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33e dimanche ordinaire B - 26 novembre 2006

 

Jésus, un roi pas comme les autres

Jésus devant le tribunal romain Jean 18, 33-37
Autres lectures : Daniel 7, 13-14; Psaume 92(93); Apocalypse 1, 5-8


De nos jours, la royauté constitue une réalité de moins en moins à la mode. Depuis quelques siècles, plusieurs pays ont délaissé ce type de gouvernement pour choisir la démocratie. Certaines nations conservent encore un roi. Toutefois, la majorité des monarques ne possèdent plus tous les pouvoirs d'antan. Ils demeurent seulement le symbole de l'unité nationale.

     Dans ce contexte historique, le titre « roi » ne constitue probablement pas le terme favori des chrétiens pour désigner Jésus. Le terme semble trop triomphaliste et porteur de nombreux sens. Dans la Bible, la compréhension du mot porte aussi à équivoque. Pour cette raison, Jésus lui-même hésite à se faire appeler roi.

Le procès devant Pilate
     Certains dirigeants du peuple juif n'apprécient pas l'enseignement et l'attitude de Jésus. Selon eux, Jésus blasphème et mérite la mort. Ils basent leur verdict sur le fait que Jésus s'attribue une autorité divine en exerçant un pouvoir sur les péchés. Par exemple, dans la scène de la guérison d'un paralytique, Jésus déclare : Voilà que tu as recouvré la santé; ne pèche plus de peur qu'il ne t'arrive pire encore (Jean 5, 14).

     Les grands prêtres ne peuvent pas mettre quelqu'un à mort. Pour cette raison, ils se rendent auprès de Ponce Pilate afin qu'il condamne Jésus. Le motif « blasphémateur » n'ayant de valeur que sur le plan religieux, on se doit d'en trouver un autre : Jésus s'est dit roi (donc concurrent de l'empereur). Voilà un motif politique que le procurateur Pilate considérera sérieusement. Après tout, le représentant de l'empereur se doit d'éliminer tout opposant potentiel.

    L'interrogation de Jésus par Pilate caractérise le quatrième évangile notamment par son développement. Les évangiles synoptiques (Matthieu, Marc et Luc), quant à eux, n'en rapportent que quelques mots.

    Ponce Pilate doit s'acquitter de sa tâche et déterminer la culpabilité de Jésus. Est-il une véritable menace à la sécurité de l'empire comme le suggère les grands prêtres? Dès le début de la discussion, le procurateur cherche le bien fondé de l'accusation : Es-tu le roi des Juifs? Jésus lui répond : Dis-tu cela de toi-même ou bien parce que d'autres te l'ont dit? La réplique de Jésus cherche à déterminer les auteurs de l'accusation. Pilate accuse-t-il Jésus de son propre chef ou ne fait-il que répéter les paroles des grands prêtres?

    Comme il en a l'habitude, le quatrième évangile joue sur les mots. Saint Jean utilise le terme « roi » dans son sens premier (souverain d'un pays). Par la suite, il emploie le même mot pour donner le sens théologique des événements. Au sens premier du mot, non, Jésus n'est pas un roi. Il ne possède aucune armée. Il ne règne sur aucun pays et n'aspire à aucune gloire temporelle. Jésus ne représente donc aucune menace à la stabilité de l'empire. L'empereur Tibère peut dormir l'esprit bien en paix, aucune rivalité ne lui viendra de Jésus.

    Par contre, sur le plan théologique, oui, Jésus peut être considéré comme un roi. D'ailleurs, tout son enseignement désire faire connaître le Royaume de Dieu. Tous les gestes posés n'ont qu'un seul but : susciter l'adhésion à Dieu... à son Royaume. En définitive, on peut affirmer que Jésus n'est pas un roi terrestre, mais un roi qui s'incarne dans le monde. Il l'atteste clairement devant Pilate : Ma royauté ne vient pas de ce monde (v. 36).

