INTERBIBLE
Au son de la cithare
célébrer la paroleintuitionspsaumespsaumespsaumes
off Nouveautés
off Cithare
off Source
off Découverte
off Écritures
off Carrefour
off Caravane
off Scriptorium
off Artisans

 

 
Célébrer la Parole

 

orant
Imprimer
5e dimanche ordinaire B - 5 février 2006
 

Beaucoup, beaucoup de guérisons!

Jésus guérit la belle-mère de Pierre Marc 1, 29-39
Autres lectures : Job 7, 1-4.6-7; Psaume 146(147); 1 Corinthiens 9, 16-19.22-23


L’Évangile de Marc est le plus ancien des quatre évangiles. Il a pour qualité d’être celui qui fut le moins retouché. Cela ne veut pas dire que les trois autres soient moins historiques. Ces derniers nous renvoient simplement à des communautés qui ont approfondi leur réflexion sur la vie et les actions posées par Jésus. Le deuxième évangile (Matthieu étant le premier dans nos bibles) est fortement marqué par Pierre, le chef des apôtres. Il nous est présenté comme témoin oculaire des faits relatés dans un langage simple et direct.

Un fait divers qui s’amplifie
    Une belle-mère malade, une épouse mal en point, des enfants fiévreux ce sont des faits du quotidien qui ont lieu dans toutes les familles ordinaires. Des faits divers quoi! La plupart du temps ces situations demeurent confidentielles. C’est quand les choses s’aggravent qu’elles prennent le chemin de la nouvelle à répandre. L’effet de contagion nous laisse supposer que c’est cela qui s’est produit lors de la guérison de la femme. La chose s’est ébruitée; c’est pourquoi toute la ville se rassemble près de la porte (Marc 1, 33). C’est qu’il y a, dans ce miracle d’une des leurs, le germe d’un espoir pour les gens de Capharnaüm.

Des souffrances étalées au grand jour
     Si la belle-mère du pêcheur Pierre est guérie par ce Jésus dont il est le disciple, pourquoi ne guérirait-il pas nos malades à nous, disent ses concitoyens? Remarquons que ce raisonnement est tout à fait légitime. Des souffrances semblables devaient aussi se vivre dans leurs maisons. En posant ce geste de guérison au sein de la famille de l’apôtre, Jésus se révèle proche des personnes et des populations de sa région. Le fait divers devient, par sa compassion, la Bonne Nouvelle d’une présence guérisseuse au cœur de la cité.

Un sommaire réussi et complet
    La mention de tous les malades et de toute la ville et de beaucoup de gens nous montre clairement que nous sommes en train de lire un « sommaire » de l’activité de Jésus au milieu des siens. Il s’agit là d’une image globale, d’un raccourci qui vient généraliser les effets guérisseurs du passage du Christ. Guérison des corps et des âmes : Jésus guérit de nombreux malades et chassa beaucoup de démons (v. 34). Cette foule est donc là pour accueillir un miracle; plus tard selle se questionnera sur sa personne. Pour le moment, les démons, eux, savent (v. 34).

La suite des choses pour les apôtres
     Donc ce bref récit est typique. Il nous instruit sur les principales activités de cet étrange Galiléen tout au cours de sa vie publique : Il prie son Père (v. 35), il prêche l’Évangile (v. 38), il chasse les démons (v. 39), il guérit toutes maladies (vv. 40-45). Aussi, les disciples veulent le rendre à la foule qui ne cesse de le chercher pour qu’il accède à leurs suppliques. Le succès est là à portée de main. Il ne faut pas manquer cette occasion unique de montrer aux juifs qui est cet homme extraordinaire, et un des leurs par surcroît. Mais Jésus sait que sa véritable mission est ailleurs. C’est pourquoi l’ordre d’aller vers les villages voisins (v. 38) et toute la Galilée (v. 39) laisse entrevoir l’avènement d’un Royaume qui ne finira plus de grandir.

Notre vie n’est qu’un souffle
Job 7, 1-4.6-7
...Souviens-toi, Seigneur : ma vie n'est qu'un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur...

     Dans le texte tiré du livre de Job, il est question aussi de souffrance mais d’une souffrance qui ne bénéficie pas du passage du guérisseur Jésus. Il s’agit d’une souffrance marquée par le destin. Même si le texte nous présente un Job indigné d'être une victime innocente, il confie cependant sa souffrance au Seigneur (Jb 7, 7). Il y a, si l’on peut dire, comme un faible rayon d’espérance qui tente de se faire jour au cœur de ces nuits de souffrance (v. 3). Jésus, en son temps, viendra rendre ces souffrances supportables en leur donnant un sens, sans toutefois les rendre compréhensibles, car la maladie, la mort, le mal fait surtout aux innocents ne supportent aucune explication simple. Ces réalités humaines restent et resteront un mystère irrésolu ici-bas. Devant elles, seule la foi en Jésus peut être considérée comme l’attitude la plus réconfortante : par ses blessures nous sommes guéris, dira le prophète (Isaïe 53, 5).

Des explications de cendre et d’argile
    L’auteur du livre de Job attaque les explications trop faciles des Sages qui identifient la cause du mal et de la maladie aux péchés du souffrant ou de ceux des ancêtres. Il les qualifie comme étant des sentences de cendre et des réponses d’argile (Job 13, 12). Il traite de charlatans et de médecins de fantaisie (Jb 13, 4) ceux qui exploitent la naïveté des personnes atteintes par le mal. Ces qualificatifs pourraient fort bien s’appliquer à tous ces mystificateurs qui profitent du malheur des autres pour se faire du capital en argent ou en notoriété. Ils causent de faux espoirs et créent des illusions qui, une fois trahies, jettent les malades dans une angoisse encore plus grande.

L’urgence de l’annonce de l’Évangile
1 Corinthiens 9, 16-19.22-23
...Si j'annonce l'Évangile, je n'ai pas à en tirer orgueil, c'est une nécessité qui s'impose à moi; malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile!...

    L’annonce de l’Évangile, plus que les guérisons, est une urgence pour Jésus. Paul, l’Apôtre, en a aussi fait une nécessité qui s’impose (1 Corinthiens 9, 16). Si, comme son Maître, il partage la faiblesse des plus faibles pour gagner aussi les faibles (v. 22), il veut surtout, leur apporter le bienfait du salut accompli par Jésus. Il est d’abord et avant tout un évangélisateur. Il n’a pas le choix, pas plus que nous. C’est là le premier rôle des chrétiens : répandre la Bonne Nouvelle de Jésus Christ.

Un sens pour l’aujourd’hui de nos vies
    Tout ce que nous avons dit à propos de la souffrance physique peut aussi s’appliquer à la souffrance morale ainsi qu’à toute sorte de désespérances. Souvent notre récompense se trouve au cœur même de nos souffrances terrestres. La femme en train d’accoucher ne dit pas qu’elle sera heureuse dans quelques heures. Non ! Mais parce que bientôt elle tiendra son nouveau-né contre son sein, sa souffrance en est toute transformée. Job et les contemporains de Jésus ne pouvaient supporter la souffrance qu'en mettant leur foi et leur expérience en un Dieu ami des humains. Il en est de même pour nous. Même si nous ne cheminons pas dans la claire vision (cf. 2 Co 5, 7), nous nous appuyons sur la révélation, apportée par le Fils, de la vie en plénitude qui est l'horizon de notre pèlerinage terrestre.

Ghislaine Salvail, SJSH, bibliste
Saint-Hyacinthe

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2043. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

Chronique précédente :
L'autorité de Jésus : garantie divine... prolongée!