Dans
l'attente de son retour
La venue du Fils de l'homme Marc
13, 24-32
Autres lectures : Daniel
12, 1-3; Psaume
15(16); Hébreux
10, 11-14.18
En lisant les premières lignes de lévangile
de cet avant-dernier dimanche de lannée liturgique,
certains penseront sûrement au réchauffement de la
planète, aux gaz à effet de serre et à laccord
de Kyoto : Le soleil sobscurcira et la lune perdra
son éclat. Les étoiles tomberont du ciel et les puissances
célestes seront ébranlées (Marc
13, 24-25). En projetant ainsi dans le texte de Marc des préoccupations
qui sont celles des hommes et des femmes daujourdhui,
nous risquons de passer à côté de ce que Dieu
veut nous dire. Noublions pas que Jésus parle ici comme
un homme de son temps.
La fin des temps et de lhistoire
Au début du chapitre
13 de lÉvangile de Marc, qui ne fait pas
partie des lectures des dimanches de lannée B, Jésus
a annoncé à ses disciples quils seraient persécutés :
Vous serez détestés de tous à cause de mon
nom (Mc 13,13). Ce dont parle Jésus, dant l'extrait de
ce dimanche, arrivera après une terrible détresse,
après que ses disciples auront été malmenés
à cause de son nom. Et ce qui arrivera alors se passera dans
le ciel. Jésus annonce ici la déconstruction de ce
que Dieu avait créé au quatrième jour de la
création (Gn
1,14-19) : le soleil, la lune et les étoiles. Dieu
les avait créés pour séparer le jour de
la nuit et pour marquer les fêtes, les jours et les années
(Gn 1,14). Jésus annonce donc ici la fin de lhistoire
telle que nous la connaissons. Les repères dont nous nous
servons pour mesurer le temps ne seront plus là. Cela a de
quoi nous effrayer. Mais cela peut aussi nous réjouir. En
effet, comme le ciel sera vide, plus rien ne fera obstacle à
nos yeux pour que nous puissions contempler la venue du Fils de
lhomme, Jésus ressuscité.
Jugement ou Bonne Nouvelle ?
En parlant du bouleversement que connaîtront
en ces temps-là le soleil, la lune, les étoiles et
les puissances du ciel, Jésus utilise le langage des prophètes
de lAncien Testament quand ils parlent de la fin des temps.
Habituellement, quand ils utilisaient ces images, les prophètes
dautrefois annonçaient un jour de jugement et de châtiment.
Jésus, au contraire, annonce la venue dun événement
joyeux : on verra le Fils de lhomme venir sur les
nuées avec grande puissance et grande gloire.
On pourrait craindre que Jésus
ressuscité nutilise alors sa grande puissance et sa
grande gloire pour faire violence à ceux et celles qui nauront
pas cru en lui. Ce serait oublier ce que nous rappelle aujourdhui
la Lettre aux Hébreux : Par son sacrifice unique,
il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui
reçoivent de lui la sainteté (He 10, 14). Quand
Jésus reviendra, il emploiera sa grande puissance et sa grande
gloire pour rassembler autour de lui ceux et celles qui croient
en lui et il leur donnera la plénitude de la sainteté.
Il enverra les anges rassembler les élus des quatre coins
du monde, de lextrémité de la terre à
lextrémité du ciel (Mc 13, 27). Comme lannonçait
le prophète Daniel dans la première lecture :
En ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux
dont le nom se trouvera inscrit dans le livre de Dieu (Dn 12,
1). Voilà une véritable Bonne Nouvelle pour lÉglise
que nous formons, le nouveau peuple de Dieu dont nous faisons partie,
nous dont le Seigneur a écrit le nom sur les paumes de ses
mains (voir Is
49,16).
La comparaison du figuier
Pour nous faire bien comprendre de
quoi il parle, Jésus a recours à une comparaison ou,
plus littéralement, à une parabole, celle du figuier.
