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33e dimanche ordinaire B - 19 novembre 2006

 

Dans l'attente de son retour

La venue du Fils de l'homme Marc 13, 24-32
Autres lectures : Daniel 12, 1-3; Psaume 15(16); Hébreux 10, 11-14.18


En lisant les premières lignes de l’évangile de cet avant-dernier dimanche de l’année liturgique, certains penseront sûrement au réchauffement de la planète, aux gaz à effet de serre et à l’accord de Kyoto : Le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel et les puissances célestes seront ébranlées (Marc 13, 24-25). En projetant ainsi dans le texte de Marc des préoccupations qui sont celles des hommes et des femmes d’aujourd’hui, nous risquons de passer à côté de ce que Dieu veut nous dire. N’oublions pas que Jésus parle ici comme un homme de son temps.

La fin des temps et de l’histoire
     Au début du chapitre 13 de l’Évangile de Marc, qui ne fait pas partie des lectures des dimanches de l’année B, Jésus a annoncé à ses disciples qu’ils seraient persécutés : Vous serez détestés de tous à cause de mon nom (Mc 13,13). Ce dont parle Jésus, dant l'extrait de ce dimanche, arrivera après une terrible détresse, après que ses disciples auront été malmenés à cause de son nom. Et ce qui arrivera alors se passera dans le ciel. Jésus annonce ici la déconstruction de ce que Dieu avait créé au quatrième jour de la création (Gn 1,14-19) : le soleil, la lune et les étoiles. Dieu les avait créés pour séparer le jour de la nuit et pour marquer les fêtes, les jours et les années (Gn 1,14). Jésus annonce donc ici la fin de l’histoire telle que nous la connaissons. Les repères dont nous nous servons pour mesurer le temps ne seront plus là. Cela a de quoi nous effrayer. Mais cela peut aussi nous réjouir. En effet, comme le ciel sera vide, plus rien ne fera obstacle à nos yeux pour que nous puissions contempler la venue du Fils de l’homme, Jésus ressuscité.

Jugement ou Bonne Nouvelle ?
     En parlant du bouleversement que connaîtront en ces temps-là le soleil, la lune, les étoiles et les puissances du ciel, Jésus utilise le langage des prophètes de l’Ancien Testament quand ils parlent de la fin des temps. Habituellement, quand ils utilisaient ces images, les prophètes d’autrefois annonçaient un jour de jugement et de châtiment. Jésus, au contraire, annonce la venue d’un événement joyeux : on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire.

     On pourrait craindre que Jésus ressuscité n’utilise alors sa grande puissance et sa grande gloire pour faire violence à ceux et celles qui n’auront pas cru en lui. Ce serait oublier ce que nous rappelle aujourd’hui la Lettre aux Hébreux : Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté (He 10, 14). Quand Jésus reviendra, il emploiera sa grande puissance et sa grande gloire pour rassembler autour de lui ceux et celles qui croient en lui et il leur donnera la plénitude de la sainteté. Il enverra les anges rassembler les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel (Mc 13, 27). Comme l’annonçait le prophète Daniel dans la première lecture : En ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera inscrit dans le livre de Dieu (Dn 12, 1). Voilà une véritable Bonne Nouvelle pour l’Église que nous formons, le nouveau peuple de Dieu dont nous faisons partie, nous dont le Seigneur a écrit le nom sur les paumes de ses mains (voir Is 49,16).

La comparaison du figuier
     Pour nous faire bien comprendre de quoi il parle, Jésus a recours à une comparaison ou, plus littéralement, à une parabole, celle du figuier. Encore une fois, cette allusion au figuier risque de nous faire perdre notre espérance. En effet, au lendemain de son arrivée à Jérusalem, Jésus vit de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; mais, en s’approchant, il ne trouva que des feuilles […]. Alors il dit au figuier : « Que jamais plus personne ne mange de tes fruits ! » (Mc 11, 13-14). Le lendemain matin, en passant, ils virent le figuier qui étaient desséché jusqu’aux racines (Mc 11, 20). Dans ces conditions, il est peu invitant de se laisser instruire par la parabole du figuier.

     Mais ici, Jésus ne se réfère pas au figuier sans fruit qu’il a rencontré sur la route de Jérusalem. Il nous parle plutôt d’un figuier sans feuille : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. « Par opposition à la plupart des arbres de Palestine, le figuier perd ses feuilles l’hiver. Alors que l’amandier fleurit très tôt, le figuier est plus tardif. Mais lorsqu’au printemps son bois se remplit de sève et donne l’impression de devenir tendre, il bourgeonne et ses premières feuilles annoncent la proximité de l’été » (C. Focant, L’Évangile selon Marc, 503).

     Il nous semble parfois que Dieu tarde à tenir les promesses qu’il nous a faites en Jésus son Fils. Mais Dieu agit comme le figuier. Au moment où les autres arbres sont en fleurs, le figuier donne l’impression d’être mort. Mais il ne déçoit pas celui qui attend avec patience. Il en va de même pour Dieu. Il n’a pas oublié de remplir ses promesses. Il n’attend que le moment propice pour faire éclater son jour, pour manifester la gloire et la puissance de son Fils.

Calculer ou espérer ?
     Quand Jésus nous assure comme il le fait aujourd’hui qu’il tiendra parole et qu’il reviendra parmi nous, quand il affirme que cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive, la tentation est grande de sortir nos calendriers et d’essayer de prédire la date et l’heure de sa venue. Pourtant Jésus nous invite à résister à cette tentation. Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père (Mc 13, 32). Si Jésus ressuscité lui-même ne connaît pas le jour et l’heure, qui sommes-nous pour prétendre savoir ?

     Il me semble qu’en nous proposant de nous instruire de la comparaison du figuier, Jésus nous invite non pas à prédire l’avenir mais plutôt à le préparer. Sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte (v. 29). Sachant cela, nous avons à prendre au sérieux notre mission de baptisés : vous serez mes témoins… jusqu’aux extrémités de la terre (Actes 1,8). Par les temps qui courent, nous avons l’impression que notre témoignage n’a plus la force d’autrefois. Nous qui avons déjà envoyé des missionnaires jusqu’aux extrémités de la terre, nous avons besoin de missionnaires chez nous. Comment, dans ces conditions, pouvons-nous témoigner jusqu’aux extrémités de la terre ?

     J’ose proposer une réponse. L’Église que nous formons ne ressemble-t-elle pas au figuier de la parabole que nous propose Jésus aujourd’hui ? Comme le figuier, notre Église semble parfois morte : branches sèches, aucune fleur à l’horizon. Pourtant, au seuil de l’été, les branches du figuier qui semblaient mortes deviennent tendres, et sur l’arbre que l’on croyait sans vie éclatent les bourgeons. Il en sera de même pour nous quand reviendra le Seigneur. Il en sera ainsi dans la mesure où nous resterons fermement plantés dans la bonne terre de l’Évangile. Comme le dit le Psaume : Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il est à ma droite : je suis inébranlable (Ps 15, 8).

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2075. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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L'émerveillement de Jésus