INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
Trentième dimanche ordinaire B - 26 octobre 2003
 
La dignité retrouvée

Guérison de l'aveugle Bartimée (Marc 10, 46b-52)
Autres lectures : Jérémie 31, 7-9; Ps 125 (126); Hébreux 5, 1-6

 

Un aveugle est au bord de la route. Son nom est Bar Timée. Il s'agit de la seule personne guérie par Jésus dans tout l'évangile dont le nom nous soit donné : un constat qui doit nous inciter à nous arrêter sur l'étymologie. Mot à mot, Bartimée signifie « Fils de Timée » : le fils de Timée porte donc le nom qui le désigne comme fils de son père! L'étymologie de ce nom est l'araméen bar (« fils ») avec un nom d'origine grecque sémitisé (time'ay). C'est « fils d'Honoré » car Timê en grec signifie « honneur ». Cet homme porte le nom d'un père ou d'un grand-père qui a été célèbre et honoré. C'est un patronyme lourd pour celui dont l'existence présente est tout sauf honorable, en net contraste avec son illustre ancêtre. Cet homme est exclu et marginalisé. Son handicap l'a rejeté aux marges de la société, il l'a rendu passif et dépendant. Son handicap a affecté toute sa vie sociale. Jésus l'appelle. Bar Timée laisse alors tomber son manteau. Dans la Bible, le vêtement est signe d'identité; ici, Marc veut dire que, laissant son manteau, Bar Timée se dépouille de ce qui fait son identité aux yeux de ceux qui le croisent chaque jour sur le bord de la route. Il se met en quelque sorte à nu et expose encore plus sa faiblesse, ses difficultés; il se lève et se dirige seul vers Jésus en aveugle.

     Que veux-tu que je fasse pour toi? - Rabbouni, que je voie. Il veut retrouver l'honneur, la dignité. Il veut devenir cet être de parole qui exprime publiquement, et sans détour, ce qui le fait souffrir et dont il veut être libéré.

     La conclusion du récit atteste la guérison. La guérison est doublement riche de sens. Pour les témoins de la scène, elle est d'abord et uniquement physique. Pour Bar Timée, elle est signe du salut. Signe que cet homme est réconcilié avec lui-même et avec les autres parce qu'il a rencontré le salut en la personne de Jésus. Fini la condition d'aveugle! Désormais, il est homme debout et parlant. Jésus lui a dit : Va! mais il fait plus : Il suivait Jésus sur la route. Il se sent assez courageux pour suivre Jésus, personnage fameux mais contesté. Il l'accompagne à Jérusalem où le prophète va entreprendre le combat de sa vie.

     La communion à Jésus par la foi et le sacrement nous rend capables à présent d'affronter les drames de l'existence. La guérison que nous pouvons apporter par des bons soins a valeur de signe: nous pouvons accomplir dans le royaume de l'invisible de grandes choses pour ceux qui nous sont liés dans l'Esprit.

Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1942. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Boire à sa coupe, recevoir son baptême