Au cur
de la souffrance
et de
la mort
Jésus
devant le sanhédrin (Marc 14, 53-65)
Autres lectures : Isaïe
50, 4-7; Ps 21 (22); Philippiens
2, 6-11
Que de détresses, d'injustices et de souffrances dans notre
monde! Et la mort qui frappe de jeunes victimes innocentes! Les
femmes et les hommes sont sans cesse confrontés à
cette tragique réalité. Certains s'en scandalisent,
se révoltent et trouvent un non-sens à la vie reprochant
à Dieu de ne pas faire disparaître du revers de la
main, par un acte magique, ce qui broie tant le cur humain.
Mystère! Mais ne sommes-nous pas précisément
appelés à découvrir dans la mort-résurrection
de Jésus, la puissance et la sagesse de Dieu?
L'évangéliste Marc
décrit les dernières heures de Jésus dans toute
leur cruauté. Son approche déconcerte : les faits
sont bruts, secs, non commentés et non expliqués.
Jésus est criblé (ou victime) d'injustices. Les grands-prêtres
en restent à une vision étroite du messianisme : celle
du successeur de David qui mettrait fin à la domination étrangère
et conférerait une place dominante à la nation afin
qu'elle rayonne sa foi. Les foules, fouettées par des agitateurs,
se moquent et ridiculisent le condamné. Les amis-disciples
désertent. Ce n'est que trahison, reniement ou ruse, haine,
jalousie et faux-témoignages, mauvais traitements et humiliations.
La mort ignoble de Jésus innocent
serait-elle absurde? Face à un signe aussi déconcertant
que la croix, la communauté croyante et l'évangéliste
Marc discernent malgré tout un sens. Ils découvrent
que la fin tragique de Jésus n'est pas contraire à
sa mission de libération, à son attitude de tendresse
et de compassion pour les moins que rien, si facilement jugés
par les hommes et les femmes. En se souvenant de la dernière
cène, ils saisissent davantage l'itinéraire unique
de leur Maître et Seigneur et perçoivent le sens nouveau
du Messie attendu.
La cène est le moment où
s'accomplit un geste de communion, elle est signe de ce qu'est l'alliance
de Dieu avec tous les humains. Jésus partage avec les hommes
et les femmes de toutes les époques, les heures les plus
ténébreuses et les plus éprouvantes de sa destinée
humaine. Il affronte la dernière heure, en portant sur lui
la haine, la malfaisance, l'injustice - à savoir, le péché
- de ceux qui le conduisent à la crucifixion. Il ne refuse
pas la tragédie qu'il a vu venir, mais s'y soumet avec patience
et obéissance. Avec l'amour dont Dieu seul est capable.
La foi ne sort pas le chrétien
de la réalité humble et déconcertante de sa
vie; elle ne le conduit pas à fuir la douleur et l'humiliation
du monde présent. La foi en Jésus, Christ, nous fait
attendre dans les moments douloureux l'intervention mystérieuse,
mais décisive de Dieu.
Julienne Côté, CND
Source: Le Feuillet biblique,
no 1923. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre
biblique de Montréal.
Chronique
précédente :
Au cur de la souffrance et de la
mort
|