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12e dimanche ordinaire B - 25 juin 2006

 

Jésus, à l'égal de Dieu

La tempête apaisée Marc 4, 35-41
Autres lectures : Job 38, 1.8-11; Psaume 106 (107); 2 Corinthiens 5, 14-17


Le miracle de la tempête apaisée, que peut-on en penser? Est-ce une dérogation aux lois du cosmos? Pour la pensée scientifique, ce qu'on désigne comme miraculeux est facilement contestable. Que la mer agitée devienne calme, peut être uniquement une question de coïncidence, d'un changement météorologique brusque. Pour tel autre miracle fait par un thaumaturge, on dira que la science ne peut encore expliquer le phénomène. La pensée moderne éprouve donc des difficultés à accepter le miracle. Et si cette pensée était victime d'un malentendu, car le caractère miraculeux vient des circonstances et des réactions des témoins. C'est d'abord un signe que Dieu fait à quelqu'un, un signe perçu par la foi. Le regard croyant observe un fait visible, tangible et perçoit simultanément une signification religieuse, une interprétation qui relève de la foi. L'intérêt réel réside dans la portée théologique du récit. Une question à se poser ne serait-elle pas de savoir pourquoi l'évangéliste nous raconte ce récit?

Le monde qui fait peur
   Pour l'homme biblique, la mer est un monde hostile, un lieu agressif, dangereux. Le marin n'a pas de prise sur elle, surtout qu'on ne peut considérer les Hébreux comme un peuple marin, alors que c'est le cas chez les Phéniciens, à l'époque, ou les Vikings, des siècles plus tard. Pour les Juifs pieux, affronter la mer, c'est tenter le Diable et réveiller toutes les forces maléfiques qui y habitent. La tempête sur la mer déclenche évidemment l'effroi et la panique chez les disciples de Jésus.

    Qu'en est-il aujourd'hui? Le 21e siècle a très tôt plongé dans la peur du terrorisme. Les catastrophes naturelles ébranlent. Le chômage pointe souvent à l'horizon tant pour les professionnels que pour les artisans et les ouvriers. La pauvreté augmente, de nouvelles maladies surgissent. En somme, la peur enveloppe la vie de nombreuses personnes, cette vie alourdie de tant de drames et d'inquiétudes, de détresses et d'injustices!

Une parole d'autorité,
prononcée avec assurance

     Après avoir quitté le sommeil, le premier geste de Jésus est d'apaiser la tempête. Sa parole en est une de puissance sur les forces cosmiques - ici des forces de mort -qui obéissent à son ordre; en Marc 3,15, ce sont des forces impures - les esprits - qui se soumettent. Cette parole pleine d'assurance, grâce à la confiance envers son Père, manifeste que Jésus est Maître de la mer, à l'égal de Dieu. Vainqueur du Mal et du péché, il est capable de détruire les forces qui concourent à perdre le cœur humain. Déjà, on voit s'esquisser la victoire sur la mort et le péché, à l'heure de la passion et de la résurrection. Le pouvoir de Jésus sur la mer annonce la puissance du Seigneur ressuscité.

Un dialogue instructif
    Un dialogue intéressant s'engage entre les disciples et Jésus. Les apôtres dans la barque, représentant symboliquement l'Église, sont réellement secoués et menacés par la tempête; ils affrontent le péril, la mort, d'où une peur justifiée. Mais, en même temps, ils font apparaître leur méconnaissance de Jésus qui demeure serein dans le danger, confiant dans le Père : Comment se fait-il que vous n'ayez pas la foi? (v. 40). Ces hommes choisis par le Maître ont un long mûrissement à réussir, une lente transformation à opérer pour devenir, chacun, une créature nouvelle, comme l'exprime l'apôtre Paul (2 Corinthiens 5, 17). La grâce pascale les changera... Le Ressuscité les rendra audacieux dans la foi et le témoignage.

Qui est Jésus?
   Pour l'heure, admiratifs, les apôtres restent avec une question brûlante : Qui est-il donc, pour que même le vent et la mer lui obéissent? (v. 41; aussi, 1, 27). Ils ne comprennent pas la puissance créatrice de Jésus, chez qui la force de la condition divine s'estompe dans l'humilité de la faiblesse humaine (cf. l'hymne aux Philippiens 2,6-11).

    Le chemin des témoins-apôtres au sein d'une communauté qui prend corps ne peut que ressembler à celui du Maître. Donneurs de vie n'ont-ils pas la certitude de la présence quotidienne du Seigneur qui soutient leur confiance et affermit leur espérance? Chemin d'hier à l'aube du christianisme et chemin d'aujourd'hui dans un monde sécularisé et si assoiffé de bonheur et d'espérance!

Dieu, à l'œuvre dans la création
Job 38, 1, 8-11
     La fin du livre de Job présente un long discours de Dieu. On peut parler d'un procès fait à Job qui s'est montré prétentieux, porté à juger Dieu à l'aune de sa sagesse humaine limitée. On entend au verset 2, du chapitre 38, la réponse de Dieu à Job : Qui est celui qui dénigre la providence par des discours insensés? Au chapitre 40, Job répondra : Je ne fais pas le poids, que te répliquerai-je? Je mets la main sur ma bouche (v. 3).

Dieu, le souverain de la mer
    N'attendons donc pas un récit scientifique dans l'extrait choisi, mais constatons-en la poésie, sa présentation vivante avec ses portes et verrous. Je lui dis : 'Tu viendras jusqu'ici! tu n'iras pas plus loin, ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots!'

    Dieu est à l'œuvre dès la fondation du monde. Le Premier Testament voit dans la création la première des interventions de Dieu dans l'histoire des peuples. Il connaît les secrets de la mer et peut gérer son abîme, sa masse infinie et incontrôlable. Son action peut être spontanée et efficace, telle qu'elle apparaît dans le récit évangélique.

    Face à la puissance menaçante de la mer, malgré l'angoisse et la mort qu'elle provoque, l'être humain, sachant que son origine et son identité lui viennent d'un Autre, qui peut disposer de sa vie, saura reconnaître l'infinie puissance du Créateur, sa sagesse et son amour. Il saura s'en remettre à Dieu dans la foi et l'accueil. Dans les tempêtes qui agitent le cœur de tout homme, la vie de toute femme, dans les difficultés relationnelles, dans les différends et les conflits communautaires, le croyant se tourne vers Dieu, crie sa détresse en reprenant, dans la Bible, tout le Psaume 107(106), pour louer dans la joie Celui en qui l'on se confie.

Un monde nouveau est déjà né
2 Corinthiens 5, 14-17
     De la tempête apaisée sur le lac de Tibériade à la tempête de la mort du péché sur la croix, le croyant, en Jésus Christ, n'est-il pas transporté dans une vie nouvelle? La force du salut donnée et accueillie par celui et celle qui croit, ne rendelle pas possible de quitter une vie trop facilement centrée sur soi, pour fonder son identité et sa vie en Christ? Voilà l'étonnante dignité et grandeur du croyant!

Julienne Côté, CND, bibliste

 

Source: Le Feuillet biblique, no 2063. Toute reproduction de ce commentaire, à des fins autres que personnelles, est interdite sans l'autorisation du Centre biblique de Montréal.

 

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