Encore une fois, cette allusion au figuier risque de nous faire
perdre notre espérance. En effet, au lendemain de son arrivée
à Jérusalem, Jésus vit de loin un figuier
qui avait des feuilles, il alla voir sil y trouverait quelque
chose ; mais, en sapprochant, il ne trouva que des feuilles
[
]. Alors il dit au figuier : « Que jamais
plus personne ne mange de tes fruits ! » (Mc
11, 13-14). Le lendemain matin, en passant, ils virent le figuier
qui étaient desséché jusquaux racines
(Mc 11, 20). Dans ces conditions, il est peu invitant de se laisser
instruire par la parabole du figuier.
Mais ici, Jésus ne se réfère
pas au figuier sans fruit quil a rencontré sur la route
de Jérusalem. Il nous parle plutôt dun figuier
sans feuille : Dès que ses branches deviennent tendres
et que sortent les feuilles, vous savez que lété
est proche. « Par opposition à la plupart
des arbres de Palestine, le figuier perd ses feuilles lhiver.
Alors que lamandier fleurit très tôt, le figuier
est plus tardif. Mais lorsquau printemps son bois se remplit
de sève et donne limpression de devenir tendre, il
bourgeonne et ses premières feuilles annoncent la proximité
de lété » (C. Focant, LÉvangile
selon Marc, 503).
Il nous semble parfois que Dieu tarde
à tenir les promesses quil nous a faites en Jésus
son Fils. Mais Dieu agit comme le figuier. Au moment où les
autres arbres sont en fleurs, le figuier donne limpression
dêtre mort. Mais il ne déçoit pas celui
qui attend avec patience. Il en va de même pour Dieu. Il na
pas oublié de remplir ses promesses. Il nattend que
le moment propice pour faire éclater son jour, pour manifester
la gloire et la puissance de son Fils.
Calculer ou espérer ?
Quand Jésus nous assure comme
il le fait aujourdhui quil tiendra parole et quil
reviendra parmi nous, quand il affirme que cette génération
ne passera pas avant que tout cela narrive, la tentation
est grande de sortir nos calendriers et dessayer de prédire
la date et lheure de sa venue. Pourtant Jésus nous
invite à résister à cette tentation. Quant
au jour et à lheure, nul ne les connaît, pas
même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais
seulement le Père (Mc 13, 32). Si Jésus ressuscité
lui-même ne connaît pas le jour et lheure, qui
sommes-nous pour prétendre savoir ?
Il me semble quen nous proposant
de nous instruire de la comparaison du figuier, Jésus nous
invite non pas à prédire lavenir mais plutôt
à le préparer. Sachez que le Fils de lhomme
est proche, à votre porte (v. 29). Sachant cela, nous
avons à prendre au sérieux notre mission de baptisés :
vous serez mes témoins
jusquaux extrémités
de la terre (Actes 1,8). Par les temps qui courent, nous avons
limpression que notre témoignage na plus la force
dautrefois. Nous qui avons déjà envoyé
des missionnaires jusquaux extrémités de la
terre, nous avons besoin de missionnaires chez nous. Comment, dans
ces conditions, pouvons-nous témoigner jusquaux extrémités
de la terre ?
Jose proposer une réponse.
LÉglise que nous formons ne ressemble-t-elle pas au
figuier de la parabole que nous propose Jésus aujourdhui ?
Comme le figuier, notre Église semble parfois morte :
branches sèches, aucune fleur à lhorizon. Pourtant,
au seuil de lété, les branches du figuier qui
semblaient mortes deviennent tendres, et sur larbre que lon
croyait sans vie éclatent les bourgeons. Il en sera de même
pour nous quand reviendra le Seigneur. Il en sera ainsi dans la
mesure où nous resterons fermement plantés dans la
bonne terre de lÉvangile. Comme le dit le Psaume :
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ; il
est à ma droite : je suis inébranlable (Ps
15, 8).
Source: Le Feuillet biblique,
no 2075. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins
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