INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
Deuxième dimanche de l'Avent A - 5 décembre 2004
 
Un chemin pour le Seigneur

La prédication de Jean-Baptiste (Matthieu 3, 1-12)
Autres lectures : Isaïe 11, 1-10; Ps 71 (72);
Romains 15, 4-9

 

Jean-Baptiste connaissait le désert. Il vivait là. Ces paysages parsemés de broussailles et de buissons desséchés lui étaient familiers. Parfois, un feu de brousse prenait tout seul dans quelques branches. La flamme courait alors comme une rivière de feu. Devant le feu, les serpents et les scorpions glissaient à toute vitesse pour fuir le péril de mort. La flamme expulsait les petits animaux de leurs tanières. Sur les bords du désert, lorsque la faucille coupait les épis jusqu'aux racines, c'était au tour des mulots et des lièvres de courir.

La fausse sécurité du passé

     Dans la parabole de Jean-Baptiste, ce sont les pharisiens et les sadducéens qui fuient la colère de Dieu. Ils accourent auprès du prophète pour savoir quoi faire. L'accueil est rude. Pensaient-ils se prévaloir de leurs ancêtres? Pas question! Les mérites d'Abraham faisaient naviguer les bateaux en sécurité, les mérites d'Abraham faisaient tomber la pluie, les mérites d'Abraham avaient fait entrer Moïse au ciel pour recevoir les tables de la Loi... Le passé d'un peuple ne dispense pas ses membres de la conversion, pas plus que le passé d'une personne ne le dispense de l'effort.

Le chemin de l'avenir

     Jean-Baptiste nous dit que le chemin de préparation à Noël n'est pas celui des grands magasins. Le chemin intérieur de la conversion est celui qui doit avoir notre préférence. Au désert, dans la rudesse du paysage, il a médité et redit les mots d'Isaïe, son lointain ancêtre dans l'Esprit : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Étonnante continuité des «nabis», les prophètes de la Bible hébraïque!

     Une esquisse de la mission de Jean-Baptiste se trouve au livre de la Consolation (Isaïe 40-55). Là, on entend une voix proclamant le pardon après la captivité (Ve siècle av. J.-C.). Une autoroute allait être tracée dans le désert jusqu'à Jérusalem. Le chemin serait aménagé pour redonner à Israël la confiance en l'avenir. Mais maintenant, c'est uniquement au sens spirituel qu'on lit cet oracle. Aussi, ce n'est plus pour encourager Israël qu'on parle du chemin. Plutôt, c'est pour ébranler ses certitudes dans la satisfaction de soi.

Jean ouvre la voie

     Un changement de conduite s'impose. Entre Dieu et le cœur de l'homme, il faut ménager une allée royale. Pour cela, Jean est le porte-parole. Jean est la voix par excellence, comme le dit le vieil exégète Cornélius a Lapide, car « tout en lui était voix, tout en lui prêchait la pénitence et la sainteté. Ses yeux, ses mains, sa langue, son vêtement, sa nourriture, tout en lui criait : « Faites pénitence! » Tout son être, toute sa personne était absorbée par sa mission. Il vivait dans l'austérité du désert parce qu'il ne voulait être distrait que par Dieu ». Matthieu décrit sa tenue semblable à celle d'Élie, l'ascète qui venait d'au-delà du Jourdain. Jean portait un vêtement de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins (voir 2 Rois 1, 8). Sa nourriture est rudimentaire : Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Aurait-il prévu la culture de l'obésité? Son langage est incisif : La paille? Elle brûlera dans un feu qui ne s'éteint pas. Le précurseur de Jésus ne semble pas savoir, à la différence de nous, chrétiens, qu'avant le jugement, il y aura d'innombrables gestes de miséricorde. Dans la douceur, Jésus et les prêtres de son Église vont accueillir les pécheurs qui se repentent.

Pierre Bougie, PSS
Professeur au Grand Séminaire de Montréal

 

 

Source: Le Feuillet biblique, no 1991. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
Veiller en marchant avec Dieu