   Toute personne peut participer à la royauté de Jésus. Pour ce faire, il suffit de croire en ses paroles. Croire de façon active pour rendre témoignage à la vérité... à Jésus qui est la vérité. Dans la mesure où plusieurs personnes deviennent « disciple », la véritable royauté de Jésus éclate au grand jour.

Jésus, le roi
    Outre le procès devant Pilate et la crucifixion, l'évangile de saint Jean associe à deux reprises le titre « roi » à Jésus. Au premier chapitre, les paroles de Jésus manifestent une connaissance profonde de Nathanaël. Cette révélation provoque la foi de Nathanaël. Il professe alors : Rabbi, c'est toi, le Fils de Dieu! C'est toi le roi d'Israël (v. 49).

    Par la suite, au sixième chapitre, on retrouve le récit d'une multiplication des pains. À partir des cinq pains et des deux poissons, Jésus nourrit une foule de 5000 hommes. Alors que tout le monde est rassasié, il reste encore 12 paniers de pain. Les gens reconnaissent alors en Jésus le prophète qui doit venir. Jésus ne profite pas de ce mouvement de popularité. Au contraire, il se retire tout seul dans la montagne sachant qu'on allait venir et l'enlever pour le faire roi (v. 15).

    Au début de sa vie publique, Jésus ne veut pas qu'on l'appelle « roi ». Ce titre est équivoque. Il ne faudrait pas le considérer comme un roi politique aux grandes aspirations terrestres. Toutefois, rendu au terme de sa vie, Jésus accepte le titre « roi ». Suite à son procès et à sa mort sur une croix, plus personne ne peut se méprendre. Sa royauté réelle est spirituelle. Lui seul peut nous faire participer à la vie de Dieu de façon royale.

Du livre de Daniel à l'Évangile de saint Jean
     Le mystérieux livre de Daniel aurait été rédigé vers la fin du VIe siècle avant Jésus Christ. À cette époque, la foi juive est mise à rude épreuve au contact de différents courants de pensée. Dans un langage très symbolique, Daniel réitère avec force la foi traditionnelle des générations précédentes. Il présente Dieu comme un « Vieillard » éternel et tout-puissant... un sage souverain que nul ne peut détrôner.

    Au cours d'une vision, Daniel voit « comme un Fils d'homme ». Selon la majorité des biblistes, cette expression particulière désignerait la communauté juive, le « peuple des saints du Très-Haut ». Lors de la vision, le Fils d'homme se rend auprès du Vieillard pour recevoir domination, gloire et royauté : Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite (7, 14).

    Les chrétiens qui lisent ce texte peuvent faire un parallèle avec Jésus. On le considère comme le Fils d'homme par excellence qui reçoit la royauté éternelle de son Père.

Pour votre information...

Pilate et le métier de procurateur
    Pour assurer un bon contrôle, l'empereur nommait des procurateurs dans différentes régions de l'Empire romain. Ainsi, Tibère, empereur de l'an 14 à 37 de notre ère, désigne le chevalier Ponce Pilate pour le représenter en Judée. Il occupa cette fonction de l'an 26 à 36.

    Il ne s'agit pas d'un travail de tout repos. D'un côté, il doit plaire à l'empereur, son « patron ». Il doit donc faire respecter l'ordre et assurer la domination romaine. D'un autre côté, il cherche à s'attirer la sympathie des gens de la place. Sur ce plan, il ne réussit pas beaucoup à plaire aux Juifs qui désirent conserver leurs différentes traditions.

    Les Juifs ne l'appréciaient pas, car le fonctionnaire Pilate agissait de façon maladroite à leur égard. De plus, un jour il décide de soutirer l'argent des coffres du Temple pour faire construire un aqueduc. Cette action provoque une rébellion qu'il réprime par la force.

     En 36, Pilate se voit destitué de son poste de procurateur.

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2076. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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