Partir
derrière lui
Première
participation de Jésus (Marc 1, 14-20)
Autres lectures : Jonas
3, 1-5.10; Ps 24 (25)
1
Corinthiens 7, 29-31
Lorsque Jésus entre dans la vie de Simon, d'André,
de Jacques et de Jean il les trouve en train d'exercer leur métier
: pêcher au grand large et réparer les filets. Cette
irruption de Jésus dans l'existence de ces braves gens sera
plus bouleversante qu'une tempête sur le lac. Car Jésus
ne les invite pas, il leur ordonne de le suivre : Venez derrière
moi (Marc 1, 1-7). En langage biblique cela signifie : devenez
mes disciples.
Aussitôt, laissant là
leurs filets, ils le suivirent (Mc 1, 18). Si Marc souligne,
à bon droit, l'urgence de l'appel et la rapidité de
la réponse, c'est que ces deux mouvements méritent
réflexion. Nous l'avons dit, ces hommes sont des compétences
dans leur métier. S'ils ne sont pas des riches, ils ne sont
pas non plus des miséreux. Ils étaient probablement
partenaires dans l'entreprise familiale ce qui suppose qu'ils ont
eu des personnes à avertir et des choses à distribuer.
C'est pourquoi Marc juge bon de dresser une liste de ce qu'ils laissent
derrière eux : filets, barques, père et ouvriers (Mc
1, 20).
L'absence d'hésitation de
ces adultes étonne. On n'abandonne pas dare-dare sur la grève
les outils de son gagne pain. On peut facilement imaginer que le
geste fut moins spontané que ne le laisse entendre le récit.
Pourquoi alors cette façon de raconter l'événement?
C'est que le rédacteur est allé au plus court. Son
intention profonde consiste à nous livrer un message évangélique
d'un tout autre ordre. Pour essayer de le saisir, entrons dans l'intimité
du coeur de Jésus. Ce dernier, en étant témoin
de la générosité de ces hommes et en constatant
qu'ils n'exigent pas un long délai pour se mettre à
sa suite, a dû les apprécier, les aimer spontanément.
C'est pourquoi leur manière d'agir demeurera un modèle
pour les âges à venir. En effet, les personnes humbles
et confiantes comme les premiers disciples, sont naturellement ajustées
à la Bonne Nouvelle. Elles ont le coeur libre. Et c'est dans
cette liberté intérieure qu'elles trouvent le courage
de libérer aussi leurs mains pour travailler au Royaume de
Dieu à la suite de Jésus.
Dans toute aventure spirituelle la
disponibilité est exigée. Nous accrocher à
hier ou craindre demain n'est pas pour ainsi dire, chrétien.
Le lâcher prise est de rigueur pour qui veut avancer librement
vers un nouvel amour, un nouveau défi ou un nouveau paysage.
Ces humbles pêcheurs ignoraient jusqu'où les mènerait
leur démarche de disciples. Ils n'avaient sûrement
pas prévu qu'elle les mènerait jusqu'au martyre. Bien
sûr avant d'en arriver là, ils ont craint, douté,
discuté. Mais un jour ils ont compris le sens profond de
cette parole : Ils partirent derrière lui (Mc 1, 20).
Ghislaine Salvail, SJSH
Source: Le Feuillet biblique,
no 1912. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Un
regard... Une demeure...
|