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Vingt-huitème dimanche ordinaire B - 12 octobre 2003
 
Un choix douloureux

L'appel du riche (Marc 10, 17-30)
Autres lectures : Sagesse 7, 17-11; Ps 89 (90); Hébreux 4, 12-13

audioRécitatif de He 4,12

 

Voilà un homme sympathique. Il est droit et sincère en plus. Il n'y a aucune arrière-pensée dans sa démarche. Il y a même beaucoup de révérence, un peu trop même aux yeux de Jésus. Dieu seul est bon; quant à Jésus, il est plutôt maître dans l'art de refléter la bonté du Père pour tous les êtres humains. Cet homme donc, soucieux de sa vie spirituelle, ne veut pas piéger Jésus, comme le font si souvent les scribes et les pharisiens. Non! Il a reconnu en Jésus un maître capable de l'éclairer dans sa quête spirituelle et étancher sa soif : Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? (v. 17).

     Puisque l'homme se situe dans l'ordre du faire, Jésus se met d'abord à son niveau. Il l'accueille là où il est dans son cheminement spirituel. Placé devant les commandements concernant l'amour du prochain, l'homme « teste positif ». Il est un bon pratiquant, depuis sa jeunesse, depuis probablement le jour de ses 12 ans où il a été incorporé à la communauté de l'Alliance et est devenu « fils du précepte » (bar mitsvah). Jésus perçoit cependant chez lui une insatisfaction. Ne chercherait-il pas à faire davantage, lui qui fait déjà beaucoup et de manière exemplaire? Comprenons bien cet homme : sa culture religieuse s'exprime entre autres par l'observance minutieuse des préceptes de la Loi afin de mériter la vie en plénitude, au terme de ses jours.

     Jésus propose à cet homme une démarche qui le fera passer du « faire » à l'« être », c'est-à-dire à une manière de vivre autre. C'est à ce moment que l'on apprend que l'homme possède une grande richesse. Jésus l'invite à abandonner tous ses biens, de les vendre et de donner le fruit de la vente aux pauvres: ce sera pour lui le signe du détachement de la conception religieuse qui l'avait fait vivre jusqu'à maintenant. Mais ce geste d'abandon confiant doit s'accompagner d'un attachement à Jésus. C'est ainsi qu'il obtiendra un trésor dans le ciel, qu'il entrera dans le monde nouveau de Dieu, qu'il accueillera le règne de Dieu dans sa vie. La vie en plénitude tant recherchée lui est accessible dès maintenant même si elle s'inscrit dans une dynamique de croissance. Mais l'homme riche n'ose faire le pas décisif : devant le dilemme, l'homme a choisi la sécurité de ses biens et de son observance religieuse, plutôt que l'abandon confiant en Jésus. On comprend sa tristesse : en renonçant à suivre Jésus, il perd un avenir tant désiré en même temps que l'espérance qu'il mettait dans sa pratique de la Loi. Il continuera sans doute sa route avec un désir non satisfait et, en mémoire, une invitation en suspens.

Yves Guillemette, ptre
Directeur du Centre biblique et du Site InterBible

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1940. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Une question vieille comme le monde