème d'un plan
strictement politique à un plan religieux. La question des
mages ne fait pas que remettre en doute sa légitimité
comme roi, elle interroge chacun sur l'initiative de Dieu dans l'histoire
de son peuple: Dieu va-t-il, oui ou non, réaliser sa promesse
de salut?
Pour répondre à cette
question, Matthieu met en oeuvre un procédé qui lui
est cher tout au long de son évangile : montrer comment Jésus
vient accomplir, c'est-à-dire porter à leur pleine
réalisation, les promesses contenues dans les Écritures.
La citation tirée du livre de Michée (vv.
5-6; cf. Michée
5, 1.3) jointe à un extrait du 2e livre de Samuel (cf.
2
Samuel 5, 2), établit le lien entre le Messie et David.
Non seulement le nouveau roi doit-il naître à Bethléem,
mais sa manière d'exercer la royauté sera celle d'un
bon pasteur, tel que promis par Dieu : Je susciterai pour le
mettre à leur tête un pasteur qui les fera paître,
mon serviteur David (Ez 34,23).
L'étoile qui guide les mages
vers Jérusalem rappelle la prophétie de Balaam: un
astre issu de Jacob devient chef, un sceptre se lève issu
d'Israël (Nb 24,17). Enfin les présents offerts
à l'enfant rappellent l'annonce de la renaissance glorieuse
de Jérusalem lue dans la première lecture.
Un choix à faire
L'arrivée inattendue de ces
étrangers, en semant l'émoi à Jérusalem
et jusque dans le palais royal, force chacun à se situer
par rapport à l'avènement de salut: reconnaître
cet enfant comme le sauveur promis et se prosterner devant lui,
ou bien se fermer à l'oeuvre du salut en comptant uniquement
sur la puissance humaine. La démarche des mages préfigure
l'entrée des nations païennes dans le plan de salut
de Dieu.
Jérôme Longtin, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1909. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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