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1er dimanche de l'Avent B - 27 novembre 2005
 

Le Seigneur est notre avenir

Exhortation à la vigilance (Marc 13, 33-37)
Autres lectures : Isaïe 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7; Ps 79(80); 1 Corinthiens 1, 3-9


À l'ouverture du temps liturgique de l'Avent, le Seigneur à quatre reprises, lance aux croyants un appel pressant : Prenez garde, veillez, car vous ne savez pas quand viendra le moment (vv. 33; aussi 34.35.37).

La confiance de Dieu
     La parabole du maître-voyageur qui donne tout pouvoir à ses serviteurs et recommande au portier de veiller, suggère que Dieu fait confiance et fixe une tâche à chacun. Dieu confie les biens de sa maison aux croyants et à l'Église. Quelle aventure commence à partir de cette heure! Ce n'est pas une mince responsabilité que d'avoir entre ses mains les dons de Dieu; mais pour accomplir le travail, le Seigneur comble surabondamment les siens, comme l'exprime Paul, dans la Lettre aux Corinthiens : Dans le Christ Jésus, vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu (1 Co 1, 5).

L'urgence de veiller
     Le devoir de veiller jusqu'au second avènement du Seigneur est impérieux. On ne sait ni à quel moment — dans des milliards d'années? —, ni à quelle heure - le soir, à minuit, au chant du coq, au matin?—, ni comment le Seigneur de gloire viendra. Cette incertitude peut devenir un tremplin pour l'espérance, la disponibilité, l'ouverture, l'attention aux personnes et aux événements; et cela, malgré les doutes, les torpeurs et les vicissitudes de la vie, malgré les soubresauts de l'histoire, malgré les avancées et les reculs des sociétés dans lesquelles la vie des croyants se déroule. Tout événement peut devenir un moment de croissance, de dépassement et de triomphe de l'amour. Tel fut le cas de Jésus lors de sa passion. Sur le point de donner sa vie pour tous, notamment pour les disciples, ces derniers, malheureusement, n'obéissent pas à sa demande de veiller avec lui, ils ne compatissent pas à sa douleur, ils ne s'unissent pas à sa prière adressée au Père.

     L'obligation de veiller est aussi en lien avec les venues successives du Seigneur ressuscité dans la vie des chrétiens et de l'Église. Le Seigneur soutient et nourrit l'existence du croyant, dans le quotidien le plus concret, de façon discrète, certes, mais bien réelle. Il vient dans l'Eucharistie, il vient par la médiation des sœurs et frères dans la foi qui, par leur témoignage de tendresse, de dévouement et de disponibilité, aident autrui à vivre avec persévérance et dans la fidélité. Aussi, la puissance transformatrice de la résurrection de Jésus n'oriente-t-elle pas les décisions des croyants? Ne fait-elle pas goûter au plus intime de l'être que le Seigneur donne sens à la destinée humaine? Ne permet-elle pas de voir le Seigneur présent dans la marche de l'humanité, malgré les dérives? Il vient dans nos agonies et nos lenteurs, nos détours et nos pas en arrière, souvent au moment le plus inattendu. Et il reviendra, Celui qui est notre avenir.

La part de Dieu et la nôtre
Isaïe 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7
Jamais on ne l'a entendu ni appris, personne n'a vu un dieu que toi agir ainsi envers lhomme qui espère en lui.

      Afin que la vigilance dure et que l'Avent 2005 ouvre un chemin de rencontre avec le Seigneur, rien de tel que de se rappeler l'Alliance du Seigneur avec l'humanité, sa promesse, sa fidélité, telle que la lecture d'Isaïe nous y invite. Ce texte décrit la fragilité et la faiblesse des croyants, ceux d'après l'exil, comme ceux d'aujourd'hui qui, dans un autre contexte, vivent les désenchantements et les secousses ressenties au cœur de l'Église et de la cité.

     Après leur retour à Jérusalem et sur leur terre, les exilés de Babylone déchantent et perdent leurs illusions. Comment peuvent-ils se réinstaller puisque leurs terres ont été occupées illégitimement par d'autres habitants? Le Temple n'est pas encore reconstruit (Isaïe 64, 9-11).

     Puis, les humains s'empêtrent dans leur recherche égoïste du pouvoir et se perdent dans des intérêts superficiels. Ils s'obtiennent dans le péché : Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis. Nous étions tous desséchés comme des feuilles, et nos crimes, comme le vent, nous emportaient (v. 5). Dans ce contexte, à tous égards désespérants, Dieu coopère avec les hommes et les femmes, il fait sa part (vv. 3-4); aux croyants de faire la leur, dans une réponse amoureuse, en agissant et en se souvenant que les biens que Dieu a confiés sont les siens et non les leurs.

Le cri lancé vers Dieu
     Dans cette situation navrante et désolante, il reste à crier vers Dieu : Ah! si tu déchirais les cieux, si tu descendais (v. 19). Reviens (v. 17). Il reste à reconnaître qui est Dieu et à confesser du fond du cœur : Tu es Seigneur, notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours (v. 16). Tu es notre Père enveloppant de tendresse et de sollicitude le peuple infidèle, et venant toujours aux devants du pécheur. Tu es le Rédempteur qui offre le salut, c'est-à-dire la proximité du Seigneur dans le cœur qui se convertit et reconnaît son erreur. Tu es le potier, nous sommes l'argile : nous sommes tous l'ouvrage de tes mains (v. 7).

     Le cri devient-il une accusation contre Dieu dans cette expression : Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin... (v. 17)? Il semble plutôt que cette formulation soit une plainte, et que le priant compte sur Dieu qui ne fait jamais défaut. Si le pécheur commet des crimes, il n'a pas à reprocher à Dieu de s'être engagé, lui, le fautif, dans une logique criminelle. En fait, chacune, chacun est sans cesse invité à pratiquer la justice avec joie et Dieu vient à la rencontre de quiconque suit le chemin juste. D'une part, il y l'action de Dieu, et de l'autre l'action du croyant.

     Le Rédempteur - le goël, en hébreu - est le racheteur, ce membre de la famille qui, avec désintéressement, en toute gratuité, intervient, par exemple, en faveur d'un parent, trop pauvre, écrasé de dettes, incapable de payer son champ, il lui rachète le lopin de terre et le tire d'embarras (Lévitique 25, 23-28); celui qui recueille la veuve de son parent proche afin de lui donner une descendance (Ruth 3, 12; 4, 22).


Persévérance et fidélité
1 Corinthiens 1, 3-9
Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.

    Une foi vivante comporte une vigilance active qui prépare le grand Jour. Ne comporte-t-elle pas aussi la patience, la persévérance? Et celle-ci, sur quoi se fonde-t-elle? Sur des capacités personnelles ou sur la fidélité de Dieu (v. 9)? Pour ce qui est de l'espérance, ne peut-elle pas devenir active et se manifester quand le croyant accepte de Dieu une totale responsabilité à l'égard du présent et de l'avenir? Les dons reçus, les biens confiés, en surabondance, ne demandent-ils pas de fructifier et d'être partagés avec les autres?

Julienne Côté, CND, bibliste
Collège Régina Assumpta, Montréal

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2033. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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