La course
du premier jour
de la
semaine
Le tombeau
vide (Jean 20, 1-9)
Autres lectures : Actes
10, 34a.37-43; Ps 117 (118); Colossiens
3, 1-4
Tôt le matin, en toute saison et souvent par tous les temps,
dans les rues de nos quartiers ou sur des routes de campagne, des
gens vont courir pour se maintenir en bonne forme physique, d'autres
parfois, parce qu'ils sont en retard pour prendre l'autobus qui
les amènera au travail. Ce matin-là, à Jérusalem,
on observe aussi un certain va-et-vient, peut-être inhabituel
: une femme, Marie-Madeleine, qui rentre en courant dans la ville
après être allé visiter un tombeau, deux hommes,
l'un nommé Simon-Pierre et l'autre resté anonyme,
qui font le même trajet en sens inverse. Que se passe-t-il
donc?
L'événement en lui-même,
bien que fâcheux, est assez simple: la tombe où on
avait, quelques heures plus tôt, déposé le corps
de Jésus, semble avoir été violée; la
pierre qui en fermait l'entrée a été enlevée
et Marie en déduit aussitôt que le corps a disparu.
Voilà donc l'explication de sa course : partager avec des
proches de Jésus cette nouvelle inquiétante : on
a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas
où on l'a mis (v. 2). Simon-Pierre et son compagnon courent,
eux aussi, pour constater la situation. Tout ce qu'ils voient, ce
sont les pièces de tissu ayant servi à l'ensevelissement
: elles ont été soigneusement pliées. Tels
sont les faits qui motivaient la course de ces personnes ce matin-là.
Ces faits, n'importe quel habitant de Jérusalem aurait pu
les constater. Pour les comprendre, il fallait un surplus de lumière.
Ce n'est pas pour rien que l'évangéliste précise
que Marie-Madeleine se rend au tombeau de grand matin; alors
qu'il fait encore sombre (v. 1). Comme elle n'a pas encore compris
le sens de l'événement, elle demeure dans les ténèbres
jusqu'à ce que Jésus lui-même vienne se manifester
à elle (cf. Jn
20, 16).
Il en va de même pour les disciples.
La constatation des faits n'amène pas automatiquement la
foi. Le premier à croire est cet autre disciple, celui
que Jésus aimait (v. 2). Respectons l'anonymat dans lequel
l'évangéliste a voulu le laisser. Ce disciple est
le premier à passer de la vision à la foi : il
vit et il crut (v. 8). Mais il n'a pas vu ce qu'il a cru. Ce
qu'il voyait, c'est ce qui s'offrait au regard de toute personne
qui aurait été là au même moment : l'absence
du corps et l'abandon des linges mortuaires. Ce qu'il a cru, c'est
le mystère de la résurrection : Jésus est
vivant; il est passé de ce monde à son Père
(cf. Jn
13, 1). Parce qu'il se sait aimé et qu'il sait que cet
amour est plus fort que la mort, il est le premier à croire
au Christ ressuscité.
L'évangéliste ajoute
un deuxième argument pour permettre d'interpréter
correctement la situation : d'après l'Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d'entre les morts (v.
9). C'est seulement à ce moment-ci du récit qu'apparaît
le mot : ressusciter. Le texte auquel pense l'évangéliste
n'est pas précisé; on peut suggérer : après
deux jours, il nous fera revivre, le troisième jour il nous
relèvera et nous vivrons en sa présence (Osée
6,2). Mais, plus encore qu'un passage particulier, c'est toute l'Écriture
qui est orientée vers l'accomplissement de la promesse de
Dieu, pleinement réalisée dans la mort et la résurrection
de Jésus. Un tel événement mérite bien
qu'on courre pour le découvrir.
Jérôme Longtin, ptre
Source: Le Feuillet biblique,
no 1924. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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