Un choix
douloureux
L'appel
du riche (Marc 10, 17-30)
Autres lectures : Sagesse
7, 17-11; Ps 89 (90); Hébreux
4, 12-13
Récitatif
de He 4,12
Voilà un homme sympathique. Il est droit et sincère
en plus. Il n'y a aucune arrière-pensée dans sa démarche.
Il y a même beaucoup de révérence, un peu trop
même aux yeux de Jésus. Dieu seul est bon; quant à
Jésus, il est plutôt maître dans l'art de refléter
la bonté du Père pour tous les êtres humains.
Cet homme donc, soucieux de sa vie spirituelle, ne veut pas piéger
Jésus, comme le font si souvent les scribes et les pharisiens.
Non! Il a reconnu en Jésus un maître capable de l'éclairer
dans sa quête spirituelle et étancher sa soif : Que
dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?
(v. 17).
Puisque l'homme se situe dans l'ordre
du faire, Jésus se met d'abord à son niveau. Il l'accueille
là où il est dans son cheminement spirituel. Placé
devant les commandements concernant l'amour du prochain, l'homme
« teste positif ». Il est un bon pratiquant, depuis sa
jeunesse, depuis probablement le jour de ses 12 ans où il
a été incorporé à la communauté
de l'Alliance et est devenu « fils du précepte »
(bar mitsvah). Jésus perçoit cependant chez
lui une insatisfaction. Ne chercherait-il pas à faire davantage,
lui qui fait déjà beaucoup et de manière exemplaire?
Comprenons bien cet homme : sa culture religieuse s'exprime
entre autres par l'observance minutieuse des préceptes de
la Loi afin de mériter la vie en plénitude, au terme
de ses jours.
Jésus propose à cet
homme une démarche qui le fera passer du « faire »
à l'« être », c'est-à-dire à
une manière de vivre autre. C'est à ce moment que
l'on apprend que l'homme possède une grande richesse. Jésus
l'invite à abandonner tous ses biens, de les vendre et de
donner le fruit de la vente aux pauvres: ce sera pour lui le signe
du détachement de la conception religieuse qui l'avait fait
vivre jusqu'à maintenant. Mais ce geste d'abandon confiant
doit s'accompagner d'un attachement à Jésus. C'est
ainsi qu'il obtiendra un trésor dans le ciel, qu'il entrera
dans le monde nouveau de Dieu, qu'il accueillera le règne
de Dieu dans sa vie. La vie en plénitude tant recherchée
lui est accessible dès maintenant même si elle s'inscrit
dans une dynamique de croissance. Mais l'homme riche n'ose faire
le pas décisif : devant le dilemme, l'homme a choisi
la sécurité de ses biens et de son observance religieuse,
plutôt que l'abandon confiant en Jésus. On comprend
sa tristesse : en renonçant à suivre Jésus,
il perd un avenir tant désiré en même temps
que l'espérance qu'il mettait dans sa pratique de la Loi.
Il continuera sans doute sa route avec un désir non satisfait
et, en mémoire, une invitation en suspens.
Yves Guillemette, ptre
Directeur du Centre biblique et du Site InterBible
Source: Le Feuillet biblique,
no 1940. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
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