La Bonne Nouvelle proclamée aujourd'hui constitue selon plusieurs spécialistes de l'Écriture sainte un des textes les plus anciens relatant une manifestation du Christ ressuscité. Dans cet extrait de son évangile Jean ne déroge pas à son style habituel. Son texte est rempli de signes, de détails concrets, apparemment anodins parfois, qui cachent une vérité ou un enseignement profond. La manière dont l'évangéliste définit le rôle de Pierre dans l'église primitive en est un exemple.

     Pierre est l'apôtre qui prend l'initiative d'aller à la pêche. Il est le premier qui tente de rejoindre le Christ sur la berge. Il est le seul qui obéit au Maître en ramenant le filet plein de poissons. Il faut préciser ici que la pêche au filet est un symbole de la mission apostolique dans les Évangiles synoptiques (Matthieu 4, 19). Jean indique ainsi que Pierre est le chef du collège des apôtres au sein de la communauté chrétienne des premiers jours.

     Jean appuie cette vérité par la triple réponse d'amour que l'apôtre adresse à la triple question de Jésus. D'aucuns reconnaissent qu'il y a certainement une correspondance avec le triple reniement de Pierre. Mais les spécialistes font aussi un lien avec la manière de conclure officiellement un engagement en Israël à l'époque de Jésus. Il fallait répéter trois fois devant témoins la formule scellant le contrat pour qu'il ait force de loi. Jésus confie donc officiellement à Pierre le mandat d'être le pasteur de sa communauté. Sa primauté est donc ici reconnue devant les autres apôtres. Son martyre est aussi évoqué symboliquement lorsque Jésus parle de la ceinture qu'une autre personne lui mettra à l'apôtre vers la fin de sa vie terrestre.

     Aujourd'hui ce texte pose encore question. On reconnaît que Jésus a accordé une responsabilité officielle à Pierre. Certains se demandent si l'on peut considérer que ce mandat s'étend à ses successeurs? Les débats sur cette question ont entraîné plusieurs divisions au sein de l'Église. Dans cet extrait Jésus indique que l'unité sera retrouvée en raison de l'écoute constante de sa volonté. Le filet ne se déchire pas quand Pierre obéit à Jésus en le ramenant. Les brisures du filet seront donc réparées quand les gens obéiront et aimeront le Christ comme Pierre l'a fait. La réflexion sur la primauté de Pierre, proposée par le pape Jean-Paul II lui-même, devra suivre cette voie pour être fructueuse.

Benoît Lambert, bibliste
Québec

Source: Le Feuillet biblique, no 1968. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
L'éloge de la foi