La reconnaissance
du Ressuscité
L'apparition
aux disciples d'Emmaüs (Luc 24, 35-48)
Autres lectures : Actes
3, 13-15.17-19;
Ps 4, 2.7.9; 1
Jean 2, 1-5a
Les spécialistes du Nouveau Testament ont l'habitude de
classer les récits d'apparition de Jésus ressuscité
en récits de reconnaissance (par exemple : Lc
24, 13-35, Jn
20, 11-18.24-29) et récits d'envoi en mission (par exemple
: Mt
28, 9-10, 16-20;
Jn
20, 19-23). Le récit que nous lisons aujourd'hui réunit
les deux dimensions. En effet, la scène d'envoi en mission(vv.
44-48) est précédée d'une reconnaissance
de Jésus par les disciples.
Le début du récit
fait le lien avec l'épisode précédent, le récit
des voyageurs d'Emmaüs (vv.
13-33). Les deux disciples reviennent en hâte à
Jérusalem raconter l'expérience qu'ils viennent de
vivre. Ils y trouvent leurs amis bouleversés eux aussi par
l'apparition de Jésus à Simon (Pierre). C'est à
ce moment qu'ils constatent que Jésus est présent
au milieu d'eux, les saluant avec la formule habituelle : La
paix soit avec vous (v. 36).
Deux questions paraissent surgir
dans l'esprit des disciples: l'identité de l'apparition,
et son statut : fantôme ou réalité. Pour établir
son identité, Jésus va montrer les marques de la passion
: Voyez mes mains et mes pieds : c'est bien moi (v. 39, voir
aussi la scène de la reconnaissance par Thomas, Jn
20, 24s). Le ressuscité est donc bien le même que
celui qui a souffert la passion et qui est mort sur la croix; il
y a identité entre le Jésus de l'histoire, que les
disciples ont fréquenté, et le Christ glorifié.
Dès les premiers temps de l'Église, cette identité
n'allait pas de soi et il était important d'en apporter un
témoignage concret face aux interrogations qui pouvaient
surgir dans les différentes communautés (voir par
exemple : Mt
28, 11-15).
Un doute subsiste pourtant : cette
apparition de Jésus est-elle bien réelle ou s'agit-il
d'un esprit? Car, au temps de Jésus, on admettait l'existence
des fantômes, ou d'autres êtres immatériels,
au moins dans certains cercles du judaïsme. Pour établir
la réalité du corps ressuscité de Jésus,
l'évangéliste met de l'avant d'abord son caractère
matériel. Touchez-moi et regardez; un esprit n'a pas
de chair ni d'os, et vous constatez que j'en ai (v. 39). Le
propos de l'auteur n'est pas de nous renseigner sur la nature des
corps glorieux; on ne peut donc tirer argument de ce passage pour
spéculer sur les modalités de la résurrection.
Ce que Luc veut affirmer avec force, c'est la réalité
de la résurrection : celui que les disciples ont vu n'était
pas une illusion subjective, ni un fantôme, ni un être
extraterrestre, mais le corps glorifié du crucifié.
Le deuxième argument pour
établir cette réalité est celui du repas
pris en commun : « Jésus leur dit : Avez-vous
ici quelque chose à manger? Ils lui offrirent un morceau
de poisson grillé. Il le prit et le mangea devant eux »
(vv. 41-43). Le partage du repas est l'un des lieux par excellence
de la rencontre du Ressuscité (voir aussi : vv.
30-32; Jn
21, 9-14; Ac
1, 4). Cette participation à la table du Seigneur deviendra
même un des fondements du témoignage des apôtres:
Dieu l'a ressuscité le troisième jour et lui a
donné de se manifester, non à tout le peuple, mais
aux témoins que Dieu avait choisi d'avance, à nous
qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection
d'entre les morts (Ac 10, 40-41).
Jérôme Longtin, ptre,
bibliste
Diocèse de Saint-Jean-Longueuil
Source: Le Feuillet biblique,
no 1926. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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biblique de Montréal.
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