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4e dimanche ordinaire B - 29 janvier 2006
 

L'autorité de Jésus : garantie divine... prolongée!

L'homme tourmenté par un esprit mauvais Marc 1, 21-28
Autres lectures : Deutéronome 18, 15-20; Psaume 94(95) ; 1 Corinthiens 7,32-35


Lors du rassemblement de prière dans sa petite ville du bord du lac, Jésus enseigne à la synagogue. Mais il ne fait pas que redire ce que tout le monde sait depuis longtemps. On était frappé par son enseignement. Le texte grec retentit presque du choc « physique » de ces paroles pétries d'autorité et de nouveauté. La routine est perturbée. Une béance est créée par où Dieu peut s'insérer dans le quotidien.

     Le statut de Jésus se trouve rehaussé de belle façon par ce contact flamboyant. Puisque son enseignement frappe à ce point, Jésus s'avère une source pour l'enseignement : il est reconnu comme une autorité. L`évangile établit ainsi une différence tranchée entre Jésus et les autres enseignants accrédités par le Judaïsme : il enseignait comme un homme qui a autorité, et non comme les scribes qui répètent les propos des autres.

    Ce statut enviable reçoit une confirmation inattendue. L'esprit mauvais qui fuit devant Jésus en dit beaucoup plus. Jésus est venu perdre l'esprit mauvais, car il est en parfaite cohérence avec Dieu. Jésus est saint comme Dieu lui-même. Impossible de sentir davantage son intervention qu'en Jésus!

La signification de la nouveauté
     Devant l'expulsion bruyante de l'esprit mauvais, toutes les personnes présentent cherchent la signification d'une telle déclaration : Qu'est-ce que cela veut dire? On réitère les affirmations sur l'autorité de l'enseignement de Jésus, en ajoutant le qualificatif « nouveau ». Dans une société méditerranéenne fortement typée, où l'idéal est la stabilité de la répétition, seul Dieu peut faire du nouveau. Sur ce point, on entend comme en écho la promesse divine relayée par le prophète : Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau (Ézéchiel 36, 26).

    L'évangile de ce dimanche proclame donc la question de fond que l'Église doit sans cesse mettre de l'avant au bénéfice de l'humanité. Quelle autorité devons-nous accorder à Jésus? Sommes-nous convaincus qu'il est le porte-parole par excellence du projet d'amitié du Père éternel pour l'humanité?

Un précédent dans le Premier Testament
Deutéronome 18, 15-20

...Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prohète comme moi, et vous l'écouterez...

    La préoccupation de la première lecture fait écho à ces explorations de l'évangile au sujet de l'identité profonde de Jésus. Au moment de l'incarnation de Jésus, l'espérance de son peuple imaginait un prophète courageux et tranchant comme Moïse. On reçut encore mieux : Jésus, un porte-parole autorisé qui invite à vivre attachés sans partage au Seigneur Dieu!

    À nos yeux, la déclaration de Moïse lui confère un petit air prétentieux. En réalité, Moïse veut simplement annoncer la continuité et le caractère définitif du prophète des derniers temps... Moïse avait prédit qu'un jour lointain, Dieu ferait surgir au milieu du peuple un porte-parole de statut égal au sien. Non seulement sa présence serait une défense contre le feu de la présence divine, mais en plus il serait assurément un porte-parole fiable, qui ne se laisserait pas distraire par quelqu'autre apparence de divinité que ce soit.

Nous laissons-nous encore étonner?
    Sommes-nous encore frappés par l'enseignement de Jésus? Tant de voix s'élèvent aujourd'hui pour nier ou pour lui voler son originalité et sa pertinence! Ces voix étouffent le caractère unique de son message d'intégration dans la sainteté de Dieu.

    Percutant contraste de l'évangile par rapport à la mollesse de notre écoute! Notre léthargie devant l'autorité de Jésus vient d'une confusion. Dans notre tête (et notre cœur), « autorité » rime trop souvent avec « abus ». Pour dissiper nos hésitations, constatons qu'« autorité » est également proche parent (du moins en français) avec le concept d'« auteur ». Exerce une autorité bienfaisante la personne qui fournit une approche renouvelée de l'existence. Ce sens est bien proche du mot grec qui désigne l'autorité dans le texte original. Jésus est un relanceur de création, une source de nouveauté.

    Jésus n'agit pas avec nous comme un simple répétiteur, une personne qui approfondit ce qui a été généré par d'autres dans le domaine des connaissances ou des comportements. Jésus agit bel et bien comme une source, une sommité, quelqu'un qui apporte du neuf, de l'inédit... L'écouter doit provoquer un changement. Nous voici confrontés à un autre de nos problèmes comme groupe : allons-nous enfin laisser voir dans notre quotidien que nous acceptons l'autorité de Jésus?

D'où quelques questions dérangeantes...
    •Sommes-nous si convaincus que cela de l'autorité de Jésus? Croyons-nous vraiment que Jésus est le dernier mot de Dieu pour nous? Parce que son influence est actuellement plutôt intérieure dans nos cœurs, avons-nous l'impression que la véritable autorité repose désormais du côté des manipulateurs de foule? L'autorité de Jésus est tellement forte qu'elle n'a pas besoin d'écraser pour s'imposer. Après cent générations de croyants, c'est toujours Jésus qui est notre incomparable source de vie. Ce ne sont pas les gourous, les astrologues, les manipulateurs de cristaux.

   •À l'exemple des gens de Galilée, cette terre de religions mélangées où la clarté finit par émerger, acceptons-nous d'être enseignés dans la foi de notre baptême? Allons-nous vers la source pure, la source d'information qui a autorité? Ou bien, sommes-nous devenus des zappeurs spirituels, des gens qui vont et viennent d'une source à l'autre? Acceptons-nous d'être disciples?

    •Sommes-nous logiques dans notre foi, au point d'accepter la présence d'une autorité venue de Jésus, l'autorité de notre Église pour nous guider sur les routes de la foi, sur les routes de la vie? Que pensons-nous des personnes qui enseignent dans l'Église: le pape? notre évêque? les prêtres? ceux et celles qui ont une authentique mission d'enseigner, de former, de faire grandir dans la foi?

    On peut facilement allonger la liste des remises en question engendrées par la présence de Jésus . À notre tour de vivre cette nouveauté d'une autorité aussi bienveillante!

Alain Faucher, ptre, bibliste
Université Laval, Québec

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2042. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

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Se tourner sans cesse vers Jésus