Prendre
un enfant par la main
Deuxième
annonce de la Passion (Marc 9, 30-37)
Autres lectures : Sagesse
2, 12.17-20; Ps 53 (54);
Jacques
3, 16 - 4, 3
Jésus a fréquenté les petites maisons unifamiliales
de la Galilée. C'est vrai qu'on l'a vu souvent s'adresser
aux foules du sommet d'une colline ou dans une barque flottant sur
le lac. Toutefois, il a aimé entrer dans les maisonnettes
au toit de branches et d'argile pour rencontrer le père,
la mère et les enfants. Les enfants surtout! Souvenons-nous
qu'il a ramené à la vie la fillette de Jaïre,
l'habitation étant pleine de pleureuses.
Aujourd'hui au cur d'une maison
comme toutes les autres en Galilée, Jésus, dans un
geste étonnant, prend un enfant (serait-ce l'enfant de Pierre?),
le place au milieu de ceux qui le suivent, l'embrasse et leur dit
: Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c'est
moi qu'il accueille.
Attirer l'attention sur un enfant
est une idée tout à fait neuve, même dans la
tradition biblique. Pour les gens de l'Ancien Testament, les enfants
ne sont dignes d'aucun intérêt. On considère
quelques enfants comme Joseph (Genèse
37, 2), Moïse (Exode
2, 10), Samson (Juges
13, 24), Samuel (1
Samuel 3, 1), Daniel (Daniel
13, 45), mais seulement en tant qu'ils deviendront des adultes
importants dans l'histoire du salut. Ici l'enfant est considéré
pour lui-même. Ce n'est ni un enfant prodige, ni un enfant
qui sort de sa condition de quelque autre façon.
On s'est étonné des
brutalités dont font l'objet les enfants. Pourtant ce n'est
pas nouveau. La fragilité de l'enfant semble appeler les
coups. Dans toutes les civilisations, on a abusé des plus
faibles et en particulier des enfants. Cela explique que Jésus
ait vu dans l'enfant un autre lui-même. La lutte en faveur
de l'enfant qui n'est pas encore né doit continuer. Les organisations
qui protègent l'enfant battu doivent recevoir nos encouragements.
Surtout il faut réformer les mentalités. L'enfant
n'est pas un objet. C'est un sujet libre qu'il faut respecter. L'enfant
ou le jeune en difficulté a des droits : le droit de recevoir
des services, le droit de demeurer le plus possible dans son milieu
naturel, le droit d'être avec ou sans ses parents selon son
âge, partie prenante aux mesures qu'on lui propose.
En d'autres circonstances, Jésus
a dit : Quiconque donnera à boire à l'un de ces
petits rien qu'un verre d'eau fraîche, il ne perdra pas sa
récompense (Matthieu 10, 42). S'occuper des enfants apporte
déjà maintes fois sa récompense.
Pierre Bougie, PSS, bibliste
Professeur au Grand Séminaire de Montréal
Source: Le Feuillet biblique,
no 1937. